Maman, chaque jour tu disparais un peu plus
Chaque jour, ton cerveau rétrécit
Et le monde pour toi n’est plus qu’un théâtre d’ombres.
La somme de tes peurs hante mes jours et mes nuits.
Comment pourrais-je t’aider ?
Comment même essayer d’écrire ce que je ressens ?
Tu te perds dans la maison et tu te perds dans ta tête.
Un jour prochain tu ne connaîtras plus mon nom.
En quelques mois ton état s’est terriblement dégradé.
J’étais revenu pour te retrouver et à mon tour je me perds.
Souvent, tu restes là, triste et désemparée,
Tu connais l’inéluctabilité de ton destin...
Sinistre compte à rebours :
Demain peut-être ?
Et tu commences à chercher tes mots
Et tu sens le vide sous tes pieds.
Le sentiment de chute est la pire des terreurs
Et cette araignée qui tisse sa toile dans ta tête
Dévorant chaque jour plus de neurones
Et se régalant avec ton âme...
Et la société s’en fout,
Tu n’as que soixante ans,
Elle est belle, la vie !
Mais pas pour toi, pas pour nous.
Maman, ne pars pas trop vite.
On a encore tant à vivre.
(2 novembre 2005)
4 commentaires:
C'est si juste, et tellement poignant que même le filtre de l'écriture n'arrive pas à transcender l'inéluctable, l'implacable évolution de la maladie...
Comment ne pas se sentir désemparé ?
Courage !
C'est très émouvant, et je comprends que par delà les les mots, il y a une profonde tristesse et une immense souffrance de ta part... C'est bien légitime, alors qu'ajouter à tout cela, si ce n'est : courage...
Commentaire de Gérard :
"Cher Jean-François,
De passage au CDI, je te fais juste ce petit mot pour te souhaiter
un bon week-end de 11 novembre,
et te dire que j'apprécie bien les textes de ton blog, en
particulier celui sur le 11 novembre, précisément, et le poème très
bouleversant offert à ta mère.
Bien à toi."
Commentaire de Fred Thé :
"J'ai bien aimé ton texte sur ta mère et aussi celui sur le blues corse."
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