Tout d'abord, merci à toutes et tous pour vos messages de soutien, de réconfort, de tristesse... J'ai essayé de répondre à tout le monde, individuellement, comme il se doit. Je présente d'avance mes excuses si j'ai oublié quelqu'un.
Un ami me demandait l'autre jour s'il pouvait quelque chose pour moi... Je lui ai dit : ne changez rien... Continuons à parler ciné, musique, politique, et tout et n'importe quoi... Ma mère n'aurait pas aimé qu'on se lamente trop longtemps, elle qui n'a pas souvent manqué au boulot. Pour ma part, en ce dimanche où la neige ne cesse de tomber, j'ai voulu écrire quelques mots pour essayer de parler un peu d'elle... C'est vrai, je vous ai demandé d'avoir une pensée pour elle. Pour celles et ceux qui la connaissaient, c'est chose assez aisée. Pour les autres... Voici ce petit texte biographique...
Ma mère, Anne-Marie Pérès, née Salens, fille de Jean-Marie Salens et Anne Monin (d'où son prénom Anne + Marie), est justement née à Rabat (Maroc, alors protectorat français) dans la nuit du 9 au 10 avril 1944. Mon grand-père et ma grand-mère avaient fui la France vichyste et mon grand-père fit partie des troupes qui remontèrent l'Italie et affrontèrent les Allemands à Monte Cassino.
Mon grand-père Salens était d'origine nordiste, flamande francophone. Il a eu trois frères et soeurs, Michel (devenu moine missionnaire notamment en Chine et à Madagascar), Anna (soeur de la Sagesse) et Tante Ninette (toujours vivante mais je ne me souviens pas de son prénom, la seule à avoir gardé l'accent ch'ti). Ma grand-mère Anne, pur jus lyonnais (avec une pincée de sang anglais voire tchèque dans les lointaines générations), avait une soeur, Madeleine, toujours vivante, devenue la marraine de ma mère. Ma mère a eu trois soeurs, Monique, Bernadette, Geneviève. Et aussi deux frères, morts en bas-âge (c'était courant en ce temps là).
Mes grands-parents maternels étaient profs, coopérants. Ma mère a passé son enfance entre Algérie, Indochine, Antilles et sautant d'un paquebot à l'autre, puis la région lyonnaise et enfin Menton où mes grands-parents avaient choisi de passer leur retraite. Ma mère était en classe préparatoire littéraire au lycée Masséna de Nice, où elle a rencontré mon père (pur Niçois avec un père corse et un grand-père maternel catalan) qui a prétendu être meilleur qu'elle en grec ancien pour lui donner des conseils... Les vieilles ficelles marchent toujours !!
Premier voyage de mes parents, pas même fiancés... La Corse, plus particulièrement le Cap, plus particulièrement Roglianu et le couvent franciscain (le voyage était organisé par la paroisse). Mes parents se sont fiancés au couvent Saint-François de Nice [Saint François a toujours inspiré mes parents et est à l'origine de mon prénom, additionné de Jean pour faire plus long "prénom à trois syllabes pour nom à deux syllabes"] puis mariés à Notre-Dame de Laghet. Le curé qui les a mariés, l'abbé Lanzat, décédé récemment, baptisa plus tard ma soeur et moi-même.
Fin des études supérieures de mes parents à Paris. Je suis pour ma part né à La Hay les Roses un certain 22 mars 1970, deux ans jour pour jour après le début des événements de Mai 1968, dont mes parents gardèrent toute leur vie la mémoire... Ah... les charges de CRS et les infos suivies sur RTL et Europe 1...
Nous avons débarqué par le hasard des mutations à Moulins-sur-Allier en 1971. Les premières années, mes parents souhaitaient partir, se rapprocher du Sud, voire aller aux Antilles. Finalement, notamment après la naissance de ma soeur Nathalie le 23 mars 1977 (on a sept ans, une journée, quatre heures et trente minutes d'écart), mes parents sont restés en terre bourbonnaise. Ils appréciaient la région, sa tranquillité, la proximité de Paris qu'ils ont toujours aimé...
L'été 1980, une grande date dans ma vie, je suis parti avec mes parents trois semaines en Grèce, naissance de ma passion pour l'archéologie, coup de foudre pour un pays et une langue et une culture...
Lister toutes les régions visitées grâce à mes parents serait fastidieux... En tout cas, ils ont communiqué à ma soeur et moi-même le virus de la curiosité atistique, culturelle, historique (et égalemengt gastronomique !)... Allez, je cite quand même... au hasard... le Périgord, l'Alsace, la Corse (of course !!), la Bretagne, la Savoie...
Et puis, bien sûr, tous nos étés à L'Escarène, le village de mon père, dans l'arrière-pays niçois...
Plus tard, mes parents ont fait quelques pays d'Europe et de Méditerranée... Italie, Espagne, Irlande, Maroc, Tunisie, Sicile... Et les escales en Corse pour me voir et en Allemagne pour voir ma soeur...
La maladie d'Alzheimer a été déclarée officiellement chez ma mère début décembre 2001. La suite, je veux pas en parler. J'en ai suffisamment parlé sur ce blog.
Je voulais juste vous parler un petit peu de ma mère, "avant", ma mère qui repose désormais au cimetière de L'Escarène.
Elle était professeur de Lettres classiques au Lycée de Jeunes Filles de Moulins, devenu Collège Anne de Beaujeu à la fin des Années 1980. Je l'ai eue comme prof de français en 6ème puis comme prof de grec en 4ème/3ème... Elle était rigoureuse, elle m'a laissé le goût du travail bien fait... Elle m'a fait découvrir, avec mon père, la lecture. Elle m'a communiqué sa passion du théâtre et de la langue française, qu'elle et mon père ont toujours partagé. Elle aimait aussi le cinéma, notamment les comédies ou les films sentimentaux... J'ai le souvenir de "Simples Secrets" avec Di Caprio, Meryl Streep, Diane Keaton, un film évoquant une maladie longue et douloureuse... un film prémonitoire ? Elle adorait la musique, elle avait des goûts très éclectiques, de La Compagnie Créole à "Carmen" en passant par les chansons irlandaises ou corses...
Il y aurait tant et tant à écrire...
Elle est partie.
J'espère qu'elle repose en paix, près du Père, pas trop loin de Molière et de La Fontaine.
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