jeudi 28 septembre 2017

Elle est là...

Certains jours, je crois qu'elle est partie. Je suis victime alors de crises d'enthousiasme, je me sens mieux et je me dis que le pire est derrière moi. Tout semble aller bien jusqu'à ce que... A un moment ou à un autre, ça se grippe et je replonge. Je replonge encore et toujours et j'ai chaque fois l'impression de plonger plus profondément. Je ne sais pas quoi faire, je me sens désemparé, tétanisé. Et, maintenant, depuis une semaine, sont réapparues les crises d'angoisse. Je ne les souhaite à personne. Je me sens alors totalement perdu, le ventre noué, la gorge serrée. La seule chose qui me soulage alors est d'avaler des litres de flotte... Le psy me dit que je fais ça pour combler un vide. La belle affaire. Je m'en doutais bien un peu. Un infirmier, lors de mon séjour en hôpital "spécialisé" en 2008, m'avait dit la même chose à propos de la bière, expliquant que l'expression "biberonner" prenait tout son sens. Je serais un petit bébé perdu qui fait son caprice. Certes. Mais que faire face à ces crises d'angoisse ? Et le psy refuse catégoriquement que je prenne un anxyolitique. Il est contre. Pourtant, pour en avoir pris par le passé, je crois que ça soulage. Mais, bon, ce serait un médicament de plus. Je suis déjà à cinq médicaments différents par jour depuis un peu plus d'un an, depuis ma "grosse crise" de janvier 2016 sur mon lieu de travail. Je ne sais que penser de tout ça. J'ai peur de sombrer dans la folie. Et je déteste le rite hebdomadaire, quand je dois remplir mon semainier des petites pilules de différentes couleurs : ça ne me rappelle que trop que je suis "malade". Je déteste ce mot, je déteste ce statut. Je veux guérir !

Certains jours, je crois qu'elle est partie. Je respire. De toute façon, la plupart des gens de mon entourage ne savent pas que je suis malade. Ils savent bien que je "consulte" ou que j'ai consulté mais sans plus. Je fais semblant. J'arrive encore à faire semblant. De même que j'arrivais à faire semblant à l'époque où j'étais alcoolo, je réservais mes ivresses à moi-même et la plupart des gens de mon entourage me voyaient toujours sobre. J'allais écrire "sombre". Sobre et sombre... Etonnant lapsus. Oh ! Non ! Plus ce langage des psys. Parfois, je me dis que je devrais arrêter les médicaments mais je me souviens ce que j'étais avant, totalement parano, toujours en colère, avec des hauts et des bas vertigineux. Je dois poursuivre mon traitement. D'ailleurs, ce n'est pas lui qui est responsable de ma maladie. Il est juste là comme pansement, un pansement plus ou moins efficace. On dira plus que moins.

Certains jours, je crois qu'elle est partie. Je voudrais tellement me réjouir et pouvoir proclamer à la face du monde : je suis guéri. Etre enfin normal, comme tout le monde quoi. Avoir une petite vie tranquille et ne plus être à la merci de cette saloperie de maladie indéfinissable mais en même temps tellement réelle.

Certains jours, je crois qu'elle est partie. Mais elle est toujours là, fidèle au poste : la dépression.

mercredi 13 septembre 2017

Le retour de la revanche de la mission

Bonjour à toutes et tous !

Après plusieurs mois de silence virtuel, me voici de retour sur le net... Alors, quoi de neuf, doc ?... Bof... bof... Bon, ça commence bien ! Comment résumer tout ça ? Dans mon dernier "post", j'étais en train de dévorer "Le Seigneur des Anneaux" après avoir lu tout "Harry Potter" en moins d'un mois... Depuis, côté lectures, je me suis progressivement calmé. En juillet/août, j'ai lu "Le Royaume" d'Emmanuel Carrère, un livre un peu bizarre, agréable à lire mais un peu déséquilibré dans son propos. J'avoue que, un mois et demi après, je peine à pouvoir le résumer. Je peux juste en conseiller la lecture aux croyants et aux agnostiques. Les athées, eux, devraient s'ennuyer ferme ! En août, j'ai lu ou plutôt j'ai redécouvert "Fantômas" de Pierre Souvestre & Marcel Allain (dont la "saga" avec Louis De Funès et Jean Marais n'est que très vaguement inspirée même si je l'apprécie par ailleurs). Un roman policier assez grand-guignol par moments, pas déplaisant à lire et qui donne envie de lire la suite et ça tombe bien car je me suis déniché une bonne partie de l'intégrale chez mon bouquiniste préféré. J'ai également lu des romans tirés de la saga Indiana Jones. Ils sont distrayants et riches voire excessifs en rebondissements. Une lecture de vacances, quoi !

Mais, ces dernières semaines, difficile de retrouver le goût et surtout l'envie de lire. A part pour une lecture bien particulière. J'ai décidé de lire les Evangiles. Vous n'êtes pas sans savoir que je suis "catholique semi pratiquant". J'écoute donc à chaque messe la lecture d'un extrait d'Evangile et ce depuis des années. Par ailleurs, je collectionne les Bibles (une passion parfois coûteuse et surtout très envahissante !). J'ai donc un contact régulier avec les Evangiles. Mais jamais in extenso et jamais sans l'appui de moult notes, ces fameuses notes de bas de page qui font qu'on a une lecture très décousue. Ce qui est vrai des Evangiles est vrai d'autres ouvrages "classiques" : on les a dans sa bibliothèque, on les feuillette éventuellement et, finalement, on ne les lit jamais vraiment. Alors, là, j'ai décidé de les lire, non pas comme un roman, car ils restent des ouvrages particuliers, notamment quand on est croyant, mais en entier, sans courir après des notes diverses et variées. J'ai commencé par l'Evangile de Marc. Normal, c'est le plus court, le plus "brut" aussi, sans fioritures, un style vivant et concis, qui va à l'essentiel. J'ai ensuite enchaîné avec l'Evangile de Luc, l'Evangile d'un "historien" (au sens antique du terme), qui a fait son enquête et interrogé les témoins, l'Evangile qui insiste sur la notion de miséricorde divine et qui contient de si belles paraboles dont notamment celle du fils prodigue qui a tellement inspiré l'histoire des arts ou encore la parabole du bon samaritain. J'en suis maintenant à l'Evangile de Matthieu, le plus long, celui qui fut longtemps "l'Evangile officiel de l'Eglise catholique". Je le redécouvre avec joie, replaçant les extraits que je connaissais de longue date dans leur contexte. Et je garde - je ne sais si c'est "le meilleur", c'est en tout cas le plus compliqué à lire - pour la fin : l'Evangile de Jean, celui que j'ai toujours eu peur de lire, parce que j'ai peur de m'y perdre et de ne pas tout comprendre...

Voilà pour mes lectures. Parallèlement, j'essaie de me tenir, tant que j'ai le temps (ou que je le trouve) à la pratique a minima de la liturgie des heures. Qu'est-ce donc ? Il s'agit de pratiquer à plusieurs heures de la journée la lecture de psaumes, d'un court extrait d'un livre de la Bible et de prières et hymnes. Depuis plusieurs années, je pratique "complies" (à l'heure du coucher). J'avais il y a deux ans environ et pendant près d'un an pratiqué la quasi intégralité des heures et j'essaie de nouveau de les pratiquer : laudes (le matin), milieu du jour (au milieu... logique... enfin surtout quand j'ai le temps avant ou après le boulot, je ne vais pas prier sur mon lieu de travail, ce serait plus que très déplacé), vêpres (en fin de journée) et donc complies (le soir). Voilà. Je ne sais pas pourquoi j'en parle. J'ai peur de passer pour un fou, une espèce d'intégriste fanatique, surtout en cette époque de "radicalisations". Non. C'est juste parce que, ne sachant pas prier par moi-même, j'utilise les psaumes qui sont un recueil de prières particulièrement riche et varié. On y trouve tous types de prières : les louanges, les grâces, les remerciements, les demandes, les plaintes, la colère et même le désespoir le plus noir qui, je l'avoue, m'accompagne un peu trop souvent depuis bientôt un an. Il y a quand même un psaume (le 87 pour les catholiques, 88 pour les juifs et les protestants... "Eh oui, comme disait ma mère, ils ne sont même pas arrivés à s'entendre pour la numérotation des psaumes !"... pas faux !) qui s'achève ainsi : "Tu éloignes de moi amis et familiers, ma compagne c'est la ténèbre"... Et les versets qui précèdent sont du même genre... J'avoue que la lecture hebdomadaire de ce psaume m'aide particulièrement à traverser ma dépression... 

A propos de dépression, on y vient un peu... J'imagine déjà la réaction des quelques d'entre vous qui auront lu ce "post" jusqu'ici, non rebutés par des histoires de lectures d'été, d'Evangiles et de liturgie des heures... "Non ! Il va encore nous parler de sa dépression ! Je croyais que c'était fini, tout ça !" Moi aussi, croyez le bien ! Mais, comme la mauvaise herbe, elle repousse vite, ma dépression... Depuis quelques semaines, je me sens partagé entre un sentiment de lassitude permanente et de fatigue qui ne se résorbe pas. C'est fort désagréable, croyez moi. J'arrive à n'avoir plus le goût pour rien. Alors, heureusement, j'arrive à "jouer le jeu" quand je suis au travail (heureusement j'ai des collègues et des élèves sympathiques) mais dès que je suis seul "je me laisse aller". Je peux passer des heures à ne rien faire. Je dors beaucoup. J'ai l'impression d'avoir de plus en plus besoin de sommeil. Peut-être est-ce dû en partie à mon nouveau traitement. J'ai un psy qui jongle avec mes médicaments et un peu avec moi, parfois, j'en ai bien l'impression. Je "rassure" (ou pas) mes lecteurs : je ne prends pas d'anxyiolitiques. Non, mais j'ai plusieurs "molécules" que le psy m'a prescrites pour essayer de combattre ma dépression et "me redonner envie d'avoir envie" (on dirait un mauvais slogan électoral voire une chanson de notre Johnny national !). J'ai parfois l'impression d'être un cobaye, le "patient zéro" qui teste les nouvelles combinaisons...

Bref, je n'ai pas plus que ça envie de parler de ma dépression car elle me fatigue assez comme ça. Elle m'aura - et c'est la seule chose positive que je vois dans cet état d'être - appris l'humilité et combien tout est vanité. Tout n'est que vent comme disait l'Ecclésiaste (ou Qohéleth dans les nouvelles Bibles... comme ce mot est vilain !)... Une référence biblique dont je conseille la lecture à tous, athées, croyants, agnostiques, d'autant que c'est un petit livre fort court.

A part ça... Je n'ai pas regardé de film depuis deux mois, pas même en DVD. J'avoue ne pas arriver à rester plus d'une heure de rang devant le téléviseur... Je m'ennuie, je ne tiens pas en place. Je ne suis pas non plus allé au cinéma. Je n'écoute plus de musique sinon parfois à fond dans ma voiture quand je vais à Moulins voir mon père... Bref, en ce moment, côté multimédias, je file un mauvais coton... A une époque où on est baigné constamment de musique à fond, d'images dans tous les sens, m'imaginer en train de lire l'Evangile de Jean les volets fermés tandis que dehors le vent souffle... Sympathique description, non ?! Hein, ça donne envie !

Quand je pense à ma dépression, je me dégoûte un peu et je me dis que je me plains la bouche pleine. Mais croyez moi, j'en suis bien conscient et je me le répète souvent. Mais ça n'empêche pas que cet état dépressif continue son chemin, tranquillement, sournoisement. Heureusement, j'ai des moments de répit. J'en ai eu au cours de l'été, lors d'escapades avec ma compagne, dans le Sud Bretagne et en Lozère, ou quand j'ai eu la joie de revoir ma soeur, mon beau-frère et mes adorables neveux, ou également quand j'ai revu ma tante et son compagnon, pas vus depuis neuf ans... La famille a du bon...

J'espère que ce courrier vous trouvera en grande forme. Si tel n'est pas le cas, j'en suis vraiment désolé. Nous pourrons (re) former ensemble le "Sergent Pepper's lonely hearts club band" ou toute autre associations des déprimés du dimanche et des autres jours aussi.

Portez vous bien et bonjour chez vous.