lundi 30 janvier 2006

Notes de concerts...

Avant tout, quelques news du moment... Ce week-end fut le dernier à Deux Chaises, l'occasion de revoir des DVD, "Titanic" (avec des bonus très intéressants et des scènes coupées étonnantes !), "Furyo" (bonjour aux Laurent parmi vous !!), "Beaucoup de Bruit pour Rien" (avec "Les Fourberies de Scapin", la meilleure adaptation cinéma d'une pièce de théâtre) et "Les Uns et les Autres" (vaste fresque de Lelouch que j'avais découvert quand j'avais dix ans...). L'occasion de lire une superbe pièce d'Anouilh, "Le Rendez-Vous de Senlis", cruelle à souhait, pièce prêtée par Philippe : il nous a prêté, à Samantha et à moi, quelques pièces à lire pour esayer de trouver la prochaine pièce que montera La Nouvelle Rampe. D'ailleurs, demain soir, on se retrouve à la fameuse salle des répétitions pour l'assemblée générale de la troupe... la première fois qu'on se revoit tous depuis les représentations, même si j'ai croisé quasiment tout le monde et gardé contact plus étroit avec Samantha, Laurent, Philippe et Françoise. Je suis content de tous les revoir et de me dire que l'aventure est repartie, d'une façon ou d'une autre. Parallèlement, au collège, je continue à travailler avec les élèves de 6ème et de 4ème sur des extraits de pièces... Bref, le théâtre est toujours bel et bien présent dans ma vie... Ces dernières semaines furent un peu désordonnées, marquées par deux énormes virées comme je n'en avais pas vécues depuis des années, et des moments d'inquiétude face à l'aggravation de la maladie de ma mère. Hélas, c'est la vie... That's Life, comme dirait l'autre... une belle chanson de Sinatra, d'ailleurs !! Mais venons-en au sujet de cet article... Deux concerts auxquels j'ai assisté cet automne...
Avec un retard énorme et inqualifiable (normal sur le blog d'un Inqualifiable Associé !!), voici enfin mes notes sur deux concerts formidables auxquels j'ai assisté cet automne... PINK MARTINI, au théâtre de Moulins le 20 octobre, et MOBY au Zénith d'Auvergne à Clermont-Fd le 19 novembre... Après le concert de Pink Martini, j'ai pas eu accès au net pendant quelques jours puis d'autres choses sont arrivées. Après le concert de Moby, même dilettantisme : j'écrirai mon compte-rendu demain... tiens, je ferai finalement un seul article pour les deux spectacles... Puis ce fut le temps des dernières répétitions et des représentations de "Un Fil à la Patte", les fêtes de fin d'année, le déménagement en vue, etc... Les mois passent. Fin janvier, alors que je fais du rangement un peu partout... au CDI, à Deux Chaises (ultimes cartons), à Moulins (pour préparer mon installation)... Comme dirait l'autre, je fais aussi du rangement dans ma vie... pour faire une analyse à deux cents d'euro... Je fais aussi du rangement avec mes petites notes au brouillon sur ces deux concerts et je les mets en forme, sinon, je ne le ferai jamais ce compte-rendu !!
PINK MARTINI le jeudi 20 octobre à Moulins... J'y suis allé avec mes voisins de Deux-Chaises, Martine, Tony et Lorenzo... Le concert est un moment purement magique. Une formation d'une douzaine de musiciens tous très doués. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce groupe américain, qui a sorti deux albums merveilleux et qui est connu en France par la chanson "Sympathique (Je ne veux pas travailler)", s'est fait une spécialité de jouer des standards des années 1950, une couleur un peu sud-américaine, cuivres colorés, cordes, harpe, et des airs qu'on connait tous, on ne sait plus d'où mais on connait, souvenirs de bandes originales de films comme une séance de cinéma impromptue... Le premier album est entièrement constitué de reprises (sauf la chanson "Sympathique", inspirée d'un poème d'Apollinaire, intitulé "Hôtel"). Le deuxième, sorti au printemps 2005, est composé de créations "à la manière de"... Bien entendu, on ne peut évoquer Pink Martini sans parler de China Forbes, leur charismatique chanteuse. Sur scène, c'est un véritable enchantement... Elle parle français avec un délicieux accent, nous dédiant bien entendu la chanson "Sympathique" qui l'a fait connaître au public français. Avant la plupart des morceaux nous avons droit à des histoires, notamment quand elle nous explique une déception amoureuse (qui a osé faire de la peine à China ?... mais, finalement, il a bien eu raison... la chanson est superbe !). Le pianiste du groupe, qui en est aussi l'âme, nous raconte à son tour une histoire : pourquoi le deuxième album s'appelle "Hang on little Tomato"... C'est, inspiré d'une pub pour le ketchup, l'histoire d'une petite tomate qui va grandir et finira en sauce tomate amoureuse d'un hamburger... Les moments forts de la soirée sont l'interprétation de "Una Notte in Napoli", "Clementine" (leur chanson que je préfère qui m'a inspiré le poème "Novembre" que vous avez pu lire... en novembre sur ce blog...), "Donde estas Yolanda" (un moment de délire !), le très slave "U Plazu Voru" avec un solo de violoncelle 'à la tsigane' hallucinant et les rappels sur "Amado Mio" et surtout "le génialissime "Brazil" (j'en ai les larmes aux yeux... j'aime tellement cette chanson, et tout ce qu'elle représente, notamment le fameux film de Terry Gilliam). Après le concert, avec Martine et Lorenzo, nous arrivons à discuter, à l'entrée des artistes du théâtre (celle-là même que j'allais emprunter quelques semaines plus tard pour "Un Fil à la Patte"), avec plusieurs musiciens du groupe, entre français, anglais et quelques mots en italien. Je peux leur dire, moment rare, combien leur musique m'accompagne depuis 1999, précisément le premier jour où je me suis retrouvé seul à Luri et où j'ai découvert à la radio la chanson "Sympathique" qui fut le tube de cet automne là. Pink Martini m'a accompagné pendant mes années dans le Cap Corse. J'ai fait connaître ce groupe à mes voisins qui à leur tour m'ont fait connaître le deuxième album... Et c'était logique que nous allions ensemble les voir et les écouter. Un des musiciens nous dédicace la soirée en signant sur mon billet de concert : "Una notte in Moulins"... Dans deux jours ils seront en Turquie puis de retour aux States... Entre temps, ils sont passés à Moulins... Heureuse programmation ! Moment magique....
MOBY le 19 novembre à Clermont-Ferrand. Tout d'abord, j'invite les personnes intéressées en détail par ce concert à aller sur le blog du Doctor freyd (http://kawasakid.blogspot.com) qui avait consacré un très bel article fin novembre sur ce concert... Comme pour Pink Martini un mois plus temps, un concert à part, magique, l'occasion aussi de partager un moment d'émotion avec des amis... Cette fois-ci, c'est avec Doctor Freyd et Madame et leur fille Mathilde (premier concert à six ans...). Fred m'avait fait découvrir Moby lors d'un réveillon au Mont Dore en janvier 2001... Même si la comparaison peut s'arrêter là, comme pour Pink Martini, Moby est quelqu'un d'inclassable musicalement, particulièrement éclectique, aux influences multiples... En ouverture du concert, le morceau "My Weakness" (un fort joli titre !), extrait de "Play" (l'album qui a fait connaître Moby au monde entier), ce morceau qui servit de bande son à un épisode de "X-Files" (celui où Mulder enquête sur l'assassinat de sa petite soeur... très gai !), c'est particulièrement magique avec les éclairages et les centaines de personnes qui allument leur portable-appareil photo en même temps... C'est fini le temps des briquets, c'est celui des portables, et le résultat est saisissant (nous sommes au fond du Zénith et nous avons un superbe point de vue sur toute la salle...), on a l'impression d'être dans une scène du film "I-Robot". Mais la comparaison technologique s'arrête là. Si les albums de Moby comportent beaucoup de sampling et de musique électronique, sur scène, c'est de la musique bien vivante avec Moby qui se jette partout avec sa guitare, la choriste qui a une voix sublime, un clavier et une batterie... Je ne citerai pas toutes les merveilleuses chansons interprétées ce soir-là (Doctor Freyd l'a fait bien mieux que moi) ... A part ça quelques perles... "Honey" où Moby se déchaîne pendant un quart d'heure, moment de blues dément, à la Helter Skelter : le morceau qui n'en finit pas, avec un dialogue guitare/harmonica... "We are all made of Stars" aux sonorités proches du "Heroes" de Bowie. "Porcelain", morceau auquel je suis attaché, et qui servit de générique à l'émission du "Pop Club" de José Arthur sur France Inter. Un moment de délire d'impro sur "La Lettre à Elise" de Beethoven... Lors des rappels, reprise de "Break on through" des Doors... un moment hallucinant ! Et, bien sûr, Moby étant un des leaders de la contestation U.S. (l'occasion de rappeler que tous les Américains, loin de là, ne sont pas tous bushistes), quelques mots pour s'excuser de tout le mal que fait son pays avant de lancer "Lift me up"... En tout cas, deux heures de concert déchaîné et généreux, de la musique énergique. Le public est à l'image de la musique de Moby : varié, tous âges, toutes origines... Après les derniers rappels, ultime clin d'oeil, en bandes post-concerts, des standards de jazz...
Pink Martini. Moby. Deux concerts fabuleux. Dans les deux cas, des artistes généreux. Oui, c'est le mot, généreux. Des moments magiques qui nous accompagnent longtemps, bien longtemps après que les lumières soient revenues...
Voilà. C'est un exercice un peu difficile, finalement, que de raconter des concerts... Je ne sais pas si c'est bien intéressant pour qui n'y a pas assisté ? J'ai essayé de ne pas être trop terne... Je dédie bien évidemment ces lignes à Martine, Lorenzo, Tony, Fred, Isa, Mathilde... mes compagnons de musique...

jeudi 26 janvier 2006

Aloïs : Bis repetita

Je me permets de remettre en ligne ce texte écrit début novembre, d'abord parce que je suis feignant et que si il y a des rediffusions à la T.V., pourquoi pas aussi sur le web ; ensuite parce que ce texte résume parfaitement mes soucis actuels et ça m'évite d'avoir à écrire d'autres mots que ceux-là ; enfin parce que qu'hélas ce texte était prémonitoire, notamment en ce qui concerne les chutes. En quelques mois, en quelques semaines, en quelques jours, une situation empire et on se sent tellement impuissant. Je profite de cette "re-publication" pour préciser que quand j'écris que "la société s'en fout", je ne parle évidemment pas de vous, ami(e)s lecteurs (trices) qui me faîtes le plaisir de votre compagnie virtuelle, mais je pense plutôt à nos gouvernants qui, s'appuyant sur le fait que c'est plutôt une "maladie de vieux", ne mettent pas le paquet (c'est le moins qu'on puisse dire) pour la recherche. En plus, des citoyens de seconde zone un peu déphasés, ça ne vote plus, c'est plus influençable, ça fait rentrer de l'argent dans les tutelles... La société a tout intérêt à avoir des gens malades : des vieux atteitns d'Alzheimer, des jeunes drogués, des actifs shootés aux anti-dépresseurs, et vous avez une belle société qui vote pour le premier démagogue venu... Moi, ce que j'en dis...

Aloïs

Maman, chaque jour tu disparais un peu plus
Chaque jour, ton cerveau rétrécit
Et le monde pour toi n’est plus qu’un théâtre d’ombres.
La somme de tes peurs hante mes jours et mes nuits.
Comment pourrais-je t’aider ?
Comment même essayer d’écrire ce que je ressens ?
Tu te perds dans la maison et tu te perds dans ta tête.
Un jour prochain tu ne connaîtras plus mon nom.
En quelques mois ton état s’est terriblement dégradé.
J’étais revenu pour te retrouver et à mon tour je me perds.
Souvent, tu restes là, triste et désemparée,
Tu connais l’inéluctabilité de ton destin...
Sinistre compte à rebours :
Demain peut-être ?
Et tu commences à chercher tes mots
Et tu sens le vide sous tes pieds.
Le sentiment de chute est la pire des terreurs
Et cette araignée qui tisse sa toile dans ta tête
Dévorant chaque jour plus de neurones
Et se régalant avec ton âme...
Et la société s’en fout,
Tu n’as que soixante ans,
Elle est belle, la vie !
Mais pas pour toi, pas pour nous.

Maman, ne pars pas trop vite.
On a encore tant à vivre.


(écrit le 2 novembre 2005)

La Mort

Enfin,
La fin !
J’ai attendu longtemps
Ce fatal instant.
Certaines gens disent : « l’amour,
Toujours. »
Moi, je pense d’abord
A la mort.
Un jour, la vie
Sera… finie,
Pour vous, pour moi, pour nous.
La mort est partout,
Nous entourant,
Nous torturant sans répit,
Nous soufflant méchamment :
« La vie est partie ! »
Non, pourrai-je dire.
La mort fait partie
De la vie.
Et cela me fait rire
De voir tant de gens avoir peur
De ce qui n’est… qu’un leurre.


(Ecrit en 1984)

House Decadence (Samedi soir ordinaire)

Rythme qui se déchaîne
Et alcool qui nous enchaîne…
Quelques verres plus tard,
Quelques vers plus tard :
Où sommes-nous en ce moment ?
Où sommes-nous en ce moment ?
Garçon qui sort de la boîte
Pour une drogue quelconque absorber,
Fille qui rentre dans la boîte
Pour vulgairement se faire baiser.
Sur la piste ils se trémoussent
Et violemment se repoussent.
La musique est au maximum
Tandis que j’avale vite mon rhum.
A côté de moi, un copain mort
Mais je crois encore qu’il dort :
Il a bu vodka, gin et whisky
Croyant pouvoir mieux vivre ainsi.
Je roule un autre joint
Et j’y prends beaucoup de soin :
« Passe m’en un peu ! » me demande-t-on
Et j’accepte, altruiste, la proposition.
Nous avons fait la tournée des bars
Et y sommes restés fort tard.
Concours : celui qui boira le plus…
Concours : celle qui baisera le plus…
Et je danse comme un fou,
Et je me jette partout,
Et je me sens bien :
Je peux dormir enfin…



(Texte écrit en décembre 1988… En le relisant je suis étonné de mes propres mots qui décrivent tellement certaines soirées d’aujourd’hui… A l’époque, j’avais joué sur l’exagération et mes propres fantasmes – les personnes qui me connaissent savent mon aversion pour le cannabis et une certaine gêne face à tout ce qui concerne le sexe -… Quelques années plus tard, au regard de mes souvenirs persos et des conversations que je peux avoir, ce texte n’est qu’un vague reflet des samedis soirs ordinaires… Bizarre.)

Home Sweet Home

Dans notre charmante petite maison
Nous organisions des batailles d’édredons.
Non, nous ne voulions pas nous enfuir,
Nous qui emplissions les couloirs de nos rires.
Derrière la maison, un jardin.
Dedans ? Trois pommiers et un sapin.
Sous la véranda, en été, l’air était frais…
Il faisait bon s’y reposer et… s’y chamailler.
En hiver, dans un brouillard épais,
Nous patinions sur l’étang gelé.
Devant la maison, à la « queue leu leu »,
Nous faisions le train… Nous étions heureux !
Maman criait : elle voulait se reposer ;
Papa aussi : il n’arrivait pas à se concentrer.
Ils n’étaient pas méchants… non ! pas du tout !
Le soir, avec nous, ils faisaient les fous.
Parents morts, frères et sœurs au loin partis ;
Maison en ruine, seul au loin je m’enfuis.


(Poème écrit au printemps 1988)

jeudi 19 janvier 2006

Pourquoi que j'écris un blog ?

Bon, enfin, je me la pose, cette question, après cinq mois d'intenses (au moins !) activités. D'abord, pas pour faire comme tout le monde mais comme je suis un conformiste dans l'âme j'ai... fait comme tout le monde. Ensuite, et surtout, et plus sérieusement, pour écrire... Pour m'entraîner. Plusieurs personnes m'ont déjà dit que j'avais une petite plume... Alors, j'essaie de la maintenir... En écrivant des petits billets d'humeur, des poèmes, des chroniques... C'est inégal. C'est pas toujours transcendant, loin de là. Je ne prétends pas avoir du talent ni même être intéressant, simplement j'essaie d'exprimer ce qui me passe dans la tête à tel ou tel moment. J'aime bien écrire dans l'urgence sans me relire, sinon pour corriger les fautes de frappe. J'aime écrire quand il y a du bruit autour de moi. Ecrire un truc qui semble vachement intime et le travestir sans prévenir, tout ça tandis qu'il y a des gens qui sont peut-être en train de me parler de toute autre chose... Cet exercice demande un peu de concentration mais est très amusant... Enfin, j'écris parce que ça me permet de m'évader. Vous n'êtes pas sans savoir que l'état de santé de la personne qui m'a donné le jour se dégrade de plus en plus et, là, pour le coup, j'ai pas vraiment envie d'en causer. Alors, je me crois (petit) poète à la (très) petite semaine. Pour l'inspiration, je délire sur des bluettes avec des étudiantes (remarquez, on ne parle bien que de ce qu'on connait... étant célibataire depuis l'âge de 23 ans... je ne saurais pas vraiment parler des amours des trentenaires). Et je ressors quelques textes écrits du temps de la Néo-Décadence... Voilà. C'est pas glorieux. C'est pas non plus honteux.

Pour conclure ce petit texte, un grand merci à Gérard qui m'a incité en octobre à continuer ce blog, à écrire sur moi alors que je m'en sentais pas capable et que je craignais que ce soit inintéressant voire impudique. Un grand merci à Aline qui m'encourage depuis des années à écrire (ah ! nos courriers syndicaux pendant le conflit des retraites en 2003 !). Un grand merci à Fred Thé, probablement un de mes premiers lecteurs puisque je lui avais fait lire mon récit de vacances à Saint-Bonnet quand j'avais quinze ans. Un grand merci au Doctor Freyd qui s'est aussi lancé dans l'aventure blog. Un grand merci à Michèle, et mes encouragements pour la création de son blog ; elle rédige régulièrement des chroniques avec un style bien à elle, enlevé et vivant. Un grand merci à celles et ceux qui m'envoient régulièrement des mails pour me dire que tel ou tel texte leur a plu (ou déplu). Un immense merci à ma Surella qui ne cesse de me dire que je dois continuer à écrire. Enfin, dernier merci (avec tous ces mercis, j'ai l'impression d'être à la cérémonie des Césars !) à ma marraine de blog, Poitrenette !

C'est peut-être une évidence, mais faut jamais oublier de dire merci aux gens. C'est un petit mot qui veut tant dire...

Allez, à bientôt pour de nouvelles aventures, sur mon blog, sur le votre, sur le net, par téléphone, et surtout en direct live car le virtuel c'est bien gentil mais ça va un moment !!

Le quintette des désespérés Néo-Décadents

Ah ! Un titre ronflant comme je les aime... Remarquez, "Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band", c'était pas mal... ou " The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars"... Je place la barre haute aujourd'hui ! Enfin, bon, juste une petite introduction aux textes qui suivent : cinq petits poèmes malhabiles écrits le soir du 17 janvier... il semble que j'étais inspiré ce jour-là...


La Comédie de la Vie (thanks to Paolo Conte...)

C'est la comédie, la comédie d'amour,
La comédie d'un jour, un jour de ta vie,
Un clin d'oeil, le monde est un cirque,
Un cirque à la Fellini avec des clowns tristes
Qui vous entraînent dans un manège infernal
Comme une folle danse, un dernier râle
Avant de retrouver Dieu le Père,
De saluer notre Créateur Sévère,
Et de tirer notre révérence
Comme une dernière réjouissance...
La vie est une comédie, au scénarion facile,
Une tragédie douteuse, à la campagne ou en ville,
Une bluette vaseuse ou une histoire bêton,
En tout cas, sûr, c'est jamais très bon !
Clair, y a des silences, des flash backs incongrus
Et ça manque tellement de scène de nus,
Comme un de ces pornos bien croustillants
Qu'on n'a jamais vus même en rêves, même en rêves,
Un de ces films d'actions qu'on aimait, petits enfants,
Avant que d'être titillés par l'appel de la sève.
Amis ! Reprenez un peu de vin et laissez moi mourir
Avant que je ne pousse bêtement mon dernier soupir.
Trinquons aux amours passées et aux rires engloutis...
Y a pas à dire : sacrée saloperie, la vie !!


NATURALLY (thanks to Huey Lewis)

Un petit tour au coeur de nulle part,
Un petit matin avec des oeufs au lard,
Une brume qui embrase mon gentil petit village,
Un de ces endroits où on vit peinard sur son nuage...
Et voilà que le monde se rappelle à vous...
Et voilà que les infos arrivent de partout...
Et tant pis si la quiétude des lieux aura à en souffrir
Puisque - on le sait bien - on va tous un jour mourir.
Peut-être renaîtrons-nous dans un corps éternel
Mais cela ne me consolera pas du départ de celle
Qui a illuminé ces petits matins embrumés,
Qui a ensoleillé le village des âmes égarées.
A quoi bon le bonheur quand on a toujours peur ?
A quoi bon les fleurs quand on n'est pas à l'heure ?
A quoi bon le train de treize heures quand il est midi ?
A quoi bon un sandwich jambon beurre quand on préfère les ravioli ?
A quoi bon ? A quoi bon ?
A quoi bon ? A quoi bon ?
Et je me réfugie dans les rengaines du passé
Et je reparle vainement du Ciel Parfumé
Et je rêve encore et encore d'un Eternel Eté
Et voilà la conclusion d'un autre poème raté...


Compte à rebours
(thanks to Manhattan Transfer, "Chanson d'Amour")

Nostalgie... Encore et toujours... Caresse du Passé...
Ce Passé qui m'enivre et me délivre chaque été...
Je fais le serment de brûler toutes ces photos
Et de ne plus pleurer le matin au bord de l'eau
Mais je sais aussi que j'aime trop les souvenirs
Même si je dois pour cela une fois encore partir
Et creuser le trou qui m'engloutira bientôt
Le trou où on ne sera jamais de trop
Pour se rappeler les bons moments
Les rires de quand on était enfants
Les fantaisies d'une bande d'adolescents
Voire les extases de jeunes et sportifs amants...
Dans la prison de mon âme je crie en vain
Que je crois que tout ira mieux demain
Que la vie est une merveilleuse aventure
Que j'ai toujours le coeur pur...
Et pourtant ! Et pourtant ! Nul espoir !
Et pourtant ! Et pourtant ! Tout est noir !
Une dernière étreinte avant de quitter cette vie,
Une dernière fête avec tous mes bons amis...
Bientôt nous ne serons plus que poussière,
Nous pourrirons bouffés par les vers,
Il ne sera plus temps de boire une dernière bière.
Quand nous serons morts, de quoi aurons-nous l'air ?!


Mes mots bleus

Indifférence
Absence
Silence
Enfance
Amour
Toujours
D'accord
J'adore
Je t'aime !
Tu m'aimes ?
Retour
Détour
Bleu
Heureux
Malheureux
Deux
Conséquence
Innocence
Corsitude
Certitude
Elle me sourit
Je l'aime pour la vie
Indifférence
Reconnaissance
Turpitude
Solitude
C'est fini
C'est fini


15 Ans (thanks to "Lying Eyes")

Retrouver l'innocence de mes quinze ans
Quand j'écrivais des poèmes d'amour sincères
Retrouver la pureté de ma vie d'avant
Quand je ne prononçais pas de paroles en l'air
Mais le temps a passé et j'ai engraissé
Mon coeur s'est englué et mon idéal s'est évaporé
Le cynisme a conquis le monde
La planète a un goût immonde
L'enfance est un Eldorado inaccessible
Même l'espoir de paix est devenu risible
On ne peut plus dire je t'aime sans penser à mal
On a tous un masque et pourtant c'est pas carnaval
Une bouteille d'alcool est un refuge bien illusoire
On radote et on ne démarre jamais une autre histoire

Où est-il le temps où je parcourais la campagne à vélo
En quête d'un peu de bonheur mais pas de trop
Quand on se réjouissait autour d'un feu de camp
Quand on jouait à ne jamais devenir grands
Parce qu'on savait qu'après quinze ans tout est fini
La vie n'est plus qu'une lente désespérance
On a beau en faire le tour on en mesure l'absence
Quand tout espoir de retour en arrière s'est enfui
On attend de mourir on pense à nos carrières
On fait des enfants pour ne pas revenir en arrière
On construit une belle maison histoire de se rassurer
On prépare la retraite et de jolis voyages en été
Comme c'est moche de renier son passé et d'en être fier
Comme c'est nul de garder en soi les souvenirs d'hier

Urbanisme éclairé

Ville tentaculaire qui nous emprisonne à jamais,
Ville majestueuse évoquée par les poètes maudits,
Ville frontière que nul n’a osé franchir,
Ville lumière où tout est possible sauf le reste,
Ville insensée jadis appréciée par nous tous,
Ville fantôme tout emplie de tes souvenirs,
Ville exotique dont on ne se défait point,
Ville monotone parmi les autres : celle où je vis…



(Poème écrit, c’est précis, le 1er juin 1989, dans le train – que je prenais alors chaque jour – entre Clermont-Fd et Moulins en écoutant le Remix P4F – Propagande for Frankie - : Relax/P. Machinery ; en ce temps-là, mon cœur balançait entre Isabelle et Nathalie, une époque à la fois exaltante et terrible quand on aime deux êtres et surtout que l’on est aimé des deux à la fois… oups ! je ne souhaite cette situation à personne !!)
A posteriori, je dédie ce texte à : Johan, étudiant en urbanisme, qu'il nous fasse des villes un peu plus humaines ; à tous les jeunes de banlieue qui vivent dans des cages à lapins que de vieux urbanistes hallucinés ont appelé des ensembles urbains ; à tous les fans de science-fiction : je pense aux "Monades urbaines" de Robert Silverberg et, bien sûr, à la Coruscant de Star Wars...

mercredi 18 janvier 2006

Life could be a Dream

Je sais pas si vous connaissez cette chanson... "Life could be a Dream", du groupe les Crew Cuts, une chanson des Années 1950, un air utilisé pour la pub de la 206 CC (excusez moi de faire de la pub, suis bien obligé). Voilà... vous voyez ? euh... pour un air de musique... pas évident... Sh-Boom ! Sh-Boom ! Bon, en tout cas, j'adore ce morceau, et j'adore aussi la pub, la seule pub que j'ai téléchargé dans ma vie tellement je l'appréciais. Ce morceau, ça faisait un moment que je l'avais pas écouté. Et, ce matin, en allant à mon nouvel appart pour installer mon ordinateur et vérifier s'il avait fait son petit voyage sans encombre, j'ai pu voir et revoir cette pub et réécouter cette chanson, un air qui donne vraiment le moral... Et ça fait du bien par ces jours de pluie... L'occasion de remercier un certain Doctor Freyd pour cet ordinateur... L'occasion aussi de préciser par rapport à mes textes sur ce blog que ce ne sont pas forcément des pans entiers de ma vie que je révèle. Je ne suis pas exhibitionniste à ce point. Quand j'écris une lettre ouverte à quelqu'un dont je ne dis pas le nom, même si je m'inspire de faits réels, c'est un exercice de style et il faut le prendre comme tel. Par ailleurs, j'écris toujours mes textes à la va vite sans les relire (sinon pour éviter les fautes de frappe) alors je ne pèse pas toujours mes mots et il ne faut pas donner plus d'importance à ces textes qu'ils n'en ont. Enfin, je présente ici mes excuses à Johan, un ancien ami qui m'a expliqué que je l'ennuyais avec mes textes... D'ailleurs, si d'autres personnes sont dans le même cas, désolé, je ne vous écrirai plus. De toute façon, il y a un truc génial sur internet : on peut supprimer ses mails après les avoir lus voire même sans les lire... C'est comme pour la télévision : on peut changer de chaîne grâce à la télécommande voire même éteindre la télévision...
Mais qu'importe. Bonjour chez vous et n'oubliez pas : Sh-Boom ! Sh-Boom ! Life could be a Dream ! (c'est beaucoup mieux avec la musique)

mardi 17 janvier 2006

Cointreau n'en faut...

Samedi dernier, étrange soirée... Je m'ennuyais seul dans ma chambre chez mes parents. Envie de sortir mais pas d'opportunité et, de toute façon, j'étais fatigué suite à ma jolie virée de la veille... Envie de boire un truc fort qui vous emmène vite dans les étoiles et pas de la petite bière (d'ailleurs, je ne bois plus de bière). Je découvre une bouteille de Cointreau. Pas mauvais. Sucré mais costaud. Une bonne liqueur aux agrumes (et les agrumes, c'est bon !). Cette bouteille m'a inspiré deux textes maladroits que j'ai d'abord hésité à mettre en ligne mais je le fais finalement car ils résument mon état d'esprit ce fameux samedi soir, 14 janvier 2006... Quant à la bouteille de Cointreau, elle va bien, merci pour elle. Je n'ai fait que l'effleurer. L'avantage d'une liqueur c'est que très vite elle écoeure... Joli !


Rencontre du Troisième Trip...

O la vie ! La vie ! Quand tout est si difficile,
Que l'existence ne tient plus qu'à un fil,
Un brouillard épais vous empêche de voir clair
Et l'on ne croit plus alors même aux paroles en l'air.
Sans amis, sans soucis, sans vie, partir...
Crever dans son coin pour ne jamais revenir...
S'effondrer parce que même les certitudes sont trompeuses
Et croiser soudain le regard incertain d'une fée
Qui va bouleverser jusqu'au tréfond de votre passé...
Saurai-je lui redonner le sourire ? la rendre heureuse ?
L'espace d'un instant on imagine n'importe quoi
Et mystérieusement on a envie de danser sur les toits
De clamer que tout est possible, que le monde est beau
Et que finalement tous les malheurs sont de trop.
On se dit que le culte de la déprime est dérisoire
Et que c'est marre d'adorer broyer du noir
Pour se donner un genre, pour faire comme les autres...
Sûr ! J'ai plus envie d'être du désespoir l'apôtre !
Je veux danser, rire et chanter et me soûler
Et surtout ne plus jamais jouer les égarés,
Retrouver la vie, la vie qui court dans mes veines
Pour ne plus dormir, ne plus être à la traîne.


Credo

J'ai dormi pendant dix ans, peut-être plus, en tout cas trop...
Je crois bien que j'ai beaucoup de réveil en retard !
J'ai plus envie d'être tranquille, d'être peinard !
Je me lève toujours trop tard et me couche toujours trop tôt !
Comme dirait le grand Boris, il y a tant... oui, tant...
Tant de choses à voir, à voir et à zentendre...
Tous ces amis que je n'ai pas pris le temps de comprendre
Parce que je pleurais sur le monde de quand j'étais enfant
Et que je ressassais les fantômes d'un passé révolu.
Je dois à tout prix regagner tous les moments perdus.
Le compte à rebours est commencé, chaque jour compte :
Ignorer que la fin est proche serait une honte !
Faire de sa vie une merveilleuse aventure, voilà le défi,
Le vrai challenge que je me répète à l'envi.
Ecrire enfin le roman qui apaisera ton coeur
Et ta merveilleuse et courageuse quête du bonheur.
T'offrir un peu de rêve dans un monde gris
Et tant pis si ce ne sont que quelques mots... Tant pis !
Ce soir, je reprends part au festin de la vie.

N.B. : quand j'écris que le compte à rebours est entamé, je suis sérieux... J'ai bientôt 36 ans, j'ai fait la premère moitié de ma vie, c'est statistique... En plus, je bois et je fume... De toute façon, j'ai pas forcément envie de m'attarder dans une maison de retraite en soins intensifs (en plus, j'aurai pas d'enfants pour me rendre visite !!)... Alors, faut que je me dépêche d'en profiter tant qu'il est temps...

Un seul être vous manque

Lettre ouverte à celle qui ne la lira jamais

Très Chère Toi !

Je sais bien que tu ne liras jamais ce texte ou alors dans quelques mois, par hasard, et que tu ne sauras donc pas qu'il t'est destiné, ou que tu feras comme si mais qu'importe... C'est une bouteille à la mer dans un océan de larmes, celles que j'ai versées en novembre et décembre. Maintenant, mon coeur est sec et je ne pleure plus. Tant mieux car c'était usant à la fin, toutes ces larmes. Tant pis car j'ai l'impression d'être (re) devenu complètement insensible et même cynique...

Je voudrais d'abord te remercier... Tu m'as tant apporté. Te rencontrer fut la meilleure chose qui me soit arrivée depuis des années. Tu m'as redonné confiance dans le genre humain. Tu m'as fait croire de nouveau à l'amitié, et particulièrement à l'amitié entre hommes et femmes. A cause de toi, et sans que tu ne le saches, j'ai rappelé tant de personnes perdues de vue ou avec lesquelles j'étais brouillé pour des broutilles (on est toujours brouillé pour des broutilles, des malentendus et autres quiproquos... la brouille a quelque chose du théâtre de boulevard !!). Tu m'as donné envie d'être meilleur. Avant toi, une seule autre personne m'avait donné cette grâce (car c'en est une !), c'était Valérie-Anne. Comme toi, une personne qui m'avait fait confiance et avec laquelle je vivais une grande complicité.

Complicité. Qu'il était beau ce mot et correspondait bien à cette étrange relation. Pas de l'amour. Pas de l'amitié. Autre chose. Bien sûr, de mon côté, par moments, j'étais follement amoureux de toi, mais je savais que c'était impossible et, donc, je ne t'en ai jamais parlé. Même à mes amis, j'ai toujours dit que c'était une relation qui n'était pas destinée à se transformer en histoire d'amour. D'autres auraient peut-être "essayé". Moi, non. Pas que je sois plus pur, plus prude, plus sage. Bien au contraire ! Mais je savais que ce serait un échec et, surtout, que ce fol amour ne serait pas partagé. Tu avais (as probablement) un petit copain (comme dirait l'autre : elles ont toutes un copain... et en l'occurence l'autre est une fille étonnée de toutes ces filles qui, par peur de la solitude et par conformisme, ont toujours quelqu'un sans forcément éprouver de sentiments... ce n'est probablement pas ton cas et c'était une parenthèse pour les gens qui liront cette lettre ouverte), tu me l'avais dit dès le début. Ensuite, tu ne m'en as plus reparlé pendant deux mois. Comme on se voyait très souvent et qu'on s'appelait régulièrement, j'en ai conclu que tu ne le voyais plus. Et je me voyais déjà l'élu de ton coeur. Non pas pour une histoire conventionnelle, non, pour une histoire que nous aurions inventée, une amitié improbable, une complicité folle teintée de tendresse et d'affection, un sentiment inclassable que les autres nous auraient envié.

Tu as éclairé mon mois de décembre. Tu as illuminé mon Noël. Chaque jour, notamment chaque matin, je pleurais parce qu'au fond de moi je savais que ça ne durerait pas. Puis, dans la journée, j'avais de tes news par sms ou coup de fil ou mieux on se voyait. Et c'était merveilleux. Je restais là à t'écouter. Plus rien ne comptait. Tu m'avais redonné le goût de lire, d'écouter de la musique, de m'intéresser au monde. Tu m'avais fait découvrir cette insoutenable légèreté de l'être, cette sympathique superficialité qui permet de vivre sans se prendre trop au sérieux (un de mes si gros défauts). Que d'éclats de rires ensemble. Tu me racontais tes histoires et je te confiais par bribes mon passé. Tu m'as même, indirectement, incité à quitter mon exil campagnard pour retourner vivre à Moulins après sept ans loin de ma ville... Enfin, last but not least, tu m'as demandé de te faire une promesse... moi, celui qui ne s'engage jamais, tu m'as demandé une promesse... la promesse de passer quelques jours cet été avec toi... Bien sûr, cette promesse, je ne pourrai jamais la tenir. Pourtant, qu'est-ce que j'y ai cru...

Puis la Nouvelle Année (The New Eve !!) apporta le doute et l'angoisse, l'attente et l'amertume... Pas un signe de toi, pas un sms, pas un coup de fil, pas un courrier. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé... Mon 1er janvier fut marqué par l'attente d'un signe de toi qui ne vint jamais. Indifférence ? Mépris ? Pire : oubli... Tu avais mieux à faire... Terrible révélation. Nous étions depuis deux mois complices comme je ne l'avais été qu'une fois en trente cinq ans de vie et tu avais tout simplement oublié que c'était la nouvelle année pour moi aussi... Tu m'expliquas (en détail) quelques jours plus tard que le 1er janvier tu étais dans les bras de ton copain... Non pas que je ne m'en doutais pas... mais il est certaines choses qu'on ne raconte pas... De mon côté, je n'ai pas fait le détail de mes soûleries avec mes copains... Qu'importe. Tu n'as pas cherché à m'appeler ne serait-ce qu'un instant ou m'envoyer une de ces petites cartes de voeux qu'on vend dans les magasins aux périodes des fêtes...

Le charme était rompu. Depuis, j'erre comme une âme en peine. J'ai toujours (un peu) confiance dans les gens. J'ai même retrouvé le plasir de m'amuser dans une soirée. Mais il y a ce vide, ce grand vide, qui ne sera jamais comblé. Je ne crois pas que je retrouverai un jour une telle complicité, un tel sentiment partagé. Oh, bien sûr, je serai certainement de nouveau amoureux, je m'enthousiasmerai de nouveau pour telle ou telle activité... Je le sais, je suis comme ça, impulsif... N'empêche. Le vide demeure. Le vide demeurera.

J'appréhende un peu le jour où on se croisera de nouveau... Ce jour où nous ferons semblant d'être de bons copains alors que nous ne serons plus que des relations vaguement courtoises qui se saluent. Le pire est que tu ne t'en rendras peut-être pas compte (ou que tu feras semblant de ne pas t'en rendre compte). En amitié comme en amour, une relation est appelée à grandir, se développer, s'enrichir... Sinon, elle redescend, c'est inéluctable. En complicité (car, décidément, je n'ai pas de mot pour définir ce que j'ai ressenti pour toi), c'est la même chose. Ce fut une ascension extraordinaire en novembre et décembre... La descente est plus raide.

Voilà. C'est la vie. C'est pas très glorieux. Restent les souvenirs, si chaleureux aux jours mornes... Je te souhaite tout le bonheur du monde et espère que, quelque part, de temps en temps, tu penses un peu à moi. Moi, je pense tout le temps à toi.

Assurément tien,

J.-François

lundi 16 janvier 2006

Les Copains

Comme je l'avais fait il y a quelques semaines avec le poème sur Moulins, je me permets de remettre en ligne un texte déjà publié sur ce blog au moment de sa création (en septembre 2005). Ce texte, hymne officiel de la Néo-Décadence, fut rédigé en mars 1988 alors que j'écoutais intensivement les chansons de Madness. Je ne suis pas toujours très fier de mes textes, loin de là ! Celui-ci fait exception. Non seulement j'en suis fier mais c'est mon texte préféré et le seul que je connaisse par coeur. Il n'a pas de titre. Comme il en fallait un pour publier l'article, j'ai mis "Les Copains" mais c'est très imparfait voire incorrect... Mais assez causé.

Une bande de copains
Qui s'entendait bien.
Accident de voiture à cause d'un verre de trop,
Le deuxième n'a jamais eu de pot,
Le troisième est mort à la guerre,
Le quatrième est aujourd'hui milliardaire,
Le cinquième ? Il s'est suicidé :
Plaqué par sa " bien-aimée ".
Le sixième est aujourd'hui docteur
Et le septième ? Il recherche le bonheur :
Dîtes lui qu'il ne le trouvera pas !
Tralalala ! Tralalalala !
Chacun de son côté est parti,
Chacun à sa façon a trahi.
Hop ! La vie continue :
Il y a toujours du monde dans la rue.
Sept jeunes, lunettes noires,
Chantent, pleins d'espoir.
Prévenez-les, mais prévenez-les donc !
Prévenez-les, mais prévenez-les donc !
Sept copains qui déliraient tout le temps…
Sept copains qui voulaient rester enfants…




J.-François Peres, mars 1988

jeudi 12 janvier 2006

La Semaine très ordinaire de Nino R.

Bon, foin de mes histoires du moment, et en attendant mon autobiographie (clin d'oeil à Gérard !), voici un texte que je promets depuis des mois de mettre en ligne... une petite nouvelle rédigée en 1992 et que j'ai tapée sur ordinateur en octobre 2005... C'est particulier mais j'y tiens beaucoup... Bonne lecture !



LA SEMAINE TRES ORDINAIRE DE NINO R.

Comédie dramatique en une – courte – saison écrite par

Jean-François Pérès



La sombre histoire d’un garçon… Malhabile et désordonné, il se ballade en sifflant dans les rues d’une ville dont nous tairons le nom, une ville où tout est si laid qu’on en trouve les habitants – presque – sympathiques. C’est le soir. Le garçon, seul bien sûr, rêve de cinéma. Mais il est sans le sou, tandis que son créateur ne pense qu’à choisir un placement avantageux. Notre garçon, on va l’appeler Nino… à cause de Nino Rota ! Les mains dans les poches, il regarde les passants… Un couple qui s’embrasse sous un réverbère : les amoureux, tous des exhibitionnistes ! Une vieille qui râle après son chien car Médor ne « fait pas assez vite » sur le trottoir. Une bande de jeunes, forcément cons puisqu’ils sont une bande.

Et voilà Nino de retour chez lui. Pas très chaud, le studio ! Il s’allume un mégot de cigare… Faut économiser les restes de tabac. Il ouvre une bouteille de bière bon marché et se sert une lampée. Tiens… la rue est bien calme ce soir. All is quiet tonight ! car c’est si joli en anglais, ça fait comme une rengaine pop… Nino est soûl… non, pas encore. Il est ivre de cette liberté qu’il découvre. Il pense à Sonia, cette jolie fille qu’il a vue il y a peu… Elle est belle, et inaccessible comme de bien entendu. Mais qu’importe ! La vie n’est-elle pas ce qu’elle est ? Voilà une réflexion qui l’amuse. Il sourit. C’est presque charmant. Pourquoi pas ?

Nino ne tient plus. Il a envie de sortir ! Coup de fil à Jack… C’est pas son vrai nom, à lui non plus, mais amoureux de « Furyo », il se prend pour Jack Cellliers… Le type que les remords démangent, des remords fictifs. Mais, bon, quand on n’a pas la chance d’être acteur, on se fait son film… acteur, réalisateur, compositeur… et tout, et tout. Séquence trois, hop ! tout va ! Et on retrouve nos deux compères, Nino et Jack donc, au bar du coin. Un bar paumé, bien sûr. Le blanc-cassis n’est pas cher et il réchauffe les cœurs égarés… On y cause fort tard. De tout, et de rien surtout.

Le lendemain. Le matin. Une petite brume pas désagréable. Nino part à la Faculté, histoire de devenir une personne bien élevée. Il suit le cours avec attention, et note bien tout ce que dit son auguste professeur. Il prend quand même le temps pour chuchoter à ses voisins de table son escapade nocturne, histoire d’égayer leur monotonie de premiers de la classe, surtout que c’est lui, le meilleur étudiant. Il le sait, il le sent, il s’en contrefiche ! Le cours est passionnant et Nino se dit qu’il aimerait en parler à tout le monde, à Sonia surtout. Mais l’écoutera-t-elle ? Qui d’ailleurs serait intéressé par la conquête de l’Indonésie par la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales… Sacré décalage entre la réalité et la Faculté ! ce n’est point pour déplaire à Nino, qui se sent bien dans les nuées, mais il s’y sent un peu seul. Quand même !

Retour at home. Il fait gris dehors. Nino écoute une musique de film… Il rêve les yeux ouverts. Il n’est déjà plus avec nous sur terre.

Un clown tente de séduire une belle enfant en faisant des bulles avec ses rouges lèvres. Les spectateurs sont émerveillés. Vient l’Auguste, à l’œil triste. Puis c’est Charlot, en ange… Ce joli monde virevolte autour de Sonia et lui fait une jolie révérence. Bonsoir Messieurs Dames ! Un policier, bête mais pas méchant, nous cause bien des tracas. Guignol l’assomme gaiement, sous le regard amusé des petits enfants.

Nino se secoue… Voyons ! Quelle heure est-il ? Il déguste une boîte de conserves périmée avant de s’allumer une cigarette… Miracle ! Aujourd’hui, il a pu économiser pour s’acheter un paquet ! Et ce sera une soirée consacrée à l’étude… Pour finir, un bon verre de Whisky bien glacé. Enfin, le Whisky est plutôt chaud, ou tiède, mais faut bien s’illusionner. Et Nino s’endort paisiblement en regardant la photo de Sandra, car il n’en a pas de Sonia. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a ! Et tralalahila !

Le deuxième matin. Le deuxième matin de notre histoire, bien sûr. Ce matin, Nino fait la grasse matinée (grasse, façon de parler !) en écoutant de nostalgiques ballades italiennes. Et il repense à Sandra ce matin. Sandra qui est si loin. Il ne l’a pas vraiment connue, mais il la pleure déjà, en rêvant de Sonia. Deux amours de cristal, deux amours qui n’existent pas…

C’est le soir. Nino est triste. Le bar est vide. Non, en fait, il y a du monde, qui chante. Mais Nino est seul, au comptoir. Et croyez-moi, c’est pas vraiment gai de se soûler sans avoir un ami avec qui s’épancher… Mais qui voit-il ? Non, pas Sandra… C’est, bien sûr, Sonia. Et Nino lui propose de prendre un verre avec lui. L’alcool, comme pour tout un chacun, l’a rendu moins timide.

Ils se parlent. Ils échangent anecdote sur la même petite ville dont ils viennent tous deux. C’est la fête ce soir ! Ils ont décidé d’aller se balader sur les quais… Enfin, c’est une façon de parler. Il n’y a pas de rivière ici. C’est une ville sans une âme, une ville sans rivière ! Alors, ils se promènent le long du parc. Fermé, bien sûr, le parc. Mais qu’importe ! Il faut bien passer le temps. En fait, Nino s’ennuie un peu avec Sonia. Elle n’est pas si intéressante que ça ! Mais trêve de mesquineries… Nino se décide à prendre la main de Sonia. Bien sûr (ô fatidique bien sûr !), elle repousse sa main. Et Nino, idiot, n’insiste pas. Tandis que Sonia le voyait déjà la déshabiller dans l’intimité de son petit meublé. Ah ! Que tout cela serait sordide si ce n’était risible !

Il est tard . Nino est retourné au bar. Il s’ennuie ferme. Où est passée la promesse d’une soirée sans fin ? Il appelle Sonia… Dormirait-elle déjà ? Elle finit par lui répondre. Ils échangent de quelconques banalités. Et les voilà enlacés. Il la déshabille, comme elle le souhaitait. Ils finissent par s’aimer sous le ciel étoilé de son petit meublé.

Troisième matin. A la Faculté, Nino ne pense plus qu’à sa nuit passée. Il est quelque peu déboussolé. Mais que penser ? Et à qui tout raconter ? Il sent sa gorge se nouer et se met à pleurer. Ses camarades n’osent l’écouter et ne songent qu’à le cours noter. Vient l’heure de la pause et Nino, morose, s’allume une cigarette. Il est pensif et plutôt évasif. Maintenant, que faire ? Il se décide à noter les sermons de son auguste professeur tandis qu’il illustre son cours de satiriques mais innocents dessins. Lui prend soudain un fou rire que même la décence et le respect des institutions ne sauraient réprimer. Nino provoque un éclat de rire généralisé. Même le professeur ne peut résister. Et la studieuse journée s’achève dans une joie non voilée.

Et la vie continue… Ce soir encore, Nino prend un verre dehors. Il est tout guilleret. Et son ami Jack, d’habitude si rabat-joie, partage sa folle gaieté. La cigarette de haschich qu’ils ont ensemble dégustée y est probablement pour beaucoup. Et qu’importe ? La morale les réprouve mais ils s’en foutent plutôt. Ils n’ont qu’une envie : fuir, fuir, encore fuir… Ils décident, sur un serein coup de tête, de mettre un terme à leur monotone et terne quotidien. Non, pas de solution radicale. Ils vont à la gare et prennent un billet de train. Départ pour une autre ville…

Quatrième nuit. Les gares défilent, encore plus lancinantes que cette ville sans nom et sans rivière… Les voilà à destination… et quelle destination… C’est le Sud ! Il est peut-être trois heures du matin mais il y a toujours du monde dans la rue. Ça chante, ça crie… La Dolce Vita ! Et, inexplicable coup de théâtre, Nino aperçoit Sandra au détour d’une rue. Jack, écoeuré, repart pour la ville sans nom…

Quatrième matin. Nino est assis à côté de Sandra. Pour elle, tout va bien : elle a une jolie décapotable. Et, chez elle, tout est joli. Ses seins fermes, ses lèvres fines, ses cuisses mirobolantes, tout cela appelle au désir et Nino ne sait résister. Fou, il l’embrasse, elle le repousse. Et le voilà sur le bas-côté à maudire le Destin. En plus, un frelon vient de le piquer. Et il fait chaud… Ah ! le Sud ! Bonjour la haine ! Mais Sandra revient. D’ailleurs, en fait, elle s’appelle Anita. C’est quand même pas sa faute si Nino est encore saoul !

Anita et Nino vont déguster un Pan Bagna sur la plage. Partout, des corps s’enlacent. Un Puritain en crèverait, de voir tant de fesses à l’air !!! Ici, on porte le maillot plutôt léger… C’est un hymne à l’amour… Et des adolescents jouent au ballon… les cochons !

« Nino !... Nino !... réveille-toi ! ». Jack secoue gentiment Nino. Son ami, les yeux embués par l’herbe et l’alcool, émerge enfin. Il est sept heures du matin. Il ne se souvient de rien. Et Jack lui explique : il a rejeté Sonia en disant qu’il ne vivait que pour Sandra. Ça, les filles, elles n’apprécient pas !

Quatrième matin… Le vrai, cette fois. Nino, complètement dessoulé après trois séjours intempestifs aux toilettes et deux Cappuccino bien serrés, se décide à appeler Sonia qui, comme de bien entendu, n’est pas là. Dix heures, il commande un blanc-cassis, puis un deuxième, puis un troisième. Bonjour la déchéance du héros ! Mais il s’en fout : il se sent bien. Il vient de passer une nuit épique, pour lui épique, et c’est ce qui compte.

Au Juke-Box, une chansonnette des temps passés… Et c’est la magie de la musique. Nino se met à danser dans le bar miteux face à de vieux alcooliques emmitouflés. Et c’est la valse des « de mon temps », « y a plus de jeunesse », et autres refrains effrayants. Nino, jeune déluré, ne réalise pas que ces vieux cons vont l’assassiner. Ou il le réalise trop bien. Alors, dans un sursaut, il les invite à partager son intensité. Spectacle incroyable : tout le monde du petit troquet aimablement nommé « Les Édentés » se met à s’enflammer. Un jeune roquet a pansé les plaies. La musique a fait le reste.

Il est midi passé. Nino, quelque peu abruti par tant d’événements, n’a qu’une envie : aller se coucher. Fondu enchaîné. Et Nino se retrouve, ensommeillé, à la fin de l’après-midi… Il a envie de tout raconter, mais à qui ? Il est là, face à la page blanche, et il se sent seul, désespérément seul… La musique le tire de son angoisse pour le plonger dans une sombre démence. C’est le moment des tristes réflexions. Rien ne va plus. Et Nino attend impatiemment la prochaine sortie.

Sixième soirée. Car, la veille, Nino a préféré rester seul, il avait eu sa dose – bonne dose ! – d’émotions. Ce soir, Nino sonne chez Sonia. Il est dix heures. Les cloches résonnent dans la nuit froide. Sonia daigne lui accorder un entretien. Nino explique… il avait bu, il n’était plus lui-même : la même explication classique et fort lamentable ! une lâcheté typiquement masculine. Sonia, amoureuse, accepte ses doléances. Ensemble, ils vont à la frontière de la ville sans nom, en banlieue, là où une petite rivière coule… Tout y est si simple ! Mais Nino ne sent pas son bonheur. Plus tard, il regrettera cette soirée sur les rives désertes de la rivière… Pour le moment, violent, il arrache les vêtements de Sonia et, dans la nuit glacée, lui fait le coup des vieux amants. Nus, ils s’abandonnent au mirage du sexe.

Mais tout ne s’arrête pas à une coucherie ! Ce soir, c’est Noël. Sonia, pragmatique femme, a prévu le Champagne. Et tous les pochards de la campagne en profitent pour rappliquer ! On fait un feu, on boit beaucoup, on brûle un mouton… Ah ! Y a plus de saisons ! Des couples se forment et se déchirent, au son des violons. Ça fornique de partout. Nino, pourtant obsédé de la fesse, en est écoeuré. Il pleure, tandis que Sonia lui fait quelques gâteries. Les violons se sont tus. C’est l’heure des poisons. Et Nino fume beaucoup de Haschich. Il boit aussi pas mal de Bière. Où est passée la pureté ? la naïveté ?

Jack… tiens ! on l’avait oublié ! Jack, comme par hasard, est là ce soir. On ne saurait manquer la sixième ratée ! Et, autour du feu de camp, les boy-scouts dépravés courent partout !... Mort aux complexes ! Jack et Nino se livrent à des jeux malsains, en sifflotant « Jingle Bells »… Les coquins ! On parle, on parle, et ça brûle les âmes charitables. Le traîneau de Father Christmas dépasse celui de Santa Claus dans une course endiablée…

Sixième matin…Nino a peur. Où est-il ? Ne devait-il pas prendre un train pour rentrer chez ses parents, dans une autre ville sans nom mais où – là- au moins il y avait une belle rivière. C’est ainsi. On n’y peut rien faire.

Gâchis. Putain de gâchis. Encore une semaine de gâchis. Allons donc ! Ce soir, Nino va s’embrumer au bar des paumés, des ratés. Ce petit-bourgeois va s’encanailler avec les fripouilles des bas-quartiers…

Et Nino fait le compte… Il se souvient… Le feu craquèle dans la cheminée du paternel. Ici, tout est si calme : all is so quiet ! Voyons. Nulle crainte extérieure. Le mal est bien à l’intérieur. On est bien parti pour un voyage au sein du monde trafiqué et névrosé de demain, celui que Papa voyait comme un p’tain de lendemain qui chante. Il pleut sur la ville et Nino, larmoyant, prend le ciel à témoin. Le monde est cruel ! Pire qu’un sac poubelle !

Mais la musique du film de sa vie entraîne Nino. Inexorablement. Il allume une cigarette dans la rue des souvenirs. Sandra… Sandra… Où es-tu ce soir ? Ce serait si simple que tu viennes à moi, fondu enchaîné, on est sur la plage, au soleil couchant, les mouettes gueulant.

Le monde tourne mais Nino se détourne. Un petit Casanova des bacs à sable. Le soir venu, il s’habille tout de noir et plonge dans les frayeurs des braves gens. Un vampire d’aujourd’hui qui suce la sève de nos vies. Il s’éprend de la Mort afin de conjurer le sort. L’acte final n’est plus très loin. L’araignée se rapproche de l’airain. Et court le cheval dans la pénombre. Nino, cavalier noctambule, écume une dernière fois les bars du vieux bazar. Il ne regrette qu’une chose : Sandra ne lui a jamais donné de baiser.

Dans la grotte où il repose, Nino a le cœur ouvert. Il saigne de la vie qu’il n’a su avoir, de l’amour qu’il n’a su donner. Un instant magique… Les lèvres de Sandra se joignent aux siennes… Mais le Commandeur veille !... Le voyage prend fin. Le lapin est abattu, sauvagement, par le chasseur qui a faim. Faim de sang. C’est l’extase. La Mort est venue. La Mort est partie. Adios donc ! Ultime requiem, ridicule en un tel moment.

Nino n’est plus. La Néo-Décadence l’a brûlé définitivement… Huitième soir. Père sait que Nino n’est plus. Demain, c’est l’enterrement. Et le mot fin me brûle les mains… Adieu donc ! Et à demain !

Clermont-Ferrand, le 2 novembre 1992.


Petites explications… J’ai donc écrit ce texte en 1992… Heureux temps où j’étais mince et beau, presque marié à Sophie… Mais, bon, tout n’était pas si rose… Sandra, c’était le nom de mon amour de quand j’étais adolescent. Sonia, j’en ai pas connue. C’était probablement un mix d’Isabelle, Nathalie, Sophie… mes trois histoires de quand j’étais un jeune homme. La ville sans nom et sans rivière, c’est bien sûr Clermont-Ferrand où j’ai fait mes études. La banlieue avec une rivière, c’est Aubière où j’ai effectué en 1992/93 mon stage de CAPES. L’autre ville sans nom avec une rivière, c’est évidemment Moulins-sur-Allier, la ville de mon enfance et de mes années lycéennes. Jack, c’est peut-être Christophe D., mon condisciple de Faculté d’Histoire, un type étrange qui ressemble vaguement à Houellebecq, un gars dont j’ai perdu la trace depuis plus de dix ans. J’ai retapé ce texte, sans toucher même une virgule (surprenant de constater que, treize ans après, j’écrirais exactement les mêmes phrases) dans la nuit du 14 au 15 octobre 2005. Depuis ce court récit, rédigé en 1992, je n’ai rien écrit sinon quelques insipides poèmes et une récente tentative de blog. J’espère que l’inspiration reviendra, même si je sais qu’elle est synonyme, pour moi, de torture… J’espère aussi, bien sûr, chers lecteurs, que ce texte ne vous aura pas trop ennuyés et vous aura fait percevoir le « glauque » (comme avait dit un ami d’alors, Jérôme B., fan de « Twin Peaks ») de la vie d’un étudiant ordinaire dans les Années 1990 au cœur de la France profonde…

La Cartons Attitude

Tout d'abord, avant de causer de moi... euh... de moâââhhh... je ne résiste pas à l'envie de commenter un peu l'actualité... Hier, mercredi 12 janvier, j'étais bloqué chez moi parce que j'avais la crève (bien sûr, je choisis le jour où il fait grand beau !) - ce qui m'a d'ailleurs permis de m'avancer dans mes cartons... voir plus loin ! - et j'ai pu passer un peu de temps à regarder les actualités, chose que je n'avais plus faite avec attention depuis plus d'un mois... J'avoue que j'avais été saturé des analyses sur les événements des banlieues et les généralités sur les jeunes tous racailles, Sarko qui appelle un chat un chat (en quoi nommer - ou ne pas nommer - telle ou telle personne, telle ou telle chose, dispense d'être intelligent et respectueux du genre humain et dispense de l'action ?), le niveau qui baisse, le retour de l'apprentissage, et pourquoi pas une bonne guerre pour canaliser tout ça voire le retour des colonies puisque la France, dans un élan étonnant, pour ne pas avoir à regarder son présent, se mord le nombril (très souple !) entre centenaire la loi sur la laïcité et colonisation négative ou positive (je ne savais pas que les historiens devaient "juger" le passé !...), sans parler de la grippe aviaire qui devait submerger la planète avant de passer au rayon des infos oubliées suite aux émeutes en banlieue... Autre raison qui me faisait ne plus m'intéresser à l'actualité : j'avais mes répétitions de théâtre qui m'ont pris beaucoup de temps, d'énergie et d'émotions.
Hier, donc, j'ai pris le temps de regarder le journal T.V. et j'ai bien ri ! Info à la une : Johnny va devenir belge. Toutes chaînes confondues, c'est le titre du jour... La France va mieux ! On perd notre Johnny ! Deuxième titre, Nicolas et Cécilia sont de nouveau ensemble... A ce propos, je me demande bien comment ce Sarkozy peut provoquer tant de haine ou d'admiration. Pour ma part, je n'éprouve qu'indifférence devant cet arriviste à la petite semaine. Peut-être suis-je le seul à ne pas m'enflammer (hm ! mot mal choisi !) pour Nicolas... Bon, en tout cas, content pour lui, ou pas d'ailleurs... Quelle info ! Troisième titre, les soldes, avec les images de fous furieux courant dans les magasins, achetant des objets dont ils n'ont pas besoin parce que "ce sont des affaires exceptionnelles"... Belle image de notre société que nous renvoie le téléviseur !! On passera sur les autres infos... Un ex otage en Irak libéré très discrètement et sans accueil triomphal du Président... Espions, vous avez dit espions ?... La grippe aviaire qui tue en Turquie, tout de suite des images de la Chine : cherchez la proximité géographique ! Remarquez, Turquie, Chine, c'est la porte à côté... Bref, le monde reste égal à lui-même... C'en est presque rassurant... C'est comme les bons vieux soaps U.S. : vous pouvez rater cenq cinquante épisodes, vous comprenez quand même l'histoire...
Venons-en à ma petite vie... Après-midi à faire des cartons... C'est bien, les déménagements, ça permet de faire du tri et même, tout simplement, de savoir ce qu'on a... C'est comme un inventaire... J'ai mis au fond d'un carton mes C.D. de chants corses pour ne pas les écouter pendant quelques semaines, tant que j'ai un peu la nostalgie de "Là-Bas". D'ailleurs, Isabelle m'a envoyé un SMS insistant pour que j'arrête les chants corses et que je me mette à Annie Cordy... Bon, pour la première partie de la proposition, ok, pour la seconde, je n'écouterai pas une chanteuse belge qui est peut-être à l'origine du départ de Johnny... Arghhhh ! J'ai aussi eu un SMS du Doctor Freyd (qui n'a jamais aussi bien porté son nom) me conseillant d'arrêter un peu ce vague à l'âme par rapport à la Corse et me disant "je sais, Moulins n'est pas la Corse"... Ce qui n'est pas plus mal... Imaginez qu'on vous dise : bon, cette après-midi, je vais faire un tour Plage d'Allier... ou que le Jacquemart soit une tour gênoise... On jaserait, ça causerait des problèmes !! Bref, je me suis délecté à ranger CD, DVD et livres... et surtout à enlever les posters et photos des murs... certains pour la xième fois... comme ces vieilles affiches de Depeche Mode et Madness ou du film "Brazil"... ces affiches sont vraiment fatiguées. Elles ne reprendront pas le chemin d'un mur et resteront dans leur rouleau pour toujours. Amen.
Côté CD, j'ai pas seulement rangé mes CD corses, mais aussi pop, B.O., etc... C'est fou, tous ces disques que j'ai et que je n'écoute pas ou plus !... J'en ai quand même gardé trois sous le coude, trois disques que j'ai redécouverts avec un plaisir non dissimulé... Tout d'abord, "Thousand Knives" de Ryuichi Sakamoto, un album de 1979... Sakamoto, un des pères de l'électro japonaise dans les Années 1970 avec le Yellow Magic Orchestra avant de faire une carrière solo en passant par le cinéma (le Capitaine Yonoï de "Furyo", c'est lui... ce film avait également été l'un des derniers où l'on vit Bowie et le premier rôle tragique de Takeshi) , puis il s'est tourné vers l'écriture de musiques de films. C'est un fou de Debussy et de jazz... Cet album est débordant d'énergie et complètement délirant... La pochette est un peu fatiguée et il m'en manque la moitié à force de l'avoir trimballé de lieu en lieu... En tout cas, c'est un import japonais et tout le monde doit pas l'avoir chez lui !! Eh ! Eh ! Deuxième album que j'ai écouté hier : "Below the Waste " d'Art of Noise (1988). Art of Noise, groupe créé par Z.T.T. comme Frankie Goes To Hollywood ou Propaganda, mais qui sut survivre à l'aventure. Un des premiers groupes à faire massivement du sampling et de l'électro pas seulement avant-gardiste. Un album très agréable d'ambiances et de morceux plus dansants... Tiens, ça me donne envie de redécouvrir leurs autres albums. Enfin (et merci Doctor Freyd !), j'ai redécouvert "Victorialand" (1988) de Cocteau Twins... Un pur bijou éthéré... Les Cocteau Twins, un groupe rare et tellement à part qui illumina les Années 1980, en tout cas de celles et ceux qui ont eu la chance de les écouter et aussi d'admirer leurs pochettes d'albums, véritables tableaux originaux...
Bref, un mercredi finalement plutôt bien rempli... Encore une journée extraordinaire, j'ai respecté mon nouveau programme. Puisque je ne suis pas sorti dehors, eh bien, je me suis échappé par la musique... Aussi par le cinéma... Hier matin, j'ai redécouvert le film "Space Cowboys"... Je n'ai pu m'empêcher de verser ma petite larme à la fin quand la chanson "Fly me to the Moon" démarre tandis que la caméra survole la lune avant de se fixer sur le corps inerte de Tommy Lee Jones qui s'est sacrifié pour ses amis. Encore un bon film de Clint Eastwood mais Kawasakid en causerait mieux que moi !!!
Demain, c'est vendredi 13, et j'ai une soirée prévue avec les collègues... Espérons que la date ne nous portera pas la poisse... J'entends déjà les violons de "Psychose"... Oups ! Et, samedi, première séance de l'année du groupe biblique animé par mon père. Thème de la séance : la Création divine (rien que ça !), avec notamment les deux récits de la Genèse sur la création du monde, un extrait de psaume, un extrait de l'Apocalypse... Il attaque fort, cette année !!!
Mille excuses pour les moments de tristesse de ces derniers jours mais vous savez ce que c'est... "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" disait Lamartine... Le sevrage d'une certaine personne s'est avéré plus difficile que prévu. Quand on passe beaucoup de moments avec quelqu'un, lorsque pour différentes raisons on le voit moins, la personne manque... C'est humain. Et qu'on ne me demande pas si c'est de l'amour, de l'amitié, de l'affection, de la tendresse, de je-sais-pas-quoi, on n'est pas toujours obligés de donner des définitions... Et puis, bon, j'ai forcément repensé à mes deux grandes histoires d'amitié de jadis, toutes deux tristement achevées... Sandrine, ma meilleure amie pendant neuf ans, à tel point qu'on nous prenait parfois pour frère et soeur, que je n'ai pas revue depuis 1995... V.A., qui occupa mon coeur pendant de longues années, de 1997 à 2001... Mais faudrait peut-être que je positive... Bien sûr, au cours d'une vie, forcément, on perd des personnes, pour diverses raisons, mais on en garde d'autres, on en rencontre même de nouvelles... Et puis, Nicolas et Cécilia sont de nouveau ensemble... Il faut positiver !!!
Allez, portez vous bien. Eteignez votre ordinateur et reprenez une activité normale...

mardi 10 janvier 2006

Que chaque jour soit extraordinaire


"- Que chaque jour compte...
- Que ce jour compte !"

Petit dialogue extrait du film 'Titanic'... On peut également citer évidemment "Carpe Diem" que l'on retrouve dans 'Dead Poets Society' ('Le Cercle des Poètes Disparus')... Pourquoi ces citations aujourd'hui ? Simplement pour faire suite à ce qui précède (logique !)... Pour combattre le retour du quotidien il faut que chaque jour soit extraordinaire (y compris éventuellement dans le désespoir... ce qui compte c'est que chaque jour soit différent et, si possible, réussi)... J'en parlais l'autre jour avec des amis : faire de chaque jour comme si c'était le dernier, pas au sens morbide du terme bien sûr, mais plutot dans le sens qu'on doit au soir de chaque journée, comme au soir de sa vie, ne pas avoir à rougir... On aura fait ce qu'on a pu... Ni remords ni regrets... chantait l'autre...

Pour ma part, je serais très content de n'avoir pas de regrets... Pour le moment, je m'en tire plutôt bien, à part une fois à l'été 2000, où invité par une certaine personne dont j'étais très épris depuis plusieurs mois à boire un dernier verre chez elle (dans un village du Cap Corse), je ne suis pas monté... Le lendemain matin, j'avais mon avion pour Moulins via Lyon et les plus belles vacances de ma vie (la dernière fois que j'allais passer des moments fabuleux avec Valérie-Anne, jeune fille de douze ans plus jeune que moi, mais ma grande amie... hélas ma passion destructrice pour elle allait gâcher et détruire notre amitié quelques mois plus tard... snif !). Bref,le lendemain matin, je me levais tôt et j'ai décliné l'invitation. Quelques semaines plus tard, j'ai écrit une lettre enflammée à la personne mais il était trop tard, l'instant était passé... Oh, bien sûr, on ne peut savoir ce qui serait arrivé, peut-être rien. N'empêche, six ans après, je me dis que je suis ce soir-là peut-être passé un peu à côté de ma vie... C'est cela un regret, je n'en ai qu'un vrai... Et j'espère n'en avoir jamais d'autre. Les remords, c'est moins embêtant. Vaut mieux avoir fait un truc pas génial plutôt que n'avoir rien fait...

Je reviens au thème de ce petit texte qui va dans tous les sens... Faire de chaque jour un jour extraordinaire... Je me permets de citer mon prof de grec, Gérard, qui m'a écrit un très gentil mail la semaine dernière : "J'espère que le fantôme de Bouzin n'est pas trop venu te tirer par les pieds tout au long de ces vacances, et que tu n'as pas trop déprimé après ces jours glorieux et intenses. Je comprends très bien, pour ma part, qu'on ait un peu de vague à l'âme après de grands moments ; j'en ai des souvenirs très précis. A cela, il n'y a qu'une vraie solution : multiplier les grands moments! Oui, je sais, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais n'oublie pas que Bouzin en "appelait à la postérité". Je suis heureux que cette expérience des planches ait été pour toi l'occasion de constater une fois de plus combien tu étais apprécié de tes amis, et pas seulement d'eux. Cela a dû te rassurer." Tout un programme : multiplier les bons moments !!!

Pour rester un peu sur le même sujet, je pense à la réaction de BdE suite à mon texte sur la Corse, se demandant qui j'évoquais quand je parlais d'illusions d'amitiés... Bien entendu, je ne parle de personne en particulier, mais bien plutôt de moi et de mon manque désespéré et désespérant de constance... dû en partie à mon manque de confiance en moi et dans les autres mais aussi au fait que je ne suis pas quelqu'un qui sait garder le cap... La chanson 'Sigh no more' (extraite de 'Much Ado about Nothing' ('Beaucoup de Bruit pour rien') de Shakespeare - voir la magnifique adaptation ciné de Kenneth Branagh !!! avec la belle Emma Thompson...) me convient tout à fait... Je n'en citerai que le début :
"Sigh no more, ladies, sigh no more,
Men were deceivers ever ;
One foot in sea, and one on shore,
To one thing constant never."
Je suis un inconstant flagrant ! Et, quoi qu'en dise Gérard, je suis un infidèle chronique...

Pour rester sur le thème des moments qui comptent, je pense à BdE me disant que le charme des répétitions est qu'elles n'aient pas lieu tout le temps, car sinon on s'ennuierait comme pour des vacances toute l'année... Personnellement, j'aime pas les vacances ni les dimanches. Mais, néanmoins, à propos de vacances, je pense à un autre Laurent (les Laurent, les Fred et les Christophe, c'est vraiment les noms de ma génération ! dans vingt ans les blogs seront remplis de Kevin et de Emma !!), Mister Lawrence... Il m'avait fait découvrir cette superbe chanson de Brassens : 'Supplique pour être enterré sur la plage de Sète'... Dans cette chanson, le grand Georges parle notamment d'un pin parasol "pin parasol de préférence"... Depuis, avec Lawrence, nous parlions toujours des "de préférence"... il y en a d'ailleurs un très beau à l'entrée de Piazza !... Surtout, à la fin de cette chanson, Brassens écrit : "Vous envierez un peu l'éternel estivant qui fait du pédalo sur la plage en rêvant, qui passe sa mort en vacances"... J'aime énormément cette idée... Et je pensais l'adapter de façon un peu plus... euh... vivante... passer sa vie en vacances... ne pas tomber dans la routine... C'est pour cela aussi que je vais d'expériences en expériences, que je n'ai jamais pu rester plus d'un an dans une association, un jour m'intéressant à la théologie, un jour pratiquant les danses traditionnelles, un jour faisant du théâtre, un jour de la gym, un jour fou de randonnées, un jour, un jour, un jour... Finalement, j'aime bien être inconstant. Ma mère me le reprochait souvent, me disant que je me lançais dans des tas de projets mais que je ne m'y tenais jamais... C'est pour ça que je ne pourrais jamais écrire un roman... C'est d'ailleurs un miracle que j'arrive à maintenir ce blog à flots au bout de cinq mois... Remarquez, mi-octobre, je voulais le balancer aux oubliettes... en fait, voilà, je ne suis pas infidèle, je suis inconstant !!! Yes !!! Et je pense en souriant à mes amis me reprochant d'être rigide... moi qui n'ai aucun principe, aucune morale, qui les ai oubliés avant même qu'ils aient quitté la pièce, eux qui sont au contraire des exemples de droiture voire de posture que j'envie un peu... Décidément, vous me connaissez bien mal, notamment les "vieux amis"...

Pour conclure, faisons que chaque jour soit extraordinaire et fuyons la morosité du quotidien morne qui lentement nous fait retourner vars la désespérance des âmes grises... bon, ça veut pas dire forcément grand-chose mais c'est une belle phrase !!!
Demain est un autre jour... Tomorrow is another Day ! disait Scarlett O'Hara. Demain n'est qu'un autre jour : "Tomorrow's just another Day", une des plus belles et plus émouvantes chansons de Madness...
De quoi demain sera fait ? On verra bien... D'ici là, portez vous bien et vivez... extraordinairement...

lundi 9 janvier 2006

CORSICA


Quand l'euphorie des représentations et l'excitation du déménagement sont retombées, quand j'ai retrouvé le quotidien de ma vie, une vérité s'est affirmée à moi... Quand j'ai appris que le poste de documentaliste au collège du Cap était toujours vacant, après avoir reçu les voeux de mes amis de Luri et de Bastia... En retrouvant les petites disputes familiales et les vexations familiales ou amicales après la douceur des fêtes de fin d'année... Quand se sont dissipées les illusions d'amitiés ou les vapeurs de soirées à refaire le monde quand on croit que tout est possible... Bref, je me suis réveillé. Chacun et chacune est retourné dans son univers et parmi les siens. Elle était finie l'alchimie des rencontres improbables et merveilleuses, et c'est dans l'ordre des choses (comme j'aime pas cette idée d'ordre des choses !!). Une évidence s'est alors à moi imposée : le Cap Corse me manque, cruellement, physiquement. C'est aussi pour cela que je repousse sans cesse mon voyage en Corse, de peur de ne plus vouloir repartir ou plutôt revenir ou je ne sais pas. La nuit, je rêve de la petite route qui mène de Bastia au bout du Cap, cette route maintes et maintes fois empruntée. Je me rappelle chaque jour des visages de mes élèves, de mes collègues, de mes amis, les odeurs du maquis, le vent qui souffle si fort, la mer tiède, les rires, les larmes aussi, et cette langue corse si vivante et si colorée... Un jour, je ne sais pas quand ni comment, je reviendrai. Pour toujours. J'en ai assez des faux semblants de la modération et de la campagne paisible. Qu'elles me manquent ces côtes déchirées à l'histoire tourmentée. Petit texte maladroit pour exprimer mon amour infini du Cap Corse, l'Isula di l'Isula...

La Corse me manque et c'est peu de le dire !...
Souvent je rêve de là-bas, souvent, souvent,
Et parfois même - je l'avoue - je délire...
Je prends le bateau comme quand j'étais petit enfant...
Je retrouve les parfums du maquis après la pluie
Les promenades au bord de l'eau, la vie sans souci...
Sûr ! Loin de la Grande Bleue, comme je m'ennuie
Et je pleure - secrètement - les souvenirs enfouis...
" Dieu et la Corse ! " disait mon grand-père...
Il avait bien raison et je traîne mon exil
En repensant à ces mille paysage, à ce grand air
Tandis que j'arpente les rues d'une morne ville...
Parfois je me demande bien ce que je fais sur le Continent :
Dieu ! Que j'aimerais reprendre le bateau
Et retrouver la Liberté, et retrouver mon âme d'enfant,
Ce pays où, miraculeusement, tout est plus beau.
Un jour viendra, j'en suis sûr, où je repartirai...
Et, alors, sûr !, je ne reviendrai jamais !!
Et je retournerai là-bas, dans ce pays merveilleux,
Et tant pis pour tous les fâcheux qui n'ont rien compris.
La Corse, c'est toute ma vie, c'est toute ma vie !
J'aime parfois des femmes mais elles me rendent toujours malheureux.
L'Ile de mes ancêtres m'appelle et m'ensorcelle
A elle seule je serai toujours et toujours fidèle.

(Nuit du 6 au 7 janvier 2006.)

En relisant, deux jours après, ce petit texte, je sais déjà que ce ne sont que voeux pieux. Je ne repartirai pas, pas cette fois, hélas. Pourtant, l'envie ne manque pas. Les déceptions sentimentales, les propos désobligeants de la famille (comme quoi mon père et moi on ne s'occupe pas de ma mère ou en tout cas pas bien... alors qu'on est les seuls présents), l'absence d'évolution de carrière (ça, c'est une caractéristique de l'Education nationale : une fois qu'on a le concours, on n'a aucune perspective de carrière sauf à changer de métier et on gravit les échelons petitement qu'on soit un prof motivé ou un feignant qui s'en fout), bref, plein de choses qui font que si ce n'était que de moi, je repartirais demain matin ou même ce soir... Mais ma mère est malade et mon père est fatigué et, maintenant que j'ai pris la décision de rentrer, il faut que je l'assume. Assumer. Devenir adulte. Pendant quelques semaines, le théâtre m'a donné l'illusion d'être à nouveau jeune. J'ai eu un peu la tête qui tourne. C'est passé. Hélas. Tant mieux. Il n'est pas bon d'avoir des illusions trop longtemps.

Mon ultime souvenir de la Corse, c'était l'après-midi de mon départ. A midi, nous avions déjeuné à une dizaine à Piazza (le hameau principal de Luri où se trouvent le collège et les commerces) pour marquer ce dernier jour... "Mon dernier Repas" comme le chantait Brel... Il y avait Soleiman (ancien élève), Gilles (collègue d'Histoire), Jean-Michel (collègue d'Histoire), Aline (collègue de Latin) et son compagnon, Patrice, Elizabeth Mazzieri (ma Principale) et son mari. Patricia (collègue d'Italien) et Ange-François (apiculteur qui travaille à l'Association Cap Vert) étaient passés me saluer. Et Pierrette Pajanacci (mon ex principale) m'avait offert un petit bijou : la Corse stylisée, en or... Je le porte depuis ce jour à mon cou. Puis ultime tour à Castellu : adieu à ma maison et à mon petit village où j'avais vécu quatre ans et demi. Descente vers Bastia en convoi. A Pietracorbara, Soleiman nous quitte. J'arrive à Bastia, escorté par Gilles et Jean-Michel. Sur le port, j'ai la joie de voir Maria (collègue de Français) qui est finalement venue me saluer. Maria, ce n'est plus un secret pour personne, j'avais eu un fort sentiment pour elle. Le temps était passé mais j'étais fou de joie qu'elle ait pu venir. Au contrôle de tickets, c'est Cathy qui s'occupe de verifier mes titres d'embarquement. Elle avait été emploi jeune à l'école primaire de Luri et travaillait maintenant à la CMN. Je garderai toute ma vie cette image de Gilles, Maria, Jean-Michel, tous trois avec les lunettes noires (on était fin août!), me saluant tandis qu'avec ma voiture (ma bonne vieille R19 qui a rendu l'âme cet hiver... elle ne supportait plus le froid de l'Allier !...) je partais vers le bateau qui m'emmenait loin de la Corse. Je n'avais plus de pellicule photo, je n'ai pu immortaliser l'instant. Il reste gravé dans mon coeur... Une fois à bord, tandis que je voyais le soleil se coucher sur le Cap, j'ai appelé mon ami Thé et envoyé moult SMS à plusieurs amis du Cap... Le lendemain soir, je déposais mes affaires à Deux-Chaises et j'allais dormir chez mes parents à Moulins avant de me présenter le surlendemain au Collège de Tronget.

C'est la première fois que je prends la peine de reparler de tout ça. Je ne sais vraiment pas quand je repasserai en Corse. Avec mes frais de déménagement, même un séjour cet été commence à être compromis... Quant à un retour définitif, c'est un rêve lointain. Mais, après tout, comme conclue Spielberg à la fin de "A.I.", on finit toujours par retourner au pays où naissent les rêves... Where Dreams are born... De toute façon, tant que je n'ai pas d'attaches sentimentales (et je suis pas parti pour en avoir en aimant soit des femmes plus âgées qui ne veulent pas refaire leur vie soit des jeunes qui n'ont pas commencé de la faire...), tout est possible. D'ici là, il me restera les rêves...

Puisqu'il est encore temps, je vous renouvelle à toutes et tous, amis de Corse, amis du Continent, mes meilleurs voeux pour 2006. L'occasion de vous redire : PACE E SALUTE ! Dans un précédent texte, où je parlais de mon grand-père paternel, je rappelais qu'il était né sur un bateau. C'est peut-être pour ça que j'ai l'impression de vivre entre deux eaux... Et, du côté maternel, c'était aussi la bougeotte... puisque mon grand-père, originaire du Nord de la France, avait d'abord gagné Clermont-Ferrand pendant la guerre puis le Maroc (où ma mère est née) avant de faire la campagne d'Italie puis de sillonner le monde comme chef d'établissement, Vénézuela, Cambodge, Antilles, avant d'aller passer sa retraite à Menton...

Portez-vous bien et j'espère à une prochaine.

jeudi 5 janvier 2006

Dans le salon de Lisette Gauthier



L'Acte I se déroule chez Lisette Gauthier (Lucette dans le texte original). C'est une petite chanteuse de variétés autour de laquelle gravitent un certain nombre de personnages, sa soeur Marceline, son imprésario Chenneviette (qui n'est pas seulement son imprésario), son maître d'hôtel Firmin, et quelques amis comme le journaliste Fontanet (qui a de gros problèmes d'haleine...) ou la semi-mondaine Nini... Au début de l'Acte I, on apprend qu'il est revenu... Lui, c'est Bois d'Enghien, son amant... qui s'était éclipsé depuis quelque temps. En fait, BdE est venu pour rompre car il doit se marier avec une jeune fille (surtout avec sa fortune) mais il a cédé aux avances de Lisette et ne sait comment se débarrasser de ce fil à la patte...

C'est le Figaro que Madame lit ?


C'est ma première scène... après environ une demi-heure de pièce... Le mercredi après-midi, lors de la première représentation, je bégayais et je zozotais... l'horreur ! Au cours de cette scène, où je suis venu prendre des nouvelles de la chanson que j'ai proposée à Lisette Gauthier, je me retrouve à attendre avec la Baronne Duverger. Voyant qu'elle lit "Le Figaro", je me permets de lui montrer un article parlant de mes créations... qui sont pas piquées des vers... entre "Il m'a fait du pied de cochon truffé" et "Moi j'pique des épingues"... c'est de la haute littérature !!

L'étrange réception de Monsieur Bouzin



Bouzin, après s'être entendu dire par le maître d'hôtel que sa chanson "Moi j'pique des épingues" était inintéressante, revient chez Lisette Gauthier parce qu'il y a oublié son parapluie... Il est plus que surpris par l'accueil chaleureux que lui réservent celle-ci et ses invités, Bois d'Enghien, Chenneviette et Fontanet...

Vous avez vu ma bague ?!


Bouzin ne comprend pas pourquoi Lisette Gauthier tient tellement à lui montrer sa bague...

Alors, pour en revenir à ma chanson ?!



Bouzin, revenu chez Mlle Gauthier pour chercher son parapluie, est surpris de l'accueil que lui réservent celle-ci et ses invités, qui sont Fernand de Bois d'Enghien, son amant, Monsieur de Fontanet, critique au Figaro, et Cheneviette, son imprésario (mais pas seulement puisqu'il est également le père de son enfant)... Il ne sait pas que tous croient qu'il a offert une splendide bague à la divette. Lui pense simplement qu'il a écrit une chanson géniale... Aussi est-il tout surpris quand Lisette lui montre ostensiblement son rubis...

Vous la trouvez comment, ma chanson ?!


Une photo que j'apprécie particulièrement... La discussion surréaliste entre Bouzin, persuadé que sa chanson "Moi j'pique des épingues" est un chef d'oeuvre, Lisette Gauthier qui croit que le dit Bouzin lui a offert un superbe rubis, et Bois d'Enghien qui tente de se débarrasser de Lisette en la précipitant dans les bras de Bouzin... J'aime ces conversations où chacun a un but bien différent des autres... La vie est parfois ainsi...

Lisette et Fernand


Nous sommes au milieu de l'Acte I. Fernand de Bois d'Enghien tente de se débarrasser de sa maîtresse, Lisette Gauthier, non sans avoir passé une dernière fois la nuit avec elle... C'est un fil à la patte qu'il ne veut plus avoir (qu'il est délicat, ce BdE !). Elle ne se doute de rien et est très amoureuse de lui... Elle ne sait pas ce qui l'attend...

Le Général Irrigua : tout un poème !!!


Juste après Bois d'Enghien, le second rôle masculin de la pièce est le Général Irrigua, un personnage haut en couleur, ex-Ministre de la Guerre dans un quelconque pays d'Amérique Latine, condamné à mort, qui s'est ruiné au jeu... Un de ces personnages hauts en couleur dont Feydeau parsemait ses pièces. Pour avoir, à l'occasion, fait la doublure d'Irrigua quand Yvon n'était pas là, je peux vous dire que c'est pas facile de jouer avec l'accent... Je profite de cette photo pour saluer Yvon, président de La Nouvelle Rampe. Ici, nous voyons l'arrivée du Général, en compagnie de son assistant, Antonio, chez Lisette et Marceline Gauthier...

Bouzin - Irrigua : l'autre couple de la pièce...




Il est des couples attendus, qui se déchirent (Bois d'Enghien et Lisette) ou qui se forment (BdE et Viviane). Il est aussi des couples improbables qui font des étincelles... Tenez, prenez un clerc de notaire qui se croit parolier et un général sud-américain en exil... Tout de suite, ce sera le coup de foudre... On peut même dire que leur association est l'un des ressorts de la pièce... L'ultime scène de l'Acte I voit leur première rencontre, plutôt mouvementée. A l'Acte II, ils ne feront que se croiser et à l'Acte III ils se succèderont dans le hall de BdE... Dans ce couple surréaliste, il y a clairement un dominant et un dominé... Hélas, votre serviteur s'est retrouvé dans la position la plus désaventageuse... On ne peut décemment être tout à la fois littérateur et bagarreur...

L'Acte II chez Feydeau...






L'Acte II chez Feydeau, tout un programme ! Le 1er acte peine parfois à démarrer, acte d'exposition pour présenter les personnages, leurs relations et les possibles évolutions... L'Acte III, assez court, conclue l'intrigue de façon parfois délirante, parfois absurde, toujours amusante. Le coeur d'une pièce de Feydeau, c'est l'Acte II, quand la machine se met en marche et que plus rien ne peut l'arrêter... "Un Fil à la Patte" en est un exemple flagrant. Nous sommes chez la Baronne Duverger. Sa fille, Viviane, qui reçoit les cours d'anglais de Miss Betting, doit épouser ce soir Bois d'Enghien, petit noble désargenté qui n'est pas arrivé à rompre avec sa maîtresse, la chanteuse Lisette Gauthier. Il a tenté de la "refiler" à Bouzin, un clerc de notaire qui se croit auteur de chansons légères, puis au Général Irrigua, ex-général sud-américain farfelu mais gentleman si l'on excepte ses coups de sang... Ce que ne sait pas BdE, c'est que la Baronne Duverger, croyant bien faire, a invité Lisette Gauthier pour assurer l'animation du mariage de sa fille. La dite Lisette venant avec sa soeur, vieille fille, et son imprésario (et père de son fils...) Cheneviette... BdE, arrivé un moment auparavant, aura eu affaire à Fontanet, journaliste à l'haleine fétide, ainsi qu'à sa future belle-mère, qui le prend pour le gendre idéal, et sa promise, qui le trouve décidément pâlichon et digne de bien peu d'intérêt... Vous avez compris ? Non ? Tant mieux : z'aviez qu'à venir nous voir ! Vous pouvez toujours vous rattraper en lisant la pièce...

Au milieu de l'Acte II


Au milieu de l'Acte II, votre serviteur fait une courte apparition. Clerc de notaire, Bouzin accompagne Maître Lantery chez les Duverger pour la signature du contrat de mariage (vous noterez qu'au XIX° on se mariait par contrat et non à la mairie, c'était plus cool, non ?!) de Fernand de Bois d'Enghien et Viviane Duverger. Dans quelques instants, le Général Irrigua (qui, décidément, en veut à Bouzin) va se mettre à me poursuivre. Je n'ai que deux répliques, mais quelles répliques !...

Lisette Gauthier s'est évanouie !



Lisette Gauthier, apprenant (par une indiscrétion de la Baronne Duverger) que le promis de la jeune Viviane Duverger n'est autre que son amant, Bois d'Enghien, s'évanouit. Tout le monde se précipite à son chevet. Le Général Irrigua tance BdE. Il aimerait bien prendre sa place dans le coeur de la divette... Tout cela est très moral. Vive le vaudeville !

Jamais je n'ai été tant aimée !!!



Les dernières minutes du deuxième acte sont un moment d'anthologie... Lisette Gauthier, qui a complètement recouvré ses esprits, décide de faire payer à Bois d'Enghien sa trahison... Elle va s'arranger pour le forcer à se déshabiller et, quand tout le monde arrivera, Baronne Duverger, Viviane, Irrigua, etc... ils découvriront un couple enlacé... Forcément, tout est rompu et Bois d'Enghien se retrouve sans maîtresse et sans femme... Pas pour longtemps puisqu'à l'acte III... En effet, la jeune Viviane, qui le trouvait bien terne et ennuyeux jusque là, découvre un homme qui plaît aux femmes et semble finalement plutôt séduisant... Sur la photo on peut voir le regard soudainement intéressé de la jeune fille... Bravo Samantha ! C'est du joli ! Toutes mes félicitations !

Faîtes cesser ce malentendu !


Bouzin ne comprend pas l'acharnement du Général Irrigua à son égard et supplie Bois d'Enghien d'intercéder en sa faveur.

Laissez nous Monsieur Bouzin !


Lisette Gauthier arrive à l'improviste chez Bois d'Enghien. Le naïf Bouzin croit qu'elle l'a suivi. Il ne lui reste plus qu'à aller attendre dans l'antichambre pendant que les amants se séparent définitivement et que Lisette est renvoyée sans ménagement. C'est d'ailleurs le seul reproche que je ferai à cette pièce : Feydeau expédie bien vite un des personnages principaux, de surcroît une femme de caractère. Y avait-il là un règlement de comptes personnel ?...

La (fameuse) scène du caleçon







Bois d'Enghien se retrouve à la porte de chez lui... et erre dans son hall en caleçon et en tricot de peau quand arrive le pauvre Bouzin (qui ne sait pas ce qui l'attend !!). Après un échange d'amabilités, BdE menace d'un pistolet (en fait un simple éventail...) le clerc de notaire et récupère son pantalon et sa veste... Le Bouzin ne se laisse pas faire et tente de récupérer ses vêtements. A ce moment BdE lui montre que le pistolet n'est qu'un accessoire de théâtre... Le clerc s'exclame "je suis joué !" et doit s'enfuir, en caleçon, dans les escaliers... C'est cette scène qui m'a tellement fait complexer et a, finalement, été cause que je commence (avec succès) un régime... Le théâtre mène à tout !... Quand je vous dis que c'est physique !!!