mercredi 26 février 2014

Petites nouvelles d'un documentaliste de lycée...

Comme promis, et profitant d'une fin d'après-midi calme, voici quelques nouvelles... comme un "bilan d'étape" après six mois dans mon nouveau poste...

Après vingt ans en collège dont plus de la moitié dans des collèges ruraux (et particulièrement cinq ans à Luri dans le Cap Corse et neuf ans à Tronget dans le Bocage Bourbonnais), me voilà documentaliste en lycée... Une autre vie... A tous points de vue...

Tout d'abord, matériellement, je n'ai plus à "faire la route"... Finie l'appréhension au lever quand je découvrais un brouillard épais qui promettait trois quarts d'heure de conduite pas forcément très agréable. Et, forcément, pas de trajet retour à faire non plus... C'est la logique même certes. Mais, concrètement c'est bien deux heures de "gagnées" chaque jour... plus la fatigue en moins... "Plus en moins"... On peut dire que je sais trouver les formules alambiquées aujourd'hui !! 

J'exerce désormais à cinq minutes en voiture de chez moi, dix minutes en bus (pris seulement quelques fois mais je me rattraperai, promis, et j'utiliserai plus les transports en commun l'an prochain !) et une demi heure à pieds (le prétexte d'un temps menaçant m'a souvent dissuadé de marcher, preuve de ma fainéantise naturelle voire proverbiale si ce n'est légendaire !). Il m'arrive même (assez régulièrement ces derniers temps) de rentrer déjeuner chez moi ou d'aller déjeuner "sur le pouce" dans un des "fast foods" de la ville... et j'avoue que j'aime beaucoup aller manger comme ça, tranquillement, rapidement, avec la radio en fond, du monde autour de moi... Je trouve que c'est une excellente coupure au milieu de la journée, un moment de tranquillité au milieu du bruit qui me plait énormément.

Mes horaires sont assez variables... J'alterne des semaines de quatre jours bien remplis et des semaines de cinq jours plus "éclatées"... Je préfère d'ailleurs les semaines de cinq jours, celles où je travaille le mercredi (j'adore les mercredis après-midi, moments de calme, l'occasion d'avancer dans le travail mais aussi de parler plus tranquillement avec les élèves), et où j'ai deux matinées et deux après-midis...

Le "temps dégagé" et le fait de travailler au milieu de livres et de nombreuses revues (une cinquantaine d'abonnements !) m'a redonné non seulement le goût de lire mais une soif de lectures, diverses et variées... Des magazines spécialisés, d'Histoire bien sûr mais aussi de sciences humaines, de mathématiques, de sciences, parfois même de littérature... Et quelques romans également mais aussi des livres d'Histoire...

Le rythme des journées est intense... Beaucoup de travail. Le CDI est très fréquenté... Evidemment, il "fait le plein" aux récréations et à la "pause méridienne"... C'est alors une véritable ruche... Plus de cent élèves parfois... Il y a aussi beaucoup beaucoup de monde à certaines heures de la journée, notamment lors des "travaux personnels encadrés" ou lorsque des élèves viennent avec leur enseignant pour effectuer des recherches. Le CDI est alors plutôt bruyant. D'ailleurs (à part les mercredis après-midis et certaines fins d'après-midi, notamment le vendredi après 17h... un vrai moment de grâce !), il y a toujours un brouhaha de fond et il faut s'habituer, surtout quand on vient du collège, surtout quand on vient d'un petit collège...

La taille de l'établissement... Depuis 1999, j'exerçais dans un établissement avec moins de 200 élèves et une quinzaine d'enseignants. Me voilà dans un lycée de plus de 1100 élèves (lycéens mais également élèves de classes préparatoires, économiques et littéraires) avec une centaine d'enseignants... Je rêvais depuis longtemps de me "noyer" un peu dans la masse et dans un "minimum d'anonymat", histoire de passer inaperçu les jours où "je n'aurais pas envie de causer"... Et c'est, je l'avoue, fort agréable de "vivre sa vie" ainsi. D'autant que, après six mois, l'anonymat est quand même beaucoup moins anonyme. Je commence à connaître un certain nombre d'élèves (comme en collège, comme partout, il y a des "aficionados" du CDI) ainsi que la plupart de mes collègues enseignants (même si, je l'avoue, il y a quelques noms qui m'échappent encore... oups !).

Autre grand changement : je ne travaille plus seul. Désormais, j'exerce en "binôme" environ les deux tiers de mon temps au CDI... Quand on a toute sa vie travaillé "tout seul dans son coin", c'est un sacré changement ! Et c'est rassurant au quotidien de savoir qu'on est deux, de se répartir les tâches, les priorités, etc...

Le CDI est riche en ouvrages et abonnements. Il y a un "coin prépas", véritable merveille pour l'amateur de livres d'Histoire que je suis. Par contre, bien sûr (comme un peu partout en Auvergne-Bourbonnais ?!), le réseau internet, c'est pas vraiment ça et, sans même parler de quelques pannes homériques, la phrase la plus employée par les élèves et les documentalistes est quand même "qu'est-ce que ça rame, aujourd'hui !"

Un mois après mon arrivée, j'ai lancé le blog du CDI... 


C'est l'occasion pour moi de régulièrement faire une "revue de presse", un moment qui me plaît énormément, histoire de me tenir au courant et de me répéter à l'envi : tiens, je lirais bien cette revue !!
 

Qu'écrire d'autre ? Ma vie a changé. Plus que je ne l'aurais imaginé...

Et, en ces temps de "morosité", en une époque où beaucoup de gens soit n'ont pas de travail soit font un boulot vraiment "pas marrant", c'est une chance de pouvoir faire ce qui me plaît, un métier épanouissant, riche, enrichissant... Bien sûr, tout n'est pas rose tous les jours, je suis parfois "sur les genoux", les élèves sont parfois plus que bruyants, il y a forcément des tensions de ci de là... Mais, au final, comme dirait Edith : "Non, rien de rien, non, je ne regrette rien !"

Sinon, ben, tout va bien... Après la Saga STAR WARS, M6 nous replonge dans les aventures de ce cher INDIANA JONES... Après LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE (le film qui a bouleversé ma vie quand j'étais adolescent !) la semaine dernière, c'était INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT hier soir... Un film cher à mon coeur... Bien sûr, il y a Indy dans des aventures invraisemblables, il y a la mythique scène d'ouverture, l'énorme clin d'oeil à STAR WARS, la bande originale somptueuse, la scène culte dans le temple (alors, ce coeur, on l'arrache ?!). Mais c'est aussi un souvenir personnel très riche... Le premier film que j'étais allé voir au cinéma avec mon ami Fred Thé... Le début d'une grande amitié marquée par une passion commune pour le cinéma et les bandes originales de films... Et puis, Indiana Jones nous a toutes et tous tellement inspirés... N'est-ce pas, Alice ?... (clin d'oeil à une ancienne élève de Luri qui poursuit des études de cinéma à Montpellier)

A propos de cinéma, le lycée où j'exerce propose une option cinéma depuis de nombreuses années... Les élèves en terminale réalisent un court métrage... J'ai fait mon premier casting (bon, y avait que moi sur le rôle, mais quand même !)... Je serai notaire (!) dans une petite scène prochainement... Mes premiers pas sur grand écran ! Attention, on ne rigole plus !

Alors, comme dirait l'autre : elle est pas belle, la vie ?!...

mercredi 12 février 2014

La magie est toujours là...

Comme me le faisait remarquer Michèle l'autre jour, M6 a rediffusé l'intégrale de la Saga STAR WARS en janvier-février, à raison d'un épisode chaque mardi soir pendant six semaines. Je n'ai pas revu à cette occasion les films des aventures des Skywalker père et fils. Il faut dire que je connais les films "par coeur" et que je les ai évidemment en DVD. Et puis je dois vous avouer que je "réserve" en ce moment mes mardis soirs à la découverte de PERSON OF INTEREST... Une série parano de haute qualité (à mon humble avis). Elle part du postulat que nous sommes surveillés par le gouvernement, plus précisément tous les citoyens de New York et environs... Mais on peut étendre ce postulat à un peu tout le monde, dès qu'on a un smarphone, un GPS, une carte bleue, et qu'on habite une ville ou un village où règne la république de la vidéosurveillance (souriez à la caméra... euh... aux dizaines de caméras...)... On est suivis à la trace désormais. Et ce n'est pas de la science fiction. Pour revenir à PERSON OF INTEREST, outre la thématique paranoïaque post 11 septembre (qui n'est pas sans rappeler HOMELAND... autre série diaboliquement addictive), on y retrouve le thème (présent notamment dans CODE QUANTUM ou LE CAMELEON) du "redresseur de torts"... ici le duo formé par Harold Fintch (l'excellentissime Michael Emerson, révélé par son rôle brillant de Benjamin Linus dans LOST) et John Reese (Jim Caviezel, le Jésus de LA PASSION DU CHRIST de Mel Gibson). On suit donc les péripéties de nos deux "héros", l'informaticien de génie et l'ancien des services secrets, aventures ponctuées de flash backs présentant pour l'un l'invention de la "machine" diabolique qui permet d'anticiper les meurtres qui vont être commis dans la Grande Pomme, pour l'autre son passé de soldat dans les forces spéciales. Une série addictive, à la fois distrayante et pas si irréaliste que ça sur le fond...

Mais, une fois découverts les deux épisodes inédits du mardi soir, mais aussi pendant les laborieuses "coupures pub", je bascule sur M6 pour regarder "ma" Saga STAR WARS... Et, ainsi, hier soir, j'ai revu la fin du RETOUR DU JEDI, le fameux et épique duel entre Luke et Dark Vador, les éclairs de l'Empereur, Darkie qui se décide à tuer l'Empereur (après avoir crié "non !", ajout à l'ultime remontage du film par Lucas, ce "non !" hurlé ne me paraît pas indispensable, il est malgré tout moins sacrilège que le scandaleux nettoyage de "E.T." par Spielberg qui remplaça les fusils par des talkie-walkie...) et la fête dans toute la galaxie pour célébrer la fin de l'Empire après l'incinération très "mythologique" (j'y reviendrai plus loin) de Dark Vador par son fils... Bon, j'avoue que je suis chaque fois peiné de ne plus entendre le fameux thème de l' "Ewok Celebration" que tous les amateurs de John WILLIAMS regrettent. Mais quel bonheur de voir les scènes de liesse à travers la galaxie et les retrouvailles Luke / Han Solo et finalement Luke découvrant Yoda entouré de son père Anakin et de Obi Wan Kenobi, enfin réunis dans l'au-delà de la Force. J'avoue que j'ai beau connaître par coeur cette séquence, je suis chaque fois ému aux larmes. A la fois parce qu'elle marque la fin de l'Empire, le retour de l'harmonie dans la galaxie, les retrouvailles de Luke avec ses amis (et sa soeur !), la paix dans la Force et aussi bien sûr parce que la fin du RETOUR DU JEDI marqua pour moi et toute une génération la fin de la Saga STAR WARS. Bien sûr, depuis, il y a eu la "Prélogie" et le tournage de la suite est en chantier et on peut aussi se rabattre sur les romans autour de la Saga... Mais, quoi qu'il en soit, l'épisode VI marquera pour toujours la fin des aventures de Luke Skywalker, le petit fermier de Tatooine devenu un Jedi qui sera parvenu à ramener son père, le terrible Dark Vador, du bon côté... Et ça vaut bien quelques larmes !

Et donc je réalise (mais sans être plus surpris que ça) que je suis toujours autant sensible à l'univers STAR WARS qui m'accompagne depuis maintenant... 34 ans... voire plus... Je me souviens, quand j'étais à l'école primaire, d'avoir vu sur les murs de ma ville les affiches de LA GUERRE DES ETOILES, et d'avoir entendu une amie de mes parents leur dire qu'elle avait vu un film bizarre et confus qui mélangeait les humains et les robots mais aussi les propos de notre instituteur nous parlant en termes élogieux de l'histoire d'une princesse et d'un méchant très méchant à l'apparence (on ne parlait pas encore de "look") vraiment menaçante. Le premier film de la Saga que j'ai découvert, et qui reste à ce jour mon préféré, est L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE. C'est également le premier film que j'ai vu tout seul. J'avais dix ans. C'était un jour de septembre 1980. Mon père était venu me chercher à la sortie du cinéma. Je me souviendrai toute ma vie de ce choc extraordinaire (plus même que la découverte des AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE quelques mois plus tard... c'est dire !). Je n'avais alors pas forcément tout compris (notamment la notion d'hyperespace) et j'étais quelque peu désarçonné à l'idée de découvrir "l'épisode V" alors que c'était censé être la suite d'un seul film (LA GUERRE DES ETOILES). Bref, la numérotation à la LUCAS me laissait déjà alors perplexe... 

J'ai plongé alors et pour longtemps (pour toujours ?) dans l'univers STAR WARS. J'ai bien sûr lu la novélisation de "L'Empire contre-attaque" puis de "La Guerre des Etoiles". Je me souviens aussi quand j'ai découvert LA GUERRE DES ETOILES (il n'y avait alors pas de DVD, très peu de VHS - les cassettes vidéos pour les jeunes... -, les films n'étaient pas forcément diffusés à la télé, où on n'avait que trois chaînes, toutes d'Etat, et bien sûr pas d'internet et donc pas de téléchargement en veux tu en voilà...). C'était dans un cinéma de Paris qui passait les deux premiers films en continu... Je suis allé découvrir "le film fondateur" tandis que mon père allait revoir "The Thing" de John Carpenter dans la salle d'à côté... J'ai découvert LA GUERRE DES ETOILES en V.O. dans une copie avec des sous-titres en français et en norvégien... Mais, bon, on ne va pas chipoter !... Quel bonheur de découvrir le film qui nous a permis de découvrir cette galaxie lointaine... [Pour l'anecdote, l'unique autre spectactrice de la séance était une punkette avec un pin's Dark Vador qui m'expliqua qu'elle allait voir le film tous les jours...] 

Pour LE RETOUR DU JEDI, j'ai commis l'erreur (que j'ai faite des années plus tard avec la série LOST) de lire moult revues qui dévoilaient les détails de l'intrigue... J'étais tellement impatient ! Je me souviens avoir réalisé (j'étais alors en classe de troisième) une rédaction - compte-rendu de ma découverte de ce film. Mon prof de français, c'était Gérard. Pour la première fois, on avait un prof qui ne méprisait pas notre culture. Car si, aujourd'hui, il est de bon ton de dire qu'on aime la Saga Galactique et l'on voit mêmes des Bobos se prétendre "Geeks" (le comble du paradoxe absurde !), à l'époque on ne parlait même pas de sous-culture. Regarder STAR WARS ou INDIANA JONES était considéré au mieux comme signe d'immaturité chronique (y compris par les gens du même âge que nous...) au pire comme la preuve qu'on était un peu attardé et qu'on manquait de goût. Les choses ont heureusement changé. Et donc, à l'époque, Gérard, lui, ne méprisait pas STAR WARS ou INDIANA JONES. C'est même grâce à lui que j'ai pu acheter la bande originale sublissime de L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE. Pour revenir au RETOUR DU JEDI, je me souviens avoir écrit (entre autres) dans ma rédaction qu'on y retrouvait des allusions à nombre de mythologies, notamment lors du bûcher funéraire de Dark Vador qui n'est pas sans rappeler les rites des Anciens Germaniques. J'avais aussi trouvé que les nombreux monstres dans l'antre de Jabba parasitaient un peu le propos du film, mais comme me l'avait fait remarquer Gérard, je m'étais laissé influencer par les critiques du magazine "Première".

Après "Le Retour du Jedi", ce fut la traversée du désert, ponctuée par la sortie au début des Années 1990 du coffret 4 CD (Sandrine me l'avait rapporté de Paris !) de la B.O. de la trilogie, signée évidemment du génial John WILLIAMS (également l'auteur de quasi toutes les bandes originales des films de Steven SPIELBERG). Là aussi, je passais au mieux pour un allumé au pire pour un type manquant totalement de goût (que ce soit aux yeux des fans de pop / rock ou à ceux des mélomanes amateurs de "grande musique"), à courir les disquaires pour trouver des disques de John WILIAMS (et d'autres B.O.). Seuls Gérard (mon maître Jedi !), mon ami Fred Thé et quelques autres comprenaient voire partageaient cette passion dévorante pour "les B.O." (aujourd'hui acceptée et intégrée par l'intelligentsia boboïde). 

C'était le temps aussi où on courait dès qu'un cinéma proposait la Trilogie... Je me souviens encore avec émotion de ce cinéma de Nice qui proposait les trois films de la STAR WARS TRILOGY d'affilée... J'étais allé les voir avec ma grand-mère Lucienne qui m'a toujours accompagné dans mes passions de cinéphile... même si elle a un peu piqué du nez pendant le troisième film...

Au milieu des Années 1990 vint le temps des "Editions Spéciales" de la trilogie fondatrice... l'occasion de redécouvrir la Saga en salle et de partager mon enthousiasme avec mes élèves... n'est-ce pas, Michèle ? Puis ce fut la sortie de LA MENACE FANTOME... Je l'ai vu la semaine de la sortie, dans un cinéma bondé de Bastia, avec la bobine qui saute (et pas d'allusions à certaines "traditions" corses, non mais !) et, je l'avoue, une certaine déception... En fait, je ne savais pas trop ce que j'attendais de cette "prélogie"... J'étais content de découvrir le Sénat Galactique mais la princesse qui change de robe toutes les trois minutes et l'affreux et antipathique Jar Jar Bings, avec son côté Disney, m'avaient somptueusement agacé. Depuis, j'ai revu mon opinion sur ce premier opus de la Saga et j'avoue que le Jar Jar me fait maintenant sourire et que la princesse sait s'habiller avec beaucoup de goût. Pour L'ATTAQUE DES CLONES, je l'ai également découvert en Corse avec mes amis et anciens élèves, Johan, Soleiman, Marine, Julie, etc... J'avais beaucoup apprécié la romance d'Anakin et de la princesse, un peu moins les scènes de monstres (mais, là aussi, j'ai changé d'avis à la "revoyure") et, surtout, quelle joie de retrouver un bon vieux méchant classieux, le Comte Dooku, alias Christopher Lee, cinquante ans (et plus ?) de cinéma au compteur et toujours présent... A la même époque, il incarnait le vilain (encore !) Saroumane dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX... Sacré Christopher !

L'attente de l'ultime épisode de la Saga fut tempérée par la fréquentation fin avril 2005 de la Convention Star Wars de Cusset, organisée par "Les Héritiers de la Force", avec mes collègues et amis, Laurent et Jean-Michel... Nous découvrions cette géniale convention (nous y sommes retournés plusieurs fois depuis : voir plus loin !). Quelques jours plus tard, à Moulins, dans un cinéma plein à craquer, nous avons découvert tous trois l'ultime (jusqu'à ce jour et jusqu'à la sortie de l'Episode VII d'ici un an ou deux) opus de la Saga : LA REVANCHE DES SITH... ou quand le Côté Obscur se répand sur la galaxie... un film noir, sombre, fort, intense, tragique, dramatique, et tout et tout... Et dont l'épilogue, après l'apparition de Dark Vador (tant attendue !), fait le lien avec le "premier" (le quatrième dans la chronologie de Geogeo Lucas... pas simple, le gars, surtout quand on doit expliquer à des néophytes !) épisode, celui de 1977, "La Guerre des Etoiles", rebaptisé "Un nouvel Espoir". Je me souviens d'avoir croisé Gérard quelques jours après la sortie, me disant que l'épisode III était son préféré. Personnellement, il vient juste après l'épisode V. 

Dans les mois et les années qui ont suivi, j'ai revu quelques fois les différents films, notamment lorsque j'ai fait découvrir la Trilogie (et non encore la Prélogie, à part "La Menace Fantôme" en 3D... les lunettes m'ont donné bien mal à la tête !) à ma douce et tendre. J'ai aussi lu quelques livres tirés de "L'Univers Star Wars", mais finalement assez peu. Et pourtant j'en ai acheté pas mal... Ils font partie de ces nombreux livres évoqués dans mon précédent "post" et qui s'entassent chez moi et que je regarde en me disant : "Faut que je m'y mette !" D'autant que les romans Star Wars que j'ai lus m'ont tous plu : "Dark Maul, l'Ombre du Chasseur", "Vent de Trahison", "Dark Lord : L'Ascension de Dark Vador" ou encore l'excellent "Les Ombres de l'Empire". Je profite à cette occasion pour remercier Fred alias Docteur Freyd alias Kawasakid, qui est un grand lecteur (entre auteurs) des romans de "L'Univers étendu Star Wars" et m'a initié à cet univers...

Enfin, depuis quelques années et presque tous les ans, je me rends donc à cette Convention Star Wars de Cusset avec Laurent (devenu depuis un Scout Trooper émérite !) et Jean-Michel. Sur ce blog, ceux que ça intéresse trouveront quelques photos de nos visites intergalactiques... Je garde notamment un souvenir réjoui de la rencontre avec Anthony DANIELS, alias C3PO (l'ex Z6PO de la première trilogie...), qui s'exprimait dans un français parfait... Cette année, l'invité d'honneur est Jeremy BULLOCH alias le redoutable chasseur de primes BOBA FETT... Plus d'informations sur le site des Héritiers de la Force :

Bref, tout ça pour dire que plus de trente ans après ma découverte de l'Univers STAR WARS... la magie est toujours là et c'est vraiment la force de George LUCAS d'avoir créé une mythologie si riche et qui restera, probablement pour plusieurs générations, dans l'imaginaire collectif... Et ils ne sont pas nombreux à avoir atteint cet objectif cyclopéen... Ils doivent être deux au XXème siècle, LUCAS et... TOLKIEN... D'autres auteurs, cinéastes, écrivains, ont créé des univers, écrit des oeuvres mondes mais aussi riches et aussi universellement partagées, je crois que l'Empire Galactique et la Terre du Milieu font quand même figure d'exceptions génialissimes et (pour le moment) indépassables... [Je ne parle pas des créateurs de personnages "phares" qui eux sont plus nombreux... Parmi eux, et dans ceux qui "m'inspirent", je citerai Sherlock Holmes, James Bond, Mulder & Scully et bien sûr... Indiana Jones... créé par George Lucas et Steven Spielberg... décidément !]

Que la Force soit avec vous !

lundi 10 février 2014

Premiers pas dans la Comté...

Avant tout, il faut que je vous avoue quelque chose... J'ai peur de lire ! Ne souriez pas ! Ne riez pas ! Imaginez... Quelqu'un qui a "peur" de lire... Et de surcroît un documentaliste dont le métier est (pour partie) de vivre au milieu des livres... Que dirait-on d'un comptable qui a peur des bilans annuels ou d'une infirmière qui blêmirait à la vue du sang ? Remarquez, j'ai connu un médecin qui avait peur de regarder une blessure et qui avait des tendances hypocondriaques affirmées...

Mais revenons à ma peur de lire. Le terme est un peu excessif, l'expression est probablement malheureuse. En fait, les livres m'impressionnent, presque à la façon d'objets magiques, religieux, sacrés. Du coup, j'hésite souvent à en entamer la lecture. Particulièrement pour ce qui est des romans. Les livres m'impressionnent et, du coup, je n'ose pas "entrer dedans", comme si j'étais intimidé à l'idée d'effleurer l'univers intime d'un auteur. Car un livre n'est-il pas la porte d'entrée vers l'intimité de son auteur ? Et ce, quel que soit le genre du livre, que ce soit un essai historique, un roman policier, un recueil de nouvelles. L'auteur y mettra toujours beaucoup de lui-même. 

Enfin, bon, on pourrait théoriser des heures sur ma "peur de lire". Un psy y trouverait peut-être même une cause oedipienne, avec une mère prof de lettres classiques et un père qui répétait et répète toujours à l'envi que la meilleure des consolations est la lecture. Peut-être mon "refus" de lire était-il le dernier acte de révolte d'un adolescent qui n'a pas fini de grandir et de s'accepter...

Une autre raison, bien plus triviale, au fait que j'ai peur de lire, notamment des romans, est que je suis lent et enclin à m'endormir rapidement... Je lis lentement. En tout cas quand je lis par plaisir. Pour raisons professionnelles, j'ai appris à lire vite, à parcourir, à trouver rapidement les infos dans un texte... Du coup, quand je lis par plaisir, je lis plus lentement, et même trop lentement. J'ai tellement peur d'oublier des mots, des idées, qu'il m'arrive de relire plusieurs fois la même page jusqu'à en oublier le sens général et sa place dans l'histoire... En outre, comme je n'aime lire qu'allongé dans mon lit sous ma couette, il m'arrive de m'endormir alors que je lis... Et je n'aime pas ça car, quand je me réveille, je dois repartir de zéro... Oups ! 

Bref, tout ça est très passionnant... En tout cas, je n'ai pas lu un seul roman de septembre 2010 à novembre 2013. Du coup, je comprends aisément les appréhensions que peuvent avoir mes élèves, jadis les collégiens et maintenant les lycéens, devant "un livre à lire". Je ne peux me contenter de leur dire, comme dans un fameux sketch : "Il faut lire !" Ce n'est pas si simple.

Un livre, ça s'apprivoise. La lecture est un plaisir exigeant, parfois même une activité vitale (clin d'oeil à Gérard). Et c'est vrai aussi que, si je ne lis pas pendant de longues périodes, c'est peut-être parce que je sais au fond de moi que quand "je me jette enfin à l'eau" c'est pour des heures et des jours et parfois des semaines, oubliant toutes autres activités, plongeant avec délectation dans l'univers d'un auteur, quel que soit - je me répète - le type d'ouvrage...

Et puis, si la lecture peut être la plus douce des consolations et la plus délectable des distractions, je me dis également (et j'ai souvent dit à mes élèves en "cours de méthodologie") que si toutes les réponses ne sont pas dans les livres (et fort heureusement !), les livres peuvent nous aider à réfléchir. Je pense bien sûr ici aux textes des philosophes. Mais pas seulement. Les histoires, que ce soit les mythes de jadis (j'ai toujours été passionné par la mythologie) ou les contes d'autrefois, ou donc les romans et nouvelles d'aujourd'hui, chaque texte nous apporte les pensées de son auteur, sa vision du monde, ses interrogations...

Enfin, à voir tous ces livres s'entasser chez moi (car si je n'ai pas lu pendant des années j'ai acheté des tas de livres, et pas seulement des atlas historiques, dans la même période !), je me suis dit qu'il fallait vraiment que je commence à les lire, si je voulais avoir l'opportunité d'en lire ne serait-ce qu'un dixième avant que ne vienne un jour la grande faucheuse pour sonner la fin de la récréation. Eh oui... En toute sérénité, je me dis que le compte à rebours a commencé... Il démarre, certes, le jour de la naissance mais il s'accélère après quarante ans, quand on prend conscience qu'on attaque la deuxième mi temps. Certes, je suis très loin du coup de sifflet final (enfin... j'espère !) mais je sais que le temps m'est désormais compté et qu'il faut que j'arrête de le perdre...

J'ai donc repris la lecture de romans en novembre dernier... après des heures passées à regarder ma bibliothèque fournie en ne sachant pas par quel livre j'allais "attaquer" (je fais la même chose avec mes CD et mes DVD et souvent je ne sais pas trancher et je reste dans le silence à attendre de me décider !). J'ai finalement opté pour un livre dont je connaissais l'intrigue car j'en avais vu moult fois l'adaptation cinématographique et aussi parce que je n'avais jamais lu de roman de cet auteur. Il s'agit de "La Ligne verte" de Stephen KING. Par la suite, en novembre-décembre 2013, comme si je voulais "replonger" dans "mes classiques" avant de "naviguer au large", j'ai dévoré un recueil de nouvelles, "Paradoxe perdu", du génial Fredric BROWN, puis je me suis tourné vers mon cher Robert SILVERBERG. D'abord un recueil de nouvelles SF uchroniques (j'adore le genre de l'uchronie) : "Le Nez de Cléopâtre", puis un récit mythologique (tiens... tiens...) : "Le dernier Chant d'Orphée". Pour me détendre, je suis allé voir mon ami James Hadley CHASE, grand auteur de séries noires, dont les titres sont toujours parlants : "Le Requiem des Blondes"... On y trouve des détectives miteux et des gangsters pas très malins et des jolies secrétaires. C'est efficace et distrayant ! J'ai aussi lu "La Vague", "Hannibal Lecter : Les Origines du Mal" et "Le Rôdeur" (un petit polar).

J'ai plus lu en deux mois qu'en quatre ans ! Puis plus rien pendant deux mois (je ne compte pas ici mes revues d'histoire et de géographie, même si j'avoue que même là j'ai un peu laissé tomber et mes "Carto", "Religions & Histoire" et autres s'entassent sur ma table de nuit...). Il faut dire, comme je l'ai écrit dans des précédents "posts" que j'avais à faire avec "Le Seigneur des Anneaux".... Après avoir passé du temps avec les films de Peter JACKSON, il était logique que je me tourne vers l'auteur créateur de cette "oeuvre monde" : J.R.R. TOLKIEN.

Là aussi, j'ai louvoyé... J'ai "surfé" sur le net à lire des articles de wikipedia et de divers sites consacrés à la Terre du Milieu, j'ai lu des articles de revues littéraires (moi ! l'inculte absolu en littérature [en tout cas en "vraie" littérature], parcourir "Lire" et le "Magazine littéraire"... enfer et damnation !) et j'ai parcouru les préfaces des livres de TOLKIEN que j'avais achetés... Puis, ce week-end, après d'ultimes tergiversions (comme en ce moment alors que je vous écris : j'étais parti pour vous parler de ces textes lus et mon préambule a pris toute la place !), je me suis tourné vers le recueil "FAERIE", qui contient, outre l'essai "Du Conte de Fées" (que j'ai hâte de dévorer car l'étude des contes de fées était un sujet que j'aimais évoquer avec les collégiens !), trois histoires... que j'ai donc lues...

Tout d'abord "Le Fermier Gilles de Ham", un conte pittoresque et picaresque, présenté comme une vieille légende du "Petit Royaume" (quelque part en Angleterre...). C'est très drôle, anachronique et plein de clins d'oeil. Puis "Smith de Grand Wootton"... Un joli conte féérique, l'histoire d'un homme qui découvre le pays de Faërie... J'ai découvert que c'était le tout dernier texte paru du vivant de TOLKIEN.

Le dernier texte que j'ai lu est la nouvelle "Feuille, de Niggle". Un texte poétique et très émouvant. Pour la première fois depuis des années, j'ai versé des larmes en lisant un livre... L'histoire est celle de Niggle ("pinailler" en anglais : le philologue TOLKIEN aime à jouer avec les mots !), peintre perfectionniste mais quelque peu velléitaire... Il va abandonner tous ses tableaux en cours pour une "grande oeuvre" très personnelle qui l'obsède : la peinture d'un Arbre, qui était au départ la représentation d'une seule feuille mais l'oeuvre a "enflé", une peinture qu'il aimerait achever avant de partir pour un voyage qui se veut définitif. Mais Niggle est constamment perturbé dans sa réalisation par les contingences extérieures et notamment son voisin Parish (Monsieur Paroisse !). Un jour viendra où Niggle devra partir, abandonner sa toile et se retrouver dans un étrange Asile après un voyage en train... Il y a dans cette nouvelle des accents de Boris VIAN ou de KAFKA. On pense également (ne riez pas !) au final de "LOST" (ceux qui l'ont vu comprendront). C'est un texte superbe et fort, à lire sans délai, d'autant qu'il ne fait qu'une vingtaine de pages...

J'ai donc (enfin) fait mes premiers pas dans la Comté. Je suis certes entré dans l'univers de TOLKIEN "par la petite porte" et je n'ai pas encore rejoint la Terre du Milieu mais j'ai déjà franchi les frontières du pays de Faërie... et c'est un pays merveilleux où je reviendrai souvent désormais !

vendredi 7 février 2014

Petit portrait chinois historique...

Une chose que j'aime bien faire, à l'occasion, est de répondre à des questionnaires plus ou moins de personnalité, genre questionnaire de Proust ou "portrait chinois"... C'est un prétexte à parler de soi, parfois de façon originale, et quand on archive ces questionnaires (comme je le fais par le biais de ce blog) on peut constater au fil des années combien on a pu évoluer (ou pas).

Alors, dans le genre portrait chinois, je vais tenter un portrait chinois sur le thème de l'Histoire...

J'ai trouvé les questions sur un site dédié aux portraits chinois :



Si j'étais une année historique ?
Soyons original : 1515 !

Si j'étais un ancien empereur ?
Auguste, le premier empereur romain.

Si j'étais un ancien roi de France ?
Pas trop de sympathie pour les rois de France. Je dirai Louis XVI, par défaut. C'était plutôt un brave type qui était là "au mauvais endroit au mauvais moment".

Si j'étais un président de la république française ?
Le premier d'entre eux : Louis-Napoléon Bonaparte. La France ne s'est d'ailleurs toujours pas remise de cette "expérience" de république personnelle puis dictatoriale : on a de nouveau un président "tout-puissant" depuis la création de la Vème République. Pour notre plus grand malheur.

Si j'étais un ministre du gouvernement ?
Quel gouvernement ? On dira Simone Veil.

Si j'étais un homme politique ?
Léon Trotsky.

Si j'étais un parti politique ?
Aucune idée ! Joker !

Si j'étais une découverte ?
La pénicilline, bien évidemment.

Si j'étais un explorateur ?
Henry Morton Stanley, pour avoir le plaisir de dire : "Mister Livingstone, I presume ?"...
Plus sérieusement, je n'ai pas trop réfléchi à la question. Je dirai James Cook.

Si j'étais une guerre ou une bataille ?
La Guerre de Sécession, the Civil War en version originale. Une véritable boucherie, probablement la première "guerre moderne" (avec la guerre de Crimée), la guerre à ce jour qui fit le plus de victimes parmi les Américains. On dit également, à juste titre, que la Guerre de Sécession est l'événement fondateur de la nation américaine.
Quant à la bataille, je resterai sur le sol américain. Il s'agit de la bataille de Little Big Horn.

Si j'étais une révolution ?
La Révolution française. Soyons fous !

Si j'étais un événement historique ?
1453 : la chute de Constantinople. La fin d'un époque et le début d'une autre...

Si j'étais une ancienne civilisation ?
Les Minoens... depuis que j'ai découvert le palais de Cnossos quand j'avais dix ans !

Si j'étais une légende historique ?
Le Déluge, bien évidemment ! Un événement "fondateur", commun à toutes les mythologies.
[Même Tolkien incorpore le Déluge dans sa mythologie de la Terre du Milieu avec l'engloutissement de Numénor.]

Si j'étais une période historique que j'aurais voulu vivre ?
Probablement le Moyen Age. C'est une période tellement riche et variée, injustement décriée sous la Renaissance et par les "philosophes des Lumières".

Si j'étais une femme historique ?
Cléopâtre !

Si j'étais un homme historique ?
Jules César !

Si j'étais un dictateur ?
Jules César. Bis repetita.

Si j'étais un pharaon ?
Akhénaton, le pharaon hérétique.

Si j'étais une invention ?
L'invention de la poudre à canon... une invention explosive !

Si j'étais un prix Nobel ?
Le prix Nobel de littérature pour faire comme Sartre et le refuser !...

Si j'étais une ville antique ?
Babylone ! Pour me promener dans les jardins suspendus mais aussi entonner l'hymne "By the river of Babylon", qui n'est rien d'autre que le Psaume 137 (136), le psaume des exilés.

Voilà. C'est "tout" pour aujourd'hui... A vous de jouer !

lundi 3 février 2014

Pourquoi avais-je arrêté d'écrire et pourquoi écrire me gêne-t-il encore autant ?

J'ai toujours "aimé" écrire mais, en même temps, j'en ressens une certaine gêne voire plus. Comme une culpabilité à prendre du plaisir à une pratique qui serait quelque peu honteuse. Pourquoi ? Je ne sais... J'ai souvent "envié" toutes ces personnes qui utilisent la création artistique (entre autres l'écriture) pour se détendre. Pour moi, j'ai toujours plus ressenti "ce besoin d'écrire" comme une souffrance ou une mission, pas comme un hobby et un plaisir.

Je me souviens qu'enfant j'écrivais quelques poèmes. En sixième, j'avais écrit une nouvelle mythologique et l'avait montrée à ma prof de dessin (parce que je la trouvais sympa), qui s'était empressée de dire à ma mère (sa collègue) que je devais avoir un "problème" pour écrire comme ça... J'avais donc arrêté l'écriture un temps. Puis j'avais pratiqué quelque temps le "journal intime" jusqu'à que je lise dans un ouvrage fort sérieux qu'écrire un journal intime était un signe de névrose typique de l'adolescence, les expressions "masturbation intellectuelle" et "nombrilisme" y étaient d'ailleurs abondamment soulignées (les psys font du mal avec leurs termes définitifs !). Je me souviens du jour où j'ai jeté tous mes cahiers dans les égouts, les jugeant indignes même pour la poubelle...

J'ai ensuite, pendant un temps, "commencé" des nouvelles. J'étais très dilettante (reproche permanent adressé par ma mère, mon père lui considérait qu'écrire était l'expression de ma mégalomanie maladive) et je "commençais" beaucoup d'histoires. J'ai toujours été doué pour les titres et les premières phrases mais ça ne fait pas un texte ! J'ai malgré tout fini quelques nouvelles, souvent marquées par l'idée du suicide puis par l'artifice du rêve. Je les faisais lire à mes amis et à mon professeur préféré, Gérard. J'avais l'impression d'être vivant. J'ai également rédigé un récit, en 1985, où je racontais une semaine de camp vidéo à laquelle j'avais participé et dont je ne voulais jamais oublier les moments si riches (ah ! les propos définitifs de l'adolescence !). 

Un jour, j'ai fait la bêtise (encouragé par mes amis et même par mon père... une des rares fois dans ma vie) de participer à un concours de nouvelles. J'en ai envoyé deux (dont une tapée par une amie en un week-end... il n'y avait pas alors de logiciel de traitement de textes, en tout cas pas pour le "grand public"). Je préfère ne pas me souvenir des mois d'attente de la réponse fatidique et du jour où je l'ai reçue. Le message était lapidaire, me reprochant notamment de ne pas savoir décrire une émotion musicale. J'ai arrêté d'écrire des nouvelles, sauf une fois en 1992 (par jeu plus que par envie ou besoin) :

Je me suis tourné avec passion vers la poésie que je pratiquais déjà auparavant. J'écrivais sur tout et tout le temps. J'étais plutôt doué. Je pouvais écrire un poème en une dizaine de minutes, un sonnet en une heure... Là aussi, je faisais lire mes textes à mes proches voire plus. On avait créé "un courant" avec plusieurs amis ("La Néo-Décadence"). On tirait une petite publication, on avait envoyé nos textes à des émissions de télé ("L'Assiette anglaise" nous avait cités !). Bref, tout partait bien. Puis vint le temps de copains qui ont fait un numéro pirate de textes en utilisant le nom sans demander aux autres. J'en ai été malade. J'ai même alors tenté de mettre fin à mes jours et je me suis retrouvé à l'hôpital pour un lavage d'estomac, avec ma mère à mes côtés. 

Par la suite, j'ai encore écrit des poèmes mais tout seul et pour un cercle plus restreint puis pour des personnes en particulier (mais les textes pouvaient être lus par tout le monde, ce n'était pas des textes "intimes"). Progressivement, je me suis rendu compte que j'avais besoin de l'alcool pour m'exprimer. C'était compliqué. J'ai fini par tourner un peu en rond. Et j'ai arrêté d'écrire des poèmes (pour le plus grand bien de la poésie !) à la fin des années 2000.

J'ai trouvé un autre mode d'expression avec le blog fin 2005 mais internet, c'est aussi les critiques rapides et définitives et parfois gratuitement méchantes (certains commentateurs, dont un ancien ami proche, me demandant de me tuer parce que j'écrivais mal !).

J'ai expérimenté un autre mode de création, à mon avis plus intéressant, via le théâtre, d'abord en jouant (avec la troupe de La Nouvelle Rampe) puis, après la mort de ma mère (je ne me sentais plus alors de monter sur scène),en pratiquant la mise en scène dans le collège où j'exerçais. Mais cette page est derrière moi.

J'ai, par la suite, écrit de moins en moins, par peur notamment qu'on veuille "lire à travers les lignes" dans mes textes. C'est toujours compliqué de "publier" (c'est-à-dire de "rendre public") un texte. Non seulement on est exposé à la critique mais également aux interprétations. De même que chacun(e) d'entre nous accueille différemment n'importe quelle oeuvre (une chanson, un roman, un film, un poème, un tableau...), il y aurait autant d'interprétations de mes propos que d'éventuels lecteurs de mes chroniques sur mon blog, autant de malentendus, de fâcheries et tout et tout... Et puis, comme je l'ai déjà écrit l'autre jour, ce qui m'avait poussé au silence et qui fait qu'aujourd'hui je suis "gêné" encore (et plus que jamais !) de reprendre sinon la plume du moins le clavier, c'est le bruit de notre époque, sa superficialité... Tout le monde donne son avis sur tout. Mais est-ce finalement si spécifique à notre époque ? Il est temps peut-être que je lise "Le misanthrope" de Molière ! A mon amie Sandrine qui me demandait ce que ça me faisait d'écrire de nouveau, j'ai répondu, sur un ton désabusé, que j'avais l'impression d'accomplir quelque chose de totalement inutile et que je me comportais en enfant capricieux, genre "j'ai envie d'écrire, je veux que ça se sache !", histoire de montrer que j'existe et d'avoir l'impression (illusoire ?) d'être vivant. En même temps, quelle honte y a-t-il à vouloir être vivant ?

Pour finir cette "réflexion" sur un ton peut-être plus léger et pour faire un clin d'oeil à deux collègues de lettres classiques qui appréciaient particulièrement ce film... quelques citations extraites du fabuleux "Cercle des Poètes disparus" qui pourront illustrer, d'une certaine façon, le propos qui précède et nourrir (voire orienter) votre "interprétation" dudit propos...

On lit ou on écrit de la poésie non pas parce que c'est joli. On lit et on écrit de la poésie parce que l'on fait partie de l'humanité, et que l'humanité est faite de passions. La médecine, le droit, le commerce et l'industrie sont de nobles poursuites, et elles sont nécessaires pour assurer la vie. Mais la poésie, la beauté, l'amour, l'aventure, c'est en fait pour cela qu'on vit. Pour citer Whitman : « Ô moi ! Ô la vie ! Tant de questions qui m'assaillent sans cesse, ces interminables cortèges d'incroyants, ces cités peuplées de sots. Qu'y a-t-il de beau en cela ? Ô moi ! Ô la vie ! ». Réponse : que tu es ici, que la vie existe, et l'identité. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime... Quelle sera votre rime ?

Tout ça avait pour but d'illustrer le péril du conformisme, et la difficulté de préserver vos convictions, quoi qu'en pense les autres. [...] Nous avons tous besoin d'être accepté, mais soyez persuadé que vos convictions sont uniques, les vôtres, même si on les trouve anormales ou impopulaires, même si le troupeau dit « C'est maaaaaaaaal ». Robert Frost a dit : « Deux routes s'offraient à moi, et là j'ai suivi celle où on n'allait pas, et j'ai compris toute la différence. »

Et enfin... 

Je partis dans les bois car je voulais vivre sans me hâter, vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie. Je voulais chasser tout ce qui dénaturait la vie, pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu.