"J'ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley"... Ainsi commence l'excellent roman de Daphné Du Maurier, "Rebecca" (qui inspira un des plus beaux films d'Alfred Hitchcock). J'avais déjà évoqué ce livre dans une chronique en septembre ou en octobre de l'an dernier quand je voulais traduire ma nostalgie de la Corse...
La nuit dernière, je n'ai pas rêvé de Manderley... Non, bien sûr. J'ai mes propres souvenirs. J'ai rêvé de mon cher Cap Corse, et plus encore de mes élèves du Collège du Cap à Luri... Collège où j'ai exercé de 1999 à 2004... Je me suis réveillé en pleine nuit et je me suis surpris à presque pleurer parce que je sais intimement que c'est déjà loin, très loin, une autre vie... Voilà deux ans que j'ai quitté la Corse et surtout mon petit collège... Surtout mon petit collège... La Corse, j'y retournerai et elle ne bougera pas, elle est sérieusement accrochée dans son écrin au coeur de la Méditerranée... Mais mes élèves... Je sais que je ne reverrai jamais la plupart d'entre eux, pour ne pas dire tous. Cinq ans de vie et puis c'est fini. Bien sûr, c'est la vie. En tout cas, si je tire un enseignement de cette expérience bouleversante d'arriver quelque part (quand j'ai débarqué dans le Cap Corse fin août 1999, je n'étais pas très fier !) en ne connaissant personne puis de repartir cinq ans plus tard en étant devenu un membre de la petite communauté villageoise et un des acteurs de la vie du collège où j'ai exercé, si je tire donc un enseignement de cette expérience, c'est que je ne vais pas tout de suite demander une nouvelle mutation... Je suis depuis deux ans dans mon petit collège de Tronget et je commence à peine à "faire mon trou" entre Tronget et Moulins... Je commence à peine à me faire accepter, à lancer mes idées, à tisser un réseau de relations... C'est si dur de partir. Je ne vais pas partir tout de suite, oh non... Après le Cap Corse, je suis (re)tombé amoureux du Bourbonnais.
Mais comme je suis quelqu'un de profondément nostalgique (peut-être une de mes principales caractéristiques ?...), je me surprendrai régulièrement, au secret de mes nuits, à penser à Luri, au petit Collège du Cap, aux fêtes du printemps, à l'atelier théâtre, aux sorties scolaires, au concours de cinéma jeunesse de Bastia, au cross de décembre, aux opérations solidarité et aussi à ma vie "là-bas", les matchs du Sporting, les randonnées au bout du Cap et en Castagniccia, les stages au coeur de l'hiver à Corte la sinistre, les plages de Macinaggio, Pietracorbara et Barcaggio, le figatellu, les clémentines, le quadrille et toutes ces personnes que j'ai connues et qui hantent mes souvenirs... Je ne suis pas prêt de vous oublier.
A prestu !