mardi 9 octobre 2012

Il était une fois... les illusions de jeunesse...

« La révolution n'est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s'accomplir avec autant d'élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d'amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d'âme. La révolution, c'est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre. »

(MAO)

Cette citation ouvre ce fabuleux film qu'est IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION et permet de remettre à leur place tous les utopistes qui rêvent de grand soir en imaginant que ce serait une partie de plaisir (j'ai fait partie de ces rêveurs dans mes jeunes années). Non, la Révolution, c'est du sang, de la violence, de la guerre civile. Quelle que soit cette révolution, quel que soit l'idéal de jeunesse auquel on aspire. Il y a trente ans, l'idéal était gaucho-marxiste, il a donné Mai 1968 (en France), des révoltes étudiantes un peu partout dans le monde, des "progrès" dans le domaine des moeurs mais aussi... "les années de plomb" du terrorisme gauchiste des Années 1970, en France, en Allemagne, en Italie, etc...

Aujourd'hui, pour beaucoup de jeunes, l'idéal révolutionnaire s'incarne dans l'Islam radical que les médias et les politiques font semblant de découvrir ou mettent sur le devant de la scène pour masquer les problèmes économiques (notamment) de notre société et de notre époque. Les "intellectuels" bien pensants font semblant de s'interroger : quoi ? comment ? pourquoi des "jeunes bien sous tous rapports" finissent par basculer dans "le terrorisme islamiste" ? Pour la même raison qu'il y a trente ans des jeunes de bonne famille se retrouvaient dans la Bande à Baader ou Action directe... Parce qu'ils sont jeunes et idéalistes. Et ça n'a rien à voir avec le "fascisme" ou le "nazisme" comme on l'entend trop souvent : le fameux "point de Godwin" qui veut que toute conversation sociétale bascule dans le comparatisme anachronique absurde avec la Deuxième Guerre Mondiale (on devient tout de suite un "facho", l'autre aurait forcément été "collabo", "on sait comment ça se termine", etc...). Non, c'est juste la simple et triste réponse au constat d'une jeunesse perdue... c'est tout simplement que cette jeunesse est désorientée. Il n'y a plus d'idéologies (en tout cas dans nos contrées Ouest-Européennes), il n'y a pas d'idéal, qu'il soit laïque ou religieux (et ce n'est pas des notions vagues et administratives comme "le vivre ensemble" ou "la gestion du groupe" qui vont faire rêver des jeunes de vingt ans !!), il n'y a plus de cohésion sociale (ce n'est ni un bien ni un mal, c'est l'évolution de notre société). Et ne parlons pas de l'absence d'avenir que l'on "propose" à cette jeunesse : crise économique, chômage massif, crise environnementale annoncée, et j'en passe et des meilleures [sans parler, car c'est un autre sujet, du fait que ces jeunes, comme nous tous d'ailleurs, sont bombardés de publicités permanentes et assommantes, que ce soit à la télé, sur internet, dans les transports en commun... etc...]... Alors, certains jeunes se précipitent dans ce qui leur paraît un idéal, un combat, une alternative... Et plus les "intellos" bien pensants diront que ces jeunes se trompent et qu'ils s'égarent plus le fossé se creusera entre une jeunesse désarçonnée et ces bien pensants qui furent pourtant il y a trente ou quarante ans des gauchistes convaincus, des révolutionnaires idéalistes voire des défenseurs des guerilleros que d'autres auraient appelé des terroristes.

Le problème est toujours le même. Les jeunes d'hier sont devenus les bien pensants d'aujourd'hui et ce sont les bien pensants de cinquante ans, pétris de certitude, qui gouvernent le monde et ont tout intérêt à ce que tout reste en place... quitte à faire croire que tout change... Souvenons nous de la fabuleuse citation extraite du GUEPARD : « Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change ». Après tout, une révolution, en astronomie, c'est un tour complet voire un retour à la case départ. Pas étonnant que les gauchistes d'hier soient les gouvernants d'aujourd'hui (ou de la semaine dernière : on trouva autant d'ex-soixante-huitards exaltés chez Sarkozy qu'on en trouve chez Hollande, question de génération).

Alors, comme dirait un fameux révolutionnaire, Lénine, qui se méfiait comme la peste des gauchistes et ne voulait que des "révolutionnaires professionnels" (toujours se méfier des amateurs !) : QUE FAIRE ?

Je n'en sais fichtre rien. Je crois qu'on verra encore longtemps des jeunes se précipiter dans l'Islam radical. Puis viendra une autre mode, un autre idéal, parce que là aussi c'est une histoire de mode. Et, dans trente ans, des anciens fanas de Ben Laden se pavaneront sur les plateaux télé en ne comprenant pas l'idéalisme trouble et confus des jeunes de vingt ans des Années 2050...

En attendant, je suis quand même un peu surpris de l'emballement des gouvernants et des médias depuis quelques jours à nous convaincre de l'existence de "l'ennemi intérieur", cette cinquième colonne islamique qui gangrènerait nos banlieues et pervertirait notre belle jeunesse. Que cherchent-ils à faire ? A nous faire penser à autre chose qu'à la crise, au chômage de masse et tout et tout ? A tenter de provoquer une "union nationale" car, malheureusement, et c'est une leçon de l'Histoire, un des moyens les plus pratiques et les plus efficaces d'assurer la cohésion d'un groupe est la peur et la construction d'un "bouc émissaire".

Il y a probablement quelques "Islamistes radicaux" qui n'ont probablement d'ailleurs pas lu le Coran (comme les gauchistes terroristes des Années 1970 ne devaient pas avoir lu le Capital de Marx) dont certains rêvent de passer à l'acte. Il y a aussi et surtout toute une jeunesse qui ne sait plus où elle en est.

Et moi je ne sais pas où j'en serais si j'avais vingt ans aujourd'hui.

Et je pense qu'il est plus que temps pour moi de réécouter L'AGE IDIOT de Jacques Brel...

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