Me revoici, non face à la page blanche, mais face à l'écran d'ordinateur, avec mes interrogations de trentenaire fatigué et un peu désorienté depuis quelque temps...
Tout d'abord, avant que de m'épancher (et de prêter le flanc à des commentateurs anonymes), je voudrais à mon tour rendre un petit hommage à l'Abbé Pierre, personnage hors du commun, à propos duquel tout a déjà été dit. J'appréciais notamment son côté constamment révolté, y compris à l'égard de Dieu puisqu'il aimait à répéter que la première chose qu'il demanderait à son Créateur lorsqu'il le rencontrerait serait : "pourquoi toute cette souffrance dans le monde ?" Les théologiens de tout poil (et de toutes religions) nous répondent que Dieu laissant les hommes libres c'est la liberté qui induit la souffrance... Quant aux fatalistes ils nous expliquent que "y a pire", "y a d'autres souffrances", "c'est comme ça". Non. C'est pas comme ça. Je n'accepterai jamais la souffrance et encore moins ces explications pour le moins foireuses. L'Abbé Pierre, tout abbé qu'il était, n'acceptait pas la souffrance comme principe constitutif du monde. Par ailleurs, dans le domaine des moeurs, il avait des idées progressistes et réalistes, par rapport au préservatif notamment (à partir du moment où l'on pratique la chose "il ne faut pas ajouter à la faute le crime" en ne se protégeant pas et en ne protégeant donc pas son ou sa partenaire) ; également dans le domaine (qui me touche à coeur) de l'Eglise Catholique : il était partisan du mariage des prêtres et de l'ordination de femmes. Je ne parlerai pas du combat de sa vie, d'Emmaüs (quel beau passage de l'Evangile de Luc !). D'autres l'ont fait, et mieux que moi. Par contre, le cortège des hommes politiques et de leurs hommages hypocrites fut particulièrement minable et vomitif...
A propos d'hommes politiques, l'un d'entre eux, qui n'était pas comme les autres, s'est éteint cette semaine également... Jean-François Deniau. Un homme remarquable. Un humaniste. Un navigateur. Un homme qui s'intéressait à la chose publique et y consacrait sa vie mais qui n'en était pas pour autant la caricature de politicien comme nous en voyons de plus en plus, notamment en ces périodes de campagnes électorales...
J'en viens à moi... Merci encore pour le soutien que vous m'avez apporté suite au courrier anonyme reçu il y a quelques jours sur mon blog. J'ai été très touché. J'avoue que ce qui m'avait fait le plus mal dans ce courrier était les reproches par rapport à mon père, à mes élèves et à mes collègues. Le fait qu'on me dise que je suis laid et gros ne me dérange pas. Je n'attache guère d'importance à mon physique et mon âme est effectivement relativement laide et je suis bien enveloppé. Par contre, qu'on me dise que je désespère mon père, que mes collègues ne peuvent pas me supporter et que mes élèves me trouvent prétentieux et odieux, ce fut assez éprouvant. Maintenant, je sais que ces propos ne viennent pas de quelqu'un qui m'est proche ou cher et ne sont pas vrais. Cette personne n'est pas allée parler à mon père ou à mes collègues et mes élèves.
A propos de mes parents... Vous savez la prison dans laquelle est enfermée ma mère... Samedi, je suis resté seul avec elle toute la journée pendant que mon père était en congrès à Paris. Au retour de mon père, elle lui a dit qu'elle avait apprécié cette journée avec moi et qu'elle me remerciait. Ces quelques mots, venant de quelqu'un qui justement a de la peine à trouver ses mots, m'ont tellement bouleversé. Chaque dimanche, quand je quitte mes parents, j'ai le coeur un peu plus déchiré. C'est comme ça. Je m'y ferai jamais.
Ma vie privée... La recherche de l'âme soeur est un chemin long et complexe et semé d'embuches. A celles et ceux parmi vous qui ont déjà trouvé quelqu'un, restez avec cette personne, aimez la, honorez la, et pas de bêtises. Parce que, quand on est seul, c'est pas facile, et retrouver quelqu'un, se remettre avec quelqu'un, c'est très compliqué. Pour ma part, depuis une douzaine d'années, j'ai tellement accumulé d'échecs que le jour où quelqu'un me dit qu'elle a des sentiments pour moi, qu'elle s'intéresse à moi, je ne peux y croire, j'ai envie de dire : c'est un gag ? où est la caméra ? mes amis t'ont appelée pour monter un canular ? Quand les choses s'emballent et que les sentiments se précisent, j'ai peur, peur que ça aille trop vite. On m'a tellement dit depuis des années qu'il ne fallait pas s'emballer, que le coup de foudre n'existait pas, que les sentiments étaient un risque pour la raison... Le jour où les sentiments se pointent à la porte, j'ai envie de fermer à double tour et j'arrive pas à croire que le schéma classique de la nana qui ne veut pas de moi, m'explique que je suis un adolescent attardé et fleur bleue, inintéressant et pas séduisant, bon gros copain mais certainement pas amant potentiel, ce schéma classique soudain ne fonctionne plus. Une personne me parle de sentiments, de sentiments forts... Je suis tout désorienté. Je n'ose y croire. J'ai peur d'y croire. J'ai peur des conséquences. Sommes-nous faits l'un pour l'autre ? Et que veut dire être faits l'un pour l'autre ? Elle est un peu plus âgée que moi, elle n'est pas du même monde social que moi (cadre dans une entreprise alors que je suis un petit documentaliste de collège), elle a trois enfants... Qu'est-ce qu'on ferait ensemble ? Mais la question n'est-elle pas : qu'est-ce que je ferais, et avec qui que ce soit... J'ai tellement intégré le fait que j'étais seul, que je vivrais seul et que je vieillirais seul, parce que j'étais inintéressant (en tout cas pour les choses de l'amour), que je ne sais plus quoi penser. Est-ce que mon destin n'est-il pas d'assumer mon célibat. Après ma rupture avec Sophie, j'ai mis près de dix ans à admettre que j'étais célibataire. Au moment où j'ai enfin accepté cet état, l'amour frappe à la porte et je ne sais si je dois rester sourd à la voix qui me dit de me lancer dans une aventure dont j'ai peur qu'elle m'entraîne loin. Et puis dans l'amour on est deux. Il y a l'autre. Si je me rends compte que ça ne peut marcher et qu'elle, elle m'aime, que faire ? Suis-je capable de perdre ma liberté, de sacrifier mon intimité, mon jardin secret ? J'ai jamais été porté sur les confessions... Marrant d'écrire ça sur un blog... Le blog ainsi que le forum m'ont aidé à m'exprimer... Mais c'est pas facile... Sur un écran, passe encore. En face à face, les yeux dans les yeux, c'est autre chose... Et surtout tout ce qui relève de l'intime. Là aussi, depuis tellement d'années, j'ai eu tant de fins de non-recevoir, y compris auprès de certains amis, quand je voulais me confier, j'avais tellement peur de gêner avec mes histoires de célibataire, de fils d'une mère malade, que je me taisais ou je me soûlais pour en parler... alors quand quelqu'un m'écoute, je suis déstabilisé.
Je ne sais pas ce que je vais faire. Je voudrais partir loin, très loin, le truc qui résoud rien mais, au moins, on voit de jolis paysage...
Voilà mes interrogations le 29 janvier 2007. Dans un peu moins de deux mois, j'aurai trente-sept ans, célibataire, sans enfant... Mon Dieu, que le temps passe vite ! Je serai peut-être au coin du feu (!) avec ma douce et tendre mais mon esprit auto-destructeur ou au contraire protecteur (le signal rouge qui me prévient des dangers...) m'aura peut-être dissuadé d'entraîner quelqu'un dans mes pérégrinations... La suite au prochain épisode.
Tout d'abord, avant que de m'épancher (et de prêter le flanc à des commentateurs anonymes), je voudrais à mon tour rendre un petit hommage à l'Abbé Pierre, personnage hors du commun, à propos duquel tout a déjà été dit. J'appréciais notamment son côté constamment révolté, y compris à l'égard de Dieu puisqu'il aimait à répéter que la première chose qu'il demanderait à son Créateur lorsqu'il le rencontrerait serait : "pourquoi toute cette souffrance dans le monde ?" Les théologiens de tout poil (et de toutes religions) nous répondent que Dieu laissant les hommes libres c'est la liberté qui induit la souffrance... Quant aux fatalistes ils nous expliquent que "y a pire", "y a d'autres souffrances", "c'est comme ça". Non. C'est pas comme ça. Je n'accepterai jamais la souffrance et encore moins ces explications pour le moins foireuses. L'Abbé Pierre, tout abbé qu'il était, n'acceptait pas la souffrance comme principe constitutif du monde. Par ailleurs, dans le domaine des moeurs, il avait des idées progressistes et réalistes, par rapport au préservatif notamment (à partir du moment où l'on pratique la chose "il ne faut pas ajouter à la faute le crime" en ne se protégeant pas et en ne protégeant donc pas son ou sa partenaire) ; également dans le domaine (qui me touche à coeur) de l'Eglise Catholique : il était partisan du mariage des prêtres et de l'ordination de femmes. Je ne parlerai pas du combat de sa vie, d'Emmaüs (quel beau passage de l'Evangile de Luc !). D'autres l'ont fait, et mieux que moi. Par contre, le cortège des hommes politiques et de leurs hommages hypocrites fut particulièrement minable et vomitif...
A propos d'hommes politiques, l'un d'entre eux, qui n'était pas comme les autres, s'est éteint cette semaine également... Jean-François Deniau. Un homme remarquable. Un humaniste. Un navigateur. Un homme qui s'intéressait à la chose publique et y consacrait sa vie mais qui n'en était pas pour autant la caricature de politicien comme nous en voyons de plus en plus, notamment en ces périodes de campagnes électorales...
J'en viens à moi... Merci encore pour le soutien que vous m'avez apporté suite au courrier anonyme reçu il y a quelques jours sur mon blog. J'ai été très touché. J'avoue que ce qui m'avait fait le plus mal dans ce courrier était les reproches par rapport à mon père, à mes élèves et à mes collègues. Le fait qu'on me dise que je suis laid et gros ne me dérange pas. Je n'attache guère d'importance à mon physique et mon âme est effectivement relativement laide et je suis bien enveloppé. Par contre, qu'on me dise que je désespère mon père, que mes collègues ne peuvent pas me supporter et que mes élèves me trouvent prétentieux et odieux, ce fut assez éprouvant. Maintenant, je sais que ces propos ne viennent pas de quelqu'un qui m'est proche ou cher et ne sont pas vrais. Cette personne n'est pas allée parler à mon père ou à mes collègues et mes élèves.
A propos de mes parents... Vous savez la prison dans laquelle est enfermée ma mère... Samedi, je suis resté seul avec elle toute la journée pendant que mon père était en congrès à Paris. Au retour de mon père, elle lui a dit qu'elle avait apprécié cette journée avec moi et qu'elle me remerciait. Ces quelques mots, venant de quelqu'un qui justement a de la peine à trouver ses mots, m'ont tellement bouleversé. Chaque dimanche, quand je quitte mes parents, j'ai le coeur un peu plus déchiré. C'est comme ça. Je m'y ferai jamais.
Ma vie privée... La recherche de l'âme soeur est un chemin long et complexe et semé d'embuches. A celles et ceux parmi vous qui ont déjà trouvé quelqu'un, restez avec cette personne, aimez la, honorez la, et pas de bêtises. Parce que, quand on est seul, c'est pas facile, et retrouver quelqu'un, se remettre avec quelqu'un, c'est très compliqué. Pour ma part, depuis une douzaine d'années, j'ai tellement accumulé d'échecs que le jour où quelqu'un me dit qu'elle a des sentiments pour moi, qu'elle s'intéresse à moi, je ne peux y croire, j'ai envie de dire : c'est un gag ? où est la caméra ? mes amis t'ont appelée pour monter un canular ? Quand les choses s'emballent et que les sentiments se précisent, j'ai peur, peur que ça aille trop vite. On m'a tellement dit depuis des années qu'il ne fallait pas s'emballer, que le coup de foudre n'existait pas, que les sentiments étaient un risque pour la raison... Le jour où les sentiments se pointent à la porte, j'ai envie de fermer à double tour et j'arrive pas à croire que le schéma classique de la nana qui ne veut pas de moi, m'explique que je suis un adolescent attardé et fleur bleue, inintéressant et pas séduisant, bon gros copain mais certainement pas amant potentiel, ce schéma classique soudain ne fonctionne plus. Une personne me parle de sentiments, de sentiments forts... Je suis tout désorienté. Je n'ose y croire. J'ai peur d'y croire. J'ai peur des conséquences. Sommes-nous faits l'un pour l'autre ? Et que veut dire être faits l'un pour l'autre ? Elle est un peu plus âgée que moi, elle n'est pas du même monde social que moi (cadre dans une entreprise alors que je suis un petit documentaliste de collège), elle a trois enfants... Qu'est-ce qu'on ferait ensemble ? Mais la question n'est-elle pas : qu'est-ce que je ferais, et avec qui que ce soit... J'ai tellement intégré le fait que j'étais seul, que je vivrais seul et que je vieillirais seul, parce que j'étais inintéressant (en tout cas pour les choses de l'amour), que je ne sais plus quoi penser. Est-ce que mon destin n'est-il pas d'assumer mon célibat. Après ma rupture avec Sophie, j'ai mis près de dix ans à admettre que j'étais célibataire. Au moment où j'ai enfin accepté cet état, l'amour frappe à la porte et je ne sais si je dois rester sourd à la voix qui me dit de me lancer dans une aventure dont j'ai peur qu'elle m'entraîne loin. Et puis dans l'amour on est deux. Il y a l'autre. Si je me rends compte que ça ne peut marcher et qu'elle, elle m'aime, que faire ? Suis-je capable de perdre ma liberté, de sacrifier mon intimité, mon jardin secret ? J'ai jamais été porté sur les confessions... Marrant d'écrire ça sur un blog... Le blog ainsi que le forum m'ont aidé à m'exprimer... Mais c'est pas facile... Sur un écran, passe encore. En face à face, les yeux dans les yeux, c'est autre chose... Et surtout tout ce qui relève de l'intime. Là aussi, depuis tellement d'années, j'ai eu tant de fins de non-recevoir, y compris auprès de certains amis, quand je voulais me confier, j'avais tellement peur de gêner avec mes histoires de célibataire, de fils d'une mère malade, que je me taisais ou je me soûlais pour en parler... alors quand quelqu'un m'écoute, je suis déstabilisé.
Je ne sais pas ce que je vais faire. Je voudrais partir loin, très loin, le truc qui résoud rien mais, au moins, on voit de jolis paysage...
Voilà mes interrogations le 29 janvier 2007. Dans un peu moins de deux mois, j'aurai trente-sept ans, célibataire, sans enfant... Mon Dieu, que le temps passe vite ! Je serai peut-être au coin du feu (!) avec ma douce et tendre mais mon esprit auto-destructeur ou au contraire protecteur (le signal rouge qui me prévient des dangers...) m'aura peut-être dissuadé d'entraîner quelqu'un dans mes pérégrinations... La suite au prochain épisode.