mardi 23 janvier 2018

Chaque jour est un combat

Cher Journal Intime !

Eh oui... Aujourd'hui, j'ai décidé d'ouvrir mon coeur et de me livrer sur ce blog. Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi pas ?! L'heure est peut-être venue de faire un bilan d'étape. C'est aussi l'occasion de "coucher sur le papier" (ou plutôt sur l'écran !) mes pensées et mon état d'esprit actuel pour en garder quelque trace. J'avoue que je me fais violence à ainsi me livrer. Moi jadis si bavard, notamment quand il s'agissait de parler de moi-même, je suis devenu beaucoup plus discret et silencieux. Je ne sais trop pourquoi. Peut-être parce que le monde alentour fait tellement de bruit que j'ai besoin de silence. Qui sait ?

Enfin, bon, tout ça pour dire que je vais un peu causer de moi. De ma santé d'abord. Si vous avez parcouru ce blog ces derniers mois, vous savez que je traverse une période un peu difficile ; c'est d'ailleurs aussi la raison de ma réserve à écrire : j'en ai marre de parler de "mes soucis de santé". D'autant qu'il ne s'agit pas d'une "grave" maladie, loin de là, juste une petite maladie bien invalidante au quotidien. Il s'agit d'une dépression. Mais j'en viens à me demander si je suis vraiment dépressif ou si je ne suis pas plutôt seulement déprimé. La nuance existe et elle a son importance. 

En tout cas, puisque je cause santé... Depuis deux ans (quasi jour pour jour), je consulte un psychiatre. J'ai décidé, la semaine dernière, sur les conseils avisés et répétés de mon médecin généraliste, d'arrêter d'aller voir mon psy. Pour plusieurs raisons. D'abord, l'inflation médicamenteuse, les fameuses petites molécules et le traitement de cheval qu'il me faisait prendre. Ensuite, parce que, tout en pratiquant la dite inflation médicamenteuse, il refusait de traiter mes crises d'angoisse en me prescrivant un anxiolytique. Il faut savoir que si je suis dépressif (ou déprimé) je suis aussi un grand angoissé et que j'ai depuis quelques mois des crises d'angoisse, qui se manifestent essentiellement au travail, ou le dimanche (le jour que je n'aime pas), et se traduisent au travail depuis le mois d'octobre 2017 par de la potomanie plus ou moins marquée. Le psy n'a jamais pris au sérieux cette potomanie sinon en souhaitant me prescrire un long arrêt maladie qui n'aurait fait que repousser le problème. Enfin, le courant n'a jamais vraiment passé avec ce psy. Je me suis pourtant accroché puisque je l'ai "fréquenté" deux ans durant. Mais, bon, je n'y arrivais pas. On a même commencé à un moment une thérapie qui s'est révélée fort peu concluante. Généralement, je le voyais cinq minutes après avoir attendu plus d'une demi-heure dans sa sinistre salle d'attente. Il me prescrivait ses molécules qui devaient faire des miracles et voilà tout. 

Donc bye bye le psy. Et je peux dire que je suis soulagé. Les psys et moi, c'est plus ou moins une longue histoire. J'ai commencé à "consulter" fin 2007 avant de faire "un séjour" (volontaire, je précise) en H.P. à l'été 2008 (j'avais alors écrit sur ce blog un article intitulé "Bienvenue chez les psys"). Suite à mon hospitalisation qui avait été particulièrement bénéfique, j'avais continué de consulter mon psy de Moulins jusqu'en 2013, soit un an après mon déménagement pour Montluçon. J'ai alors cessé de consulter, suite à mon séjour en hôpital à l'été 2013 pour mon sevrage alcoolique (eh oui ! "j'ai eu un problème avec la boisson"... je n'ai pas bu une goutte depuis cet été 2013). Outre que je ne souhaitais plus faire 160 km pour une consultation, j'avais l'impression d'avoir fait le tour avec mon psy de Moulins. Enfin, dans les mois qui ont suivi mon sevrage, j'ai eu un temps des entretiens avec une addictologue, une infirmière fort sympathique.

Pourquoi retourner voir un psy alors ? C'était en février 2016. J'étais particulièrement "en crise" au boulot. Je me mettais en colère, j'avais des accès de parano, je n'avais plus confiance en moi. Au fur et à mesure des mois, le psy m'a persuadé et je me suis persuadé que j'étais en dépression et je me suis enfoncé dans cette dépression. On ne va pas retourner en arrière. Mais, en tout cas, je suis soulagé d'avoir dit au revoir à l'univers des psys. Pour sourire un peu, je dirai que ça me déprimait, d'aller voir le psy. Souvent, je ne savais pas quoi lui raconter. Et puis ces entretiens qui ne duraient qu'une dizaine de minutes, merci ! 

Mais, attention, je n'arrête pas pour autant tout traitement. Mon médecin généraliste prend le relais. Il me connaît bien et me suit depuis 2013. Je continue à prendre un antidépresseur et un régulateur d'humeur et je prends désormais (enfin !) un anxiolytique pour traiter cette fichue potomanie qui me pourrit la vie depuis le mois d'octobre. Donc je continue de me soigner. Je sais qu'il ne faut pas interrompre un traitement médicamenteux comme ça.

La potomanie... Je suis sûr que vous ne savez pas ce que c'est... ou pas forcément... C'est une envie irrépressible de boire de l'eau en grande quantité pour calmer (étancher) son angoisse... J'ai commencé à devenir "potomane" au mois d'octobre 2017, exclusivement au boulot, exclusivement quand je m'ennuie et/ou quand j'ai une crise d'angoisse (type quand des élèves arrivent fort nombreux d'un coup au CDI). Le psy, j'y reviens, n'a pas pris cette potomanie au sérieux (de même que mon psy de Moulins n'avait jadis pas pris au sérieux mon addiction à l'alcool), allant jusqu'à me dire qu'il n'était pas ma mère. Cette potomanie, comme je l'ai dit, c'est uniquement au boulot et encore pas tous les jours (heureusement !). J'espère que mon anxiolytique va me permettre de lutter contre cette étrange pulsion qui peut s'avérer dangereuse voire très dangereuse quand on boit plus de six à huit litres par jour (ce qui m'est déjà arrivé plusieurs fois ces derniers mois).

La potomanie... Encore maintenant, je fais un effort et même un sacré effort pour avouer cette étrange "maladie", qui parait fort peu nuisible en apparence mais qui s'avère paralysante au quotidien (je dois aller jusqu'à quatre fois par heure aux toilettes certains jours). Alors pourquoi cette potomanie ? Pour calmer mes crises d'angoisse au travail. Pourquoi des crises d'angoisse au travail ? La peur du vide, la peur de l'ennui. Eh oui... Je m'ennuie dans mon boulot. Pas systématiquement, heureusement. Mais quand même beaucoup. Suffisamment pour que ça m'angoisse, avant, pendant, après... 

Pourquoi cet ennui et quand a-t-il commencé ? Il a commencé approximativement quand j'ai cessé d'être en colère et toujours agité... Etonnant, non ? Les deux premières années au CDI du lycée où j'exerce depuis septembre 2013, je courais partout, j'avais l'impression que le temps m'échappait, je ne maîtrisais rien. Puis, après avoir commencé à consulter ce fameux psy en février 2016, suite à un énième coup de colère au travail, je me suis progressivement mis à m'ennuyer. En fait, il faut savoir qu'en lycée les élèves sont particulièrement autonomes, notamment là où j'exerce. Quelque part, ils n'ont pas besoin des documentalistes. Certains jours, j'ai l'impression que je ne suis là que pour ouvrir la porte et allumer la lumière. Et, une fois les quelques tâches matérielles remplies (recevoir les revues, équiper les nouveautés en livres, faire un peu de rangement), je peux me retrouver des jours entiers sans avoir "rien à faire". Ma collègue a trouvé une parade : elle prépare des expositions et y met toute son énergie et toutes ses journées. Pour ma part, je n'arrive pas à trouver d'activité qui m'occupe. Surtout, le contact plus direct avec les élèves me manque. En collège, dans les collèges ruraux où j'ai exercé, j'avais un contact direct avec les élèves, j'avais l'impression de leur apporter quelque chose. Là, je me sens profondément inutile. Ce n'est pas très pratique pour l'amour-propre, pour la confiance en soi, pour l'enthousiasme à aller bosser.

Et c'est d'autant plus frustrant que ces lycéens sont adorables. Ils sont gentils, polis, attentionnés même pour certains, mais ils sont diablement autonomes. Par ailleurs, j'ai fini, après deux à trois premières années difficiles, par "faire mon trou" avec les collègues. Je m'entends bien avec les enseignants et avec l'équipe de l'administration. Je peux même dire que le courant passe fort bien avec la plupart d'entre eux et que j'ai d'excellents rapports avec certain(e)s collègues, fans comme moi de cinéma, de séries télé, de musique. Lors de mes moments de dépression de ces derniers mois, beaucoup m'ont témoigné leur sollicitude et leur amitié. C'était chaleureux et réconfortant.

Enfin, matériellement, j'exerce dans un CDI de "standing". Nous avons un budget plutôt conséquent pour acquérir des ouvrages et nous abonner à nombre de revues. Le CDI est l'un des plus grands du département. Et puis je travaille à 5mn en voiture de chez moi...

Bref, j'aurais tout pour me réjouir. Et c'est d'autant plus frustrant de "souffrir" de cet ennui. Alors quelle(s) solution(s) ? Le psy n'en avait pas, sinon de me prescrire un arrêt maladie longue durée. Il y a la solution de la mutation. J'ai la "chance" d'exercer un métier où je peux changer de poste si celui où j'exerce ne me convient plus. Le "mouvement" pour les mutations a lieu chaque année au mois de mars. Reste à savoir quels postes seront / seraient vacants dans les environs de Montluçon. J'avoue que j'aimerais retrouver un collège rural car c'est là que j'ai exercé pendant plus de quinze ans et où j'avais le plus l'impression de m'épanouir. Mais, en même temps, on ne revient pas en arrière, la vie va de l'avant, il ne faut pas idéaliser le passé... et tout ça et tout ça... Et tout ça pour dire que ce n'est pas si simple. Il me reste deux mois environ pour me décider à redemander un poste en collège rural (sil y en a cette année au "mouvement des mutations") ou pour décider de ne rien décider et de rester en lycée, là où je suis actuellement, là où je me sens bien malgré tout, avec des élèves agréables, des collègues sympas, dans un CDI charmant... Bref, je ne sais pas quoi faire.

Heureusement, "je ne suis pas seul". Bon, bien sûr, je vis seul. Mais j'ai quelqu'un dans ma vie, ma douce et tendre, depuis bientôt dix ans (dans quelques semaines !). Sans elle, je ne sais pas ce que je ferais, ce que je serais. Par ailleurs, grâce à internet, je corresponds régulièrement avec deux personnes qui se reconnaîtront, le fameux Docteur Freyd (qui a mis en place ma "thérapie épistolaire") et mon mentor, Gérard, qui m'encourage depuis des années à continuer à écrire. En outre, j'ai la foi et ça m'aide beaucoup au quotidien.

Voilà. Chaque jour est un combat. Combat contre ces crises d'angoisse qui, heureusement, sont généralement assez prévisibles. Combat contre la tentation parfois de "tout laisser tomber", de "me laisser aller". Combat contre ces crises de larmes qui surgissent parfois sans crier gare. Combat contre la peur du vide, la peur d'être inutile, la peur de la maladie (la "mienne" bien sûr mais surtout les maladies sérieuses de personnes de mon entourage), la peur de ce fichu ennui.

Chaque jour est un combat. Mais on a parfois des alliés dans ce combat... La Force ! Je ne peux conclure ce texte sans faire un petit clin d'oeil à STAR WARS... Pendant les congés de Noël, j'ai revu notamment les épisodes de la trilogie fondatrice (les épisodes IV - V - VI) et ils m'ont sacrément redonné le moral. Ils m'ont "reboosté" pour causer "branché". J'ai découvert STAR WARS quand j'avais dix ans, à l'automne 1980, en allant voir "L'Empire contre-attaque" tout seul au cinéma. Mon père était venu me chercher à la fin de la séance. J'étais émerveillé devant cet univers. Et, trente-huit ans après, je suis encore baigné de cet univers si riche. 

Pendant les congés de Noël, j'ai également découvert la dernière saison (prêtée par un collègue) de la série "Six Feet Under" que j'avais commencé de découvrir voilà deux ans. Une série terriblement originale et riche et émouvante. Et une série qui propose un final particulièrement réussi. L'ultime épisode est un petit chef-d'oeuvre.

Et puis, ces derniers jours, j'ai repris l'habitude de regarder la série "Big Bang Theory", une série particulièrement tordante, qui rend hommage aux séries et films de SF et de fantasy, en présentant une bande de copains geeks totalement attachants...

Par contre, je l'avoue, depuis l'élection présidentielle de printemps 2017, j'ai un peu beaucoup débranché de l'actualité politique, moi si friand jusque là de la dite actualité et de la lecture hebdomadaire du "Canard Enchaîné" que je n'ai pas ouvert depuis bientôt un an... Lassitude. Je ne crois pas être le seul dans ce cas.

Je peux de nouveau regarder des séries et des films, alors qu'il y a quelques mois je n'y arrivais plus. Par contre, je n'écoute toujours pas de musique. Je ne lis pas non plus, sinon quelques bandes dessinées (je relis Tintin et Blake & Mortimer). Mais je ne me fais pas de souci : ça reviendra bien "en temps voulu".

Je ne sais pas si j'ai bien fait de me livrer ainsi. Après tout, c'est un blog, c'est comme un journal intime"on line". Un journal intime est-il fait pour être lu ? Ou pas ? Je ne préfère pas trop me poser la question car, sinon, j'effacerais tout ce qui précède. Et je crois que j'avais besoin d'écrire tout ça, de "me confier", à vous, chères lectrices, chers lecteurs, qui êtes forcément mes amis. J'espère que je ne vous aurai pas choqués, pas ennuyés. Je sais combien ces histoires de potomanie et d'un type qui se plaint de s'ennuyer au boulot, ce n'est pas spécialement intéressant.

Merci à vous d'avoir pris le temps de me lire. "A charge de revanche". Si on veut être écouté on doit aussi pouvoir écouter.

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