lundi 10 avril 2006

Un week-end littéraire à Moulins...

Les 8 et 9 avril, à Moulins, c'était la Fête du Livre, la douzième édition, consacrée cette année à l'esprit et à l'humour. Pas mal d'auteurs invités tous plus intéressants les uns que les autres... J'ai personnellement retenu cinq noms... Honneur aux dames, je commencerai par Isabelle ALONSO... J'ai eu la joie, en tant que bénévole de LACME (l'association qui organise la Fête du livre), d'aller la chercher à la gare pour l'emmener à la salle des fêtes le samedi et de la ramener le dimanche, elle ainsi que François REYNAERT. Ce fut l'occasion d'échanger quelques mots. Tout au long de la fête, nous avons pu apprécier la simplicité et la gentillesse de cette fameuse chroniqueuse de "la bande à Ruquier", féministe convaincue... et convaincante... Lors de la table ronde qui lui était dédiée le samedi après-midi, Isabelle Alonso a défendu la parité en politique avec des arguments très solidement pesés et également beaucoup d'humour. La deuxième personne que je retiendrai est donc François Reynaert, également très sympathique et plein d'humour, même si nous n'avons pas eu trop l'occasion de discuter ensemble.
La personne qui aura le plus séduit (avec évidemment Isabelle Alonso) les visiteurs de la Fête du Livre aura été Vincent ROCA qui s'est livré à l'exercice de l'interview-portrait le samedi en fin d'après-midi dans le bar-café-concert "Les Murs ont des Oreilles", salle comble pour l'occasion. Il nous a longuement expliqué son parcours, de prof de maths en Afrique à chroniqueur pour Stéphane Bern. Il nous a offert deux sketchs particulièrement gratinés et très bien sentis avec beaucoup de jeux sur les mots, l'un sur le septième jour quand Dieu crée le vin (mais pas l'alcootest... heureusement pour Lui !), les hommes et les femmes et les Polonais (car Dieu était bourré comme un Polonais !), l'autre sur notre époque inondée de religions et d'excès religieux, deuxième sketche dédié à Dieudonné, "avant qu'il ne dérape chez Fogiel" précise Roca.
Sinon, j'ai pu suivre également l'entretien accordé par Jack CHABOUD, auteur d'ouvrages de vulgarisation sur la franc-maçonnerie et lui-même franc-maçon, et collaborateur de Frédéric Lenoir à la revue "Le Monde des Religions". Chaboud tente dans ses ouvrages de démystifier la franc-maçonnerie, d'en faire un portrait apaisé loin des fantasmes de complots et autres délires ésotériques bien à la mode en ce moment (il n'y a qu'à voir le tapage autour du "Da Vinci Code" - dont j'ai parlé sur ce blog en septembre -, d'abord le gentillet roman de Dan Brown et maintenant le film d'action lourdingue de Ron Howard - qui était plus convaincant quand il jouait dans "American Graffiti"...-). Il remet pas mal de pendules à l'heure et c'est très intéressant, le genre de personnes qui nous donnent l'impression d'apprendre et nous incitent à vouloir en savoir plus.
Enfin, j'ai assisté dimanche après-midi à une conférence de Nicolas WITKOWSKI dont le thème était : "Rire de la science : une entreprise de salut public ?". Lui-même physicien, Witkowski tente de démystifier (démythifier !) notre rapport à la science, ce côté "on n'y comprend rien, on laisse ça aux scientifiques pointus"... Quelques remarques de bon sens ponctuent son intervention comme "Quand on dit d'un savant qu'il est un génie, je me méfie ! C'est souvent l'excuse pour ne pas chercher à comprendre ce qu'il dit." ; "Il ne faut jamais enfermer ensemble des scientifiques et des militaires." ; "Attention au mariage science et politique" ; "Le rationalisme poussé est tout aussi dangereux que l'obscurantisme qu'il prétend combattre" ; "Méfiez-vous des formules toutes faites qui ne veulent rien dire comme Réalité virtuelle, Théorie du chaos ou ADN, le code de la vie"... Et il cite longuement des humoristes, souvent eux-mêmes scientifiques de formation (donc rompus à l'exercice de la logique pure) comme Georges Perec, Pierre Dac (avec le Biglotron) et bien sûr le maître... Boris Vian et sa "Java des Bombes atomiques" qui résume l'intervention de Witkowski : la question n'est pas de savoir construire la bombe mais où est-ce qu'elle va tomber...
Et puis la Fête fut l'occasion de passer de nombreux bons moments avec les organisateurs et bénévoles de LACME, de plaisanter et d'échanger quelques mots avec les différents écrivains présents et les visiteurs venus nombreux, notamment le dimanche. Deux jours bien remplis...
La Fête du Livre était, cette année, placée sous les auspices d'un grand esprit de l'humour qui nous a quittés le 18 avril 1988, voilà déjà dix-huit ans, Pierre Desproges. Je concluerai donc cette petite chronique par la citation de Desproges qui illustrait le programme de la fête :
"Il faut rire de tout. C'est extrêmement important. C'est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans."
(extrait de Vivons heureux en attendant la mort)

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