Décembre est un mois bien étrange où les jours ne cessent de diminuer, où le froid ne cesse de s'installer, où la course aux achats tourne à la folle obsession... Bref, un mois tourbillonnant, moins glacé que novembre, moins anonyme que janvier, moins givré que février, mais pourtant un vrai mois d'hiver... Au coeur de cette promesse d'hiver, après quelques mois de fuite en avant (j'aime beaucoup la notion de "fuite en avant" même si je ne la conseille à personne !... elle s'applique bien à notre société et à mon comportement depuis quelques années...), temps de répit, retour à la douce réalité... Mais quelle est la réalité ? Celle de mon collège où la vie s'écoule paisiblement ? Celle de ma bonne vieille ville de Moulins qui ronronne tranquillement ? Celle d'un monde où tout bouge tout change tout tourne ? Celle d'une époque où on a tous un peu perdu la boule ?
Je ne sais. Je ne suis ni sociologue ni historien, vaguement un petit chroniqueur. Après la tempête qui a agité mon cerveau ces derniers jours et qui me laisse sur le rivage, fatigué mais serein, en attendant les fêtes de fin d'année (une période dont je ne suis pas spécialement fanatique), en attendant les ripailles familiales ou amicales, en espérant une année 2008 aussi riche en émotions que 2007 (quoique... une peu plus paisible quand même !), pour tenter d'exprimer quel fut mon état d'esprit lors de ma "crise" de la semaine passée, je me permettrai de citer les mots des autres... non par paresse mais parce qu'ils expriment totalement ma pensée...
C'est une chanson légère que nous avons tous fredonnée mais dont les paroles sont finalement très sombres... Son titre : "Sympathique" (tout un programme), interprétée par le groupe Pink Martini que j'avais eu la chance de voir en concert à Moulins en novembre 2005...
Sympathique
Ma chambre a la forme d'une cage
Le soleil passe son bras par la fenêtre
Les chasseurs à ma porte
Comme des petits soldats
Qui veulent me prendre
{Refrain:}
Je ne veux pas travailler
Je ne veux pas déjeuner
Je veux seulement oublier
Et puis je fume
Déjà j'ai connu le parfum de l'amour
Un millions de roses
N'embaumeraient pas autant
Maintenant une seule fleur
Dans mes entourages
Me rend malade
{au Refrain}
Je ne suis pas fière de ça
Vie qui veut me tuer
C'est magnifique
Etre sympathique
Mais je ne le connais jamais
{au Refrain}
Je ne suis pas fière de ça
Vie qui veut me tuer
C'est magnifique
Etre sympathique
Mais je ne le connais jamais
{au Refrain}
Cette chanson, écrite par Forbes et Lauderdale, est inspiré d'un court poème de Guillaume Apollinaire, intitulé "Hôtel" que voici ci-dessous...
Ma chambre a la forme d'une cage,
Le soleil passe son bras par la fenêtre.
Mais moi qui veux fumer pour faire des mirages
J'allume au feu du jour ma cigarette.
Je ne veux pas travailler - je veux fumer.
Bon, tout ça, c'est pas très politiquement correct, en un temps de campagnes massives anti-tabac... J'aime beaucoup cette idée d'une chambre où l'on se sent prisonnier, c'est tellement la hantise (le mot est justement choisi) qui me prend parfois quand je me retrouve seul, justement, chez moi... Ce n'est pas la peur de la solitude, dont j'ai pris l'habitude avec les ans, mais la peur de la présence du vide... Le vide est tellement envahissant.
Il ne s'agit pas de se laisser aller à contempler le vide, car on est alors saisi de vertige voire d'une certaine ivresse. Non, il faut garder l'équilibre, savoir qu'il est là, sous ses pieds, mais tenir bon. Coûte que coûte. Sans artifices faciles comme les distractions futiles, les étourdissements rapides, les ivresses passagères. Se construire une force qui permet de regarder en bas puis de relever les yeux et de faire demi tour, sans oublier qu'il est là, tapi au fond de soi, le vide qui attire, qui séduit, qui détruit.
Quelques mots jetés au hasard de l'inspiration. Je ne sais s'ils traduisent bien ma pensée. Au départ, je voulais juste citer Pink Martini et je n'ai pu m'empêcher d'essayer d'expliquer mon cheminement. Mes excuses si je vous ai ennuyé(e)s voire troublé(e)s.
Et bon mois de décembre.
Aujourd'hui, 13 décembre, c'est la Sainte Lucie... La lumière... La lumière dans la nuit... Dans l'eglise Saint-Jean-Baptiste de Bastia il y a un superbe tableau représentant Sainte Lucie, un tableau que j'allais voir souvent, parce que le visage représenté était à la fois sobre, grave, beau... Et puis c'était l'occasion d'une pensée pour ma grand-mère Lucienne...
La Corse, ma famille, des souvenirs qui me hantent parfois au coeur de nuits agitées... Il m'arrive à me demander si je reprendrai un jour la route de la Côte d'Azur où vit ma famille ou de la Corse où vivent tant de mes amis... Je suis moins porté que jadis sur la nostalgie mais parfois la mémoire de mes années dans le Cap Corse me rattrape... J'ai l'impression que c'est tellement loin, que c'était une autre vie...
13 décembre. Aujourd'hui, répétition générale de mes élèves de l'Atelier Théâtre. Mardi 18 décembre, ce sera l'ultime représentation du "Malade imaginaire"... La fin d'une superbe aventure d'un an et demi... Le théâtre... Shakespeare disait que la vie est un théâtre. Fellini comparait la vie à un cirque. Notre époque, notamment par le biais des blogs, nous met en constante représentation... Souriez, vous êtes filmés !
Bien à vous.
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