samedi 19 juillet 2008

Bienvenue chez les Psys !!

Hello everybody ! Here I am ! Back again ! Le retour de la grande aventure... et je reviens de loin, croyez-moi... D'ailleurs, je suis encore en route, la route de la vie, la grande inconnue de la vie, "la vie, cette merveilleuse aventure" disait Robin Williams à la fin de "Hook"...
Mon silence de ces dernières semaines était dû à différentes raisons... raisons techniques d'abord : je n'ai le net qu'au travail (pas bien d'utiliser le bien de l'Etat... euh... du Conseil général de l'Allier... à des fins personnelles !!) ou chez ma compagne.... Et surtout une raison personnelle : ma plongée en enfer... j'ai décidé de jouer franc jeu et la plupart de mes relations savent déjà d'où je reviens... Je n'ai pas à rougir, à avoir honte, c'est la vie, un accident de la vie...
Je m'explique... Vous n'êtes pas sans savoir, amis et lecteurs assidus (!) de ce blog, mon mal-être de ces dernières années, dû à de nombreuses raisons, dont ma solitude, des angoisses existentielles (qu'on a tous d'ailleurs), des vieilles rancunes familiales, plus récemment une histoire d'amour mal digérée (coucou Stéphanie ! c'est de l'histoire ancienne et, comme disait l'autre, nous avons l'un comme l'autre "jeté la rancune à la rivière"), quelques histoires un peu bizarres dans ma quête forcenée de l'âme soeur, et bien sûr (last but certainly not least !!) la dégradation de l'état de ma mère... Alors, j'ai de longue date et je l'assume et le reconnais totalement utilisé l'alcool comme béquille d'appoint, d'abord d'appoint puis une drogue douce puis une drogue dure... ces derniers temps j'appelais mon épicier "mon dealer"...
J'avais tenté l'an dernier de résoudre "seul" (comme je l'avais déjà fait pour ma perte de poids et mon retour à une vie sociale) mon "problème d'alcool". On se dit toujours qu'on va y arriver tout seul et je voulais pas trop en causer sauf à quelques amis et encore...
Puis les choses se sont précipitées... En février j'ai rencontré Valérie et c'est le grand amour depuis ce moment là... J'étais tellement habitué au malheur, en tout cas au mal-être, que tant de bonheur d'un coup fut très très déstabilisant. Pour en avoir parlé avec d'autres personnes depuis, cette situation "paradoxale" ne l'est pas tant que ça... L'inconnu fait toujours peur. Et, parallèlement à cet amour naissant qui s'épanouit jour après jour (nous fêtons demain nos cinq mois ensemble), je voyais l'état de ma mère s'aggraver plus qu'inéluctablement, ma famille et mes proches insistant pour que je persuade mon père à prendre de l'aide voire à placer (quel terme !) ma mère et je voyais aussi mon père s'enfoncer fort logiquement dans la déprime et la fatigue physique et psychique et souhaitant assumer seul autant qu'il le pourrait les soins de ma mère...
Alors, pas d'excuses bien sûr, d'autant plus qu'il y avait eu des signes avant-coureurs, l'été dernier, en décembre, en avril/mai, j'ai progressivement sombré, certes plus lentement que le Titanic... mais sans orchestre... jusqu'à dix jours d'enfer (où paradoxalement je me sentais presque bien) début juillet où je restais enfermé chez moi, n'allant plus travailler (je n'en étais plus capable du tout, ni nerveusement ni physiquement), ne sortant que pour me fournir en bière et rosé auprès de mon dealer (le pauvre petit épicier qui n'y est pour rien), allant vaguement consulter mon psy qui me suit depuis quelques mois (mais à qui j'avais caché longtemps ma dépendance à l'alcool comme je l'avais cachée à tout le monde ou presque comme le font plus de trois millions de Français... et je parle pas des dépendants au cannabis, drogue dite douce et presque snob), évitant de voir mes quelques amis, n'arrivant pas à vraiment rentrer en contact avec mon père et encore moins ma soeur, traînant devant la télé, ne dormant plus et commençant, comme le dit si bien Jacques Villeret dans son pathétique monologue de la fin du "Dîner de Cons", à mélanger l'alcool et les médicaments... Et ce alors que la fin de l'année scolaire avait sonné, que mon amie était au loin en famille, et surtout que ma mère a été définitivement (le mot terrible) placée en maison de retraite... Ce dernier événement ne fut évidemment que la goutte d'eau mais quelle goutte d'eau... plutôt l'ouverture d'un barrage...
Il me fallait réagir. Mon psy m'avait évoqué, lors de ma crise début mai quand je lui avais révélé ma dépendance chronique à l'alcool, la possibilité d'une "cure" ou en en tout cas d'un séjour en centre. Françoise, mon amie du badminton, me conseillait une cure de maison de repos. En mai, il était trop tôt. J'avais les sketches des élèves de sixième à préparer et je n'étais pas prêt psychologiquement à finalement reconnaître aux yeux du monde, en tout cas de mon amie, de mes collègues, de mes proches (je parle pas de ma famille, soeur et père compris, pour qui je suis un raté qui n'assume pas ses responsabilités de fils), d'abord que j'étais malade (la dépression est une maladie, et pas une maladie honteuse !!) et que "j'avais un problème avec l'alcool".
Le vendredi 11 juillet, j'étais dans un tel état aussi bien moral que physique qu'il n'y avait plus d'autre alternative que de me faire hospitaliser... C'est alors moi qui ai insisté auprès de mon psy pour une hospitalisation et dans les plus courts délais. Je devenais dangereux pour moi et pour les autres. Et puis il y avait Valérie. Je ne voulais pas gâcher notre merveilleuse histoire d'amour naissante. Puisque je n'allais pas bien, fallait que je me soigne !! Décision difficile à prendre que celle d'aller de soi-même en "H.P.", hôpital spécialisé, asile psychiatrique comme on disait dans le temps (le terme "asile" à l'origine n'avait d'ailleurs rien de péjoratif, au contraire, il signifiait protection).
Françoise s'est occupée de tout, de m'emmener, de remplir les formalités d'admission, de résumer mon cas auprès de l'infirmier de garde... Et me voilà "bienvenu chez les psys !" Comme tout le monde, j'avais mes idées préconçues, mes préjugés (hérités notamment de mon père pourtant prof de psycho-pédagogie et lecteur assidu de Freud, Lacan et les autres), la vision d'un hôpital pour les foldingos, camisoles et cachetons à fond... Avant tout, fallait que je dorme et que je reprenne des forces. Je n'avais presque pas dormi et pas mangé du tout depuis dix jours... Deux premiers jours un peu dans le brouillard. Comme c'était le week-end, pas de consultation médicale, juste les infirmiers et les autres patients, que je ne connaissais pas et regardais avec inquiétude et suspicion... Heureusement, l'hôpital spécialisé est au milieu d'un parc de 70 hectares... Chaque jour j'ai marché au moins quatre heures, prenant de beaux coups de soleil d'ailleurs... Et puis les visites, le Père de ma paroisse, Françoise, Fabienne, mon père, ma douce et tendre (quelle belle après-midi en sa compagnie et la joie de lire dans son regard que j'avais pris la bonne décision de demander de moi-même à me faire hospitaliser), mes amis et collègues Laurent et Jean-Michel (la Force soit avec eux !!), Corinne... sans compter tous les messages de soutien (merci Angélique, Mireille, Aurélie, Karine, Fred Thé, Christophe, Fred de Limoges, Sylvie, Amélie, Bruno, Gérard, Laurence, Simone, Aline, ma cousine Renée, Delphine... et j'en oublie certainement !!) me disant que j'avais fait le bon choix sauf une ou deux collègues (parmi les plus jeunes... alors qu'on pourrait croire que la suspicion à l'égard de la psychiatrie soit le fait de l'ancienne génération) me prédisant d'être bourré de cachetons (c'est vrai que d'être bourré tout court c'était mieux !! en outre, je ne suis justement pas assommé de quoi que ce soit, juste ce qu'il faut pour passer le cap et supporter physiquement le manque d'alcool) et d'être incité à me perdre dans l'introspection (comme si ça ne faisait pas des décennies que je me posais des questions...).
A partir de mardi, la thérapie commence vraiment. Chaque jour, un entretien avec le psy, avec qui le courant passe fort bien. Jeudi, pour la première fois de ma vie, je participe à un groupe de parole... Thème choisi : le regard des autres, les "normaux", face aux personnes passées par la case psy... Et c'est un pari que je fais depuis dix jours, d'abord d'avoir prévenu tout le monde de mon hospitalisation et de ses raisons, maintenant d'écrire ce texte qui me discréditera certainement aux yeux de certain(e)s. Et puis il y a tout le temps à tuer... les promenades dans le parc à réfléchir et classer ses idées (après tout, je suis là pour ça, c'est comme une retraite du monde pour quelques jours) et surtout les conversations avec les autres membres du pavillon (notamment Michel, Jeff, Gonzague, Jean-Luc et les autres...). Au total, nous sommes une vingtaine, chacun avec son passé, son histoire, ses problèmes, ses angoisses... mais au final on est tous un peu pareils et on ne se juge pas. En outre, le personnel qui nous encadre, des infirmiers aux aide-soignantes et aux aide-ménagères est à l'écoute et ne nous juge pas.
Une expérience unique et exceptionnelle, entre l'enfermement (pour ce week-end chez mon amie, on emploie le vocabulaire de l'armée : je suis en "permission"), la vie en communauté, le retour sur soi dans un but précis : aller de l'avant. Après tout, au quotidien, on n'a pas trop le temps de penser à soi, et on nous ne le déconseille : "ne t'écoute pas". Là, c'est le contraire. Je me forçais même à éviter de me laisser distraire par la lecture pour travailler sur moi parce que j'étais là pour ça... un peu comme un "devoir de vacances" avant de partir en vacances (les vraies cette fois !) avec Valérie (probablement du côté de l'univers Bretagne) et ensuite d'aborder la rentrée et la vie avec plus de sérénité. Les problèmes existent toujours, existeront toujours, ma mère ne guérira jamais, mes blessures de l'enfance, mes treize ans de solitude quasi-absolue, tout celà restera, mais je vivrai avec et tout ce passé (voire ce présent) ne m'empêchera plus de dormir.
Voilà. Je ne suis pas guéri. De toute façon, la dépression fait partie des maladies dont on ne peut assurer une rémission définitive, certains rechutent au bout de six mois, d'autres après une dizaine d'années, d'autres jamais. Concrètement, il me reste encore quelques jours au pavillon... Puis ce sera "le retour à la vie civile", les vacances avec Valérie, et la vie qui reprend le dessus. Mais c'est une autre histoire !
Un bel été à toutes et tous ! Prenez soin de vous et n'oubliez jamais de dire à vos proches que vous les aimez.
Post-scriptum : encore merci aux personnes présentes au plus fort de la crise, Françoise, Fabienne, Valérie, le Père, également mon psy... Sans elles je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui.

2 commentaires:

les docs du LEM a dit…

Bonjour à toutes et tous ! J'ai reçu énormément de mails, de sms, d'appels suite à ce texte et contrairement à ce que je fais parfois je ne les mettrai pas en ligne, même "en extraits"... Vous me permettrez de garder tout ceci pour moi et pour ma compagne.
En tout cas merci de tout coeur à toutes et tous.
J.-F.

Anonyme a dit…

Message du 21/07/08 12:57
> De : "Anne
> Copie à :
> Objet : re: Quelques nouvelles... DE JEAN-FRANCOIS
>
> A lire ses mails je pensais bien qu'il avait trop d'influx nerveux, trop d'angoisse. Enfin, s'il en a pris conscience....Je crois qu'il ne sait pas comment aborder la vie de façon logique et mesurée. En fait il en a peur. Conclusion d'une infirmière psy. Amicalement.