jeudi 29 mars 2007

Bons Baisers du Bourbonnais

Bonjour à toutes et tous !
Comme promis, je vous donne quelques nouvelles depuis mon silence actuel... tu parles d'un silence. D'abord, je ne peux m'empêcher de parler, d'écrire, c'est assez vital pour moi... Ensuite, les mots de mon ancien prof de français et de grec, Gérard, m'encouragent vivement à reprendre la plume, ou plutôt le clavier... Je me permets de le citer ici... "il y a déjà pas mal de temps que je n'ai pas eu le temps de passer au CDI lire ton blog, si bien que ce n'est qu'aujourd'hui que je découvre la page où tu annonces que tu souhaites interrompre ce que tu as fait jusqu'à présent. Je comprends fort bien ton désir et les raisons par lesquelles tu le justifies. Laisse-moi aussi te redire qu'il y a sûrement peu de blogs aussi bien écrits, aussi sincères, aussi intéressants à lire que le tien. Mes élèves et moi, nous nous sommes demandés cet après-midi, dans le cadre du cours de français, s'il était nécessaire d'avoir une vie intéressante pour que l'autobiographie soit, elle, intéressante. La réponse a été définitive : non ! Et je te le redis, même si tu trouves que ta vie manque d'intérêt, la façon dont tu en parles suffit à donner beaucoup de poids à ce que tu écris sur cet écran. Je respecte évidemment ton choix, et je le comprends, mais je regretterai beaucoup de ne plus te suivre aussi bien." Alors, effectivement, après de tels propos, il est difficile de ne pas sentir un léger sentiment de fierté... Fierté et non orgueil ou autosatisfaction ou nombrilisme. Je me permettrai également de citer Corinne qui résume gentiment en une phrase ce que la plupart d'entre vous pensent... "Je vois que tu ne peux t'empêcher de nous envoyer tes proses (qui au passages ont toujours très intéressantes)".
Bref, quelques mots... Je ne vais pas m'étendre sur l'actualité politique. D'abord, je suis consterné par la campagne la plus démagogique qui soit, où les prétendants usent et abusent de promesses et de propos adaptés à chacun de leur auditoire. Ensuite, la campagne officielle ayant commencé, en tant que fonctionnaire et plus encore en tant qu'enseignant, je suis tenu au devoir de réserve, n'étant membre ni d'un parti ni d'un syndicat. Je peux simplement encourager chacune et chacun à aller voter pour une élection qui me hérisse car le système présidentiel me rappelle trop la monarchie à mon goût, une spécificité bien française d'ailleurs... Fin des commentaires.
Ma vie privée... Vaste débat... Outre les mails de Gérard et Corinne, j'ai reçu un très gentil mail de Christophe que je me permets également de citer ici... "Tu as raison de faire un break, ça permet de souffler un peu, de se remettre d'aplomb, bref, faire le vide après s'être rempli la tête de tant de mails, d'espoir, de messages, bref, tant de virtualités qui à la fin, sont bien dérisoires. Dérisoires face à la vie, toute simple, que l'on est sensés vivre et non pas subir. Et après tout, on a le droit de s'aimer non ??? Avant d'aimer les autres, il faut d'abord s'accepter en tant que tel. C'est évident et ceux qui ne l'ont pas compris, ils n'ont rien compris au fonctionnement de l'être humain. Quant aux personnes que tu as rencontrées, c'est malheureux mais, effectivement, beaucoup de gens sont dans une histoire qui se termine, est terminée et ils ont la tête dedans. C'est vrai. D'ailleurs une collègue de Carine a été larguée par son mec et elle se retrouve avec les 2 gamins sur les bras et en recherche d'un homme !!! On n'en sort pas de cette histoire. C'est bien dommage qu'il n'y ait plus d'histoires simples, sans prise de tête. Enfin c'est juste mon avis."
Ces derniers mois, j'ai rencontré énormément (en tout cas un certain nombre) de personnes entre 35 et 40 ans, totalement ravagées par la vie... Le monde des divorcés, des séparés... que je ne connaissais pas... Eh oui... Mes amis, mon cercle... ils sont tous en couple depuis des années, souvent avec des enfants... et aux réunions de potes, je faisais toujours tâche pour être le seul célibataire... Par mes rencontres sur le net, ce fut le contraire... Je n'ai plus rencontré que des personnes seules, enfin pas vraiment seules... Des femmes divorcées, avec un, deux, trois enfants, pas toujours du même père, souvent en conflit avec le ou les pères qu'elles avaient parfois tendance à appeler "le géniteur"... alors, bien sûr, je sais qu'à mon âge il est peu probable de rencontrer une femme sans enfant ou en tout cas partante pour en avoir un ou plusieurs autres... ou alors une femme plus jeune que moi, avec le risque qu'elle me quitte vite une fois l'enfant mis au monde, pour un mec plus jeune ou simplement pour élever l'enfant toute seule... Je suis cynique ? Peut-être. En tout cas, l'impression de toutes ces rencontres est beaucoup de tristesse. Pas seulement parce que je n'ai conclu avec aucune de ces charmantes personnes. J'ai l'habitude de prendre des "rateaux", depuis le temps... Non, surtout, c'est de voir toutes ces personnes perdues... Sortant d'une histoire pour aller dans une autre, sans trop savoir pourquoi, simplement parce que, comme dirait Brel, "il faut bien que le corps exulte". J'espère au moins qu'elles ont un peu de plaisir mais je n'en suis pas sûr. On rencontre un homme, on fait un enfant avec lui, on le quitte ou il nous quitte (car les hommes ont plus que leur part là-dedans), on se trompe, on se sépare parce que les concessions ne sont plus possibles, et on va vers un autre, on fait un autre enfant éventuellement avec lui et ainsi de rebonds en rebonds... Bien sûr, je savais que ce mode de vie existait, j'en vois les ravages sur mes élèves qui sont le fruit de cette génération "recomposée"... J'aurais envie de dire "décomposée". Mais je ne soupçonnais pas l'étendue des dégats... Tant de gens dont la vie n'est qu'un champ de ruines...
Attention ! Je ne veux pas me faire là le chantre d'une morale judéo-chrétienne vieillie, usée, fatiguée et dont je suis le premier à dire qu'elle est l'une des responsables du malaise dans la civilisation... Non. Je voudrais qu'on retrouve les valeurs de l'engagement. Quand on parle d'associations, d'humanitaire, même de vie professionnelle, tout le monde encense l'engagement. Dès qu'on aborde le sujet de la vie privée, c'est une valeur ringarde. S'engager dans un couple, dans un projet de vie à deux, c'est considéré comme nul, comme réac, comme contre-nature. On a inventé l'idée qu'un couple ne pouvait pas durer. On est passé d'un extrême à l'autre. Jadis, le divorce était interdit et les gens qui quittaient leur conjoint ou au moins s'en séparaient pour quelque aventure étaient des pestiférés. Maintenant, on inculque dans la tête des gens que le couple n'est pas fait pour durer, qu'il faut butiner de fleur en fleur, coucher à droite à gauche, éventuellement en groupe et surtout pas s'engager. Une fois de plus, et je me répète, je ne me fais pas le porte-parole d'une morale chrétienne quelconque. D'abord, il n'y a pas qu'en Occident que la fidélité existe. Ensuite, les exemples de couples stables et surtout heureux parmi mes amis et collègues sont des exemples de personnes athées, bouffeuses de curés et tout et tout et qui me taquinent chaque fois que j'évoque ma passion de l'Histoire des religions...
Je veux encore croire aux vertus de l'engagement. On s'engage pour défendre une cause, on s'engage pour aider son prochain, on s'engage pour des idées... et on ne pourrait pas s'engager avec quelqu'un pour construire une vie ensemble ? Et tant pis si ça n'aboutit pas. En sport, on le sait très bien, si on part battu, on n'est pas près d'arriver. Il faut aller de l'avant, y croire, et se battre ! Je suis peut-être un idéaliste stupide mais tant pis. Grattez le cynique, vous trouverez un idéaliste.
Ma vie familiale maintenant... Justement, pour rebondir sur le sujet précédent, le couple que forment mon père et ma mère est merveilleux, un exemple de courage dans l'adversité et dans l'épreuve. Je ne sais pas si je saurai aimer un jour comme aiment mes parents, mon père qui s'occupe de ma mère et l'assiste et ma mère pour qui mon père est tout, la seule personne vraiment présente et qui ne l'a pas abandonnée dans l'obscurité de cette fichue maladie. Pour ma part, j'ai "gardé" ma mère deux jours la semaine dernière et ce fut une terrible épreuve. Je n'ai pu m'empêcher de me mettre en colère plusieurs fois contre ma mère parce qu'elle ne réagissait plus et mettait du temps à s'asseoir ou à poser sa fourchette. Deux jours et je suis sorti épuisé de l'épreuve. Mon père, lui, la veille quotidiennement tandis que des personnes bien pensantes - y compris dans notre famille - lui conseillent de placer ma mère dans une institution... Pour ma part (je me répète), je n'ai pas cette force qui habite mon père et je vois se profiler ces vacances de printemps avec espoir... Je m'explique... mes parents devraient aller quelques jours dans le Sud avec ma soeur et son mari et, du coup, je serai seul sur Moulins pendant ce temps-là, l'occasion de me reposer, de faire du sport, de bouquiner, de ne penser à rien, de n'avoir pas d'obligations familiales, bref de souffler... Je sais, c'est un peu égoïste comme raisonnement, mais j'attends la semaine prochaine (la Semaine Sainte !) avec une grande impatience !
Voilà. J'ai été plutôt bavard mais c'est mon dernier message avant deux bonnes semaines... Aussi portez-vous bien. Je vous souhaite, à toutes et tous, croyants, agnostiques, athées, engagés, désengagés, célibataires, mariés, divorcés, veufs, en multirelationnel (c'est plus sympa que le terme "partenaires multiples"), je vous souhaite de Joyeuses Pâques. J'aurai une pensée particulièrement pour mes amis de Corse et la fabuleuse tradition de la Merendella le lundi de Pâques qui voit toutes les familles aller pique-niquer ce jour-là... Où que vous soyez, en Corse ou sur le Continent, profitez de votre famille, de votre conjoint(e), de vos enfants, de vos amis... Je terminerai par cette citation de Jacques Higelin (grand amoureux de la Corse), extraite de La Ballade de chez Tao : "Vivez heureux aujourd'hui, demain il sera trop tard".
Bonjour chez vous.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

eh oh, le doc, faut pas se démoraliser comme ça. La vie est ainsi faite que lorsqu'on est heureux on ne voit que ce qui va bien et que lorsque c'est la déprime, le monde est vilain tout plein. Même si je suis foncièrement d'accord sur la décomposition ambiante des familles et le désintérêt général pour un engagement qui dure (et non pas seulement pendant la période de garantie...) il faut essayer de voir ce qui tient. Je ne m'impose pas en modèle d'engagement : je vais me marier cet été et en même temps j'ai la trouille : et si ça changeait, et si c'était pas Lui, ...
L'amour est un cadeau qu'il faut savoir déguster, apprécier et conserver. On le construit, les histoires individuelles deviennent une histoire commune qui l'enrichisse. Si au début on aime sans le vouloir, après plusieurs années, on choisit d'aimer. Personne n'est parfait : l'autre ne peut pas être uniquement la cause de l'échec ou de la réussite : il faut le vouloir! Je pense que tu le sais, mais la question pour l'instant c'est "aimer sans le vouloir, je veux bien, mais avec qui?"