Vous connaissez la chanson de Souchon "J'ai dix ans"... Ben, moi, j'ai un peu plus que lui, mais guère plus... J'ai quinze ans ! Je ne souffre pas du syndrome de Peter Pan, je ne suis pas un grand enfant. Non, chez moi, c'est pire, je suis un éternel adolescent. Une femme que j'aimais (et qui ne m'aimait pas... un grand classique !) avait, elle, dit de moi (à ma soeur) "un adolescent attardé". Une des deux personnes avec qui j'ai eues une liaison cette année (pas S., "l'autre", jamais évoquée ici, D.) m'a déclaré plus simplement l'autre jour que j'avais le comportement d'un adolescent : "ce n'est pas un reproche, c'est un constat, tu agis comme un ado de quinze ans".
Je romps officiellement mon pacte de ne plus parler de moi (au sens vie privée et états d'âme) sur ce blog car je sens que la pression est tellement forte qu'il me faut un peu "évacuer" par quelques phrases, quitte à déplaire à celles et ceux d'entre vous me conseillant de ne pas m'exposer sur la voix publique (n'est-ce pas Fred Thé et Françoise C.). Je vais être tel le Jef de Brel, à me donner en spectacle sur le trottoir, d'ailleurs "c'est plus un trottoir, c'est un cinéma".
J'ai quinze ans. Physiquement. A quinze ans, j'étais le plus grand garçon de ma classe. Depuis, parmi mes amis, je suis le plus petit. J'ai arrêté de grandir en mars 1985. A quinze ans, j'ai découvert le film "Furyo", avec un David Bowie torturé, bouffé par ses remords, et la magnifique musique de Ryuichi Sakamoto. Ce film me suit depuis maintenant vingt-deux ans. A quinze ans, j'ai vécu la plus belle semaine de ma vie, mon séjour vidéo à Saint-Bonnet-près-Riom. J'ai alors décidé que ce serait la plus belle semaine de ma vie. Au cours de cette semaine, je fus follement amoureux de Sandra, brune aux yeux verts, si jolie, qui ne me remarqua même pas et ne me proposa pas même son amitié... L'amitié... A quinze ans, je suis devenu vraiment ami avec Fred Thé... Plus de vingt ans que ça dure... avec des hauts et des bas. Aquinze ans, mon prof de grec était un certain Gérard qui m'encourageait à rédiger mes nouvelles...
A quinze ans, j'aimais le vélo, la natation, la course à pied, la muscu... Plus de vingt ans plus tard, après une longue période où mon corps ne m'appartenait plus, je retrouve ces mêmes plaisirs simples autour du sport. J'éprouve la même passion pour le cinéma et la musique du film. A quinze ans, je faisais du théâtre. Aujourd'hui, je suis acteur dans la troupe de La Nouvelle Rampe et je dirige l'Atelier-Théâtre de mon collège. D'ailleurs... à ce propos, en ce moment, je vis un rythme infernal et je sais que les semaines à venir vont être très denses et remplies entre les répétitions de mes élèves et celles de ma troupe... Oups ! Le mois d'octobre va être bien rempli !! A quinze ans, j'avais la foi chevillée au corps. Après des années de doute puis de certitudes dogmatiques, je me sens habité par cette même foi simple et intense. Je sais, pour la société actuelle, je suis un pauvre ringard, mais voilà, je suis Catho, c'est comme ça... Certainement, je suis pitoyable pour la plupart des athées qui considèrent la foi comme une faiblesse mais, bon, c'est mon "coming out" à moi : je suis croyant et même pratiquant.
A quinze ans, j'avais peur de vieillir. Ma chanson symbole était "Forever Young" du groupe Alphaville. Je ne voulais pas devenir adulte. Non par peur des responsabilités car je ne les ai jamais fuies (d'ailleurs c'est plutôt un truc d'adultes de fuir ses responsabilités...) ; d'ailleurs, on m'a toujours trouvé très mûr. Non. Je ne voulais simplement pas vieillir et je me suis jamais senti l'âme d'un père, d'un chef de famille (d'ailleurs, de nos jours, une fois que les femmes ont un enfant, souvent elles s'en vont et le chef de famille -quel terme dépassé et machiste- disparait de l'univers de ses enfants...). Dans une société comme la nôtre, dire qu'on ne se sent pas d'avoir des enfants est le pire des tabous... Pourtant, de facto, je ne me vois pas père. Et, comble de l'ironie, depuis quelques années, le principal reproche que m'adressent de potentielles compagnes est de ne pas avoir d'enfant et donc de peut-être un jour en vouloir un... Je suis un "dangereux géniteur potentiel" !...
Il y a un autre tabou, encore plus énorme. Dire, affirmer, assumer, qu'on n'est pas passionné plus que ça par la sexualité... Et pourtant ! Ce que l'on appelle pudiquement la libido, ces pulsions sexuelles qui nous travaillent toutes et tous quoi qu'on dise, personnellement, elles ne m'ont pas vraiment apporté de bonheur... D'abord, la fameuse harmonie entre les partenaires, c'est un instant tellement éphémère et qui n'a d'ailleurs pas souvent lieu, même si on se ment et qu'on se prétend le contraire. Ensuite, combien de dépressions, d'angoisses, d'adultères, de tromperies, de mensonges, etc... tout ça pour des "parties de jambes en l'air"... même pas passionnantes... mais il faut bien tuer le temps, "il faut bien que le corps exulte" (dixit Brel)... D'ailleurs, le corps n'exulte pas vraiment... Pas souvent... En tout cas, pas pour moi. Mais comme faut faire comme tout le monde. D'un autre côté, "on n'est pas de bois"... Et l'on se retrouve dépendant de cette sexualité qui asservit quand l'amour est censé affranchir... Et qu'on ne me dise pas que le sexe c'est naturel, "c'est la nature", car il n'y a rien de plus humain et non animal que la sexualité humaine... Je citerai ici les propos d'une amie "il n'y a rien de mal à partager un bon repas avec un ami, il n'y a rien de mal non plus à partager un moment de sexualité"... Je ne crois pas qu'on puisse sereinement comparer la sexualité et la cuisine sauf, bien sûr, pour quelques jeux de mots bien sentis évoquant les recettes, les cordon bleu, les grands chefs, les petits plats "vite fait sur le gaz" ou ceux qui mijotent longtemps... On n'a jamais (ou alors vraiment rarement) cité des cas de névrose suite à des repas partagés et la principale distinction entre amis et amants est justement la sexualité...
Moi, ce qui me fait rêver, c'est de longues balades, des fous rires, des soirées d'ivresse, des confidences échangées, une belle complicité... La vie de couple, je crois que je n'y suis pas prêt, je n'en suis peut-être tout simplement pas capable. Dès qu'il y a des tensions je fuis. D'un côté on me reproche d'être trop présent, trop collant, trop envahissant. De l'autre, on me trouve distant, peu curieux de mes semblables, tourné vers l'introspection. Ce qui est relativement gênant mais somme toute anodin dans une relation amicale ou familiale prend des proportions de drame dans la relation d'un couple. Un mot en l'air devient tout de suite une affaire d'Etat dans le petit monde que forme l'union de deux êtres. Oui, c'est vrai, c'est certainement magique et merveilleux de vivre à deux mais je n'y arrive pas et j'avoue même que, pour moi, la relation de couple a tendance à un peu m'effrayer, ce côté bulle fusionnelle... Je ne suis pas doué pour la vie à deux. Attention ! Je ne dis certainement pas que je ne suis pas doué pour le bonheur ! J'aime vivre en société, entouré d'ami(e)s, partager mes passions, ne pas être seul. Mais vivre à deux, non, décidément, je crois que ce n'est pas pour moi.
A quinze ans, je ne me voyais pas vivre en couple, fonder une famille et jouer la mélodie du bonheur dans une petite maison au fond d'une jolie prairie. Non, je me voyais avec plein d'amis, faire du sport, aller au cinéma, jouer au théâtre, être entouré d'adolescents... J'ai trente-sept ans... Je réalise enfin mon rêve. Que demander de plus ?... On n'a pas tous l'occasion de s'accomplir. Merci au Ciel, à mes parents, à vous toutes et tous pour m'avoir indiqué la voie, parfois sans même le savoir.
A quinze ans, mon moniteur Dominique m'avait dit une fameuse phrase : "Si tu sais d'où vient le vent, va où le vent te mène". Je crois maintenant savoir d'où vient le vent...
Sinon, ben, infos Coupe du Monde de Rugby (je peux pas m'en empêcher !)... Belle victoire de la Géorgie sur la Namibie 30 à 0. La Géorgie, vous savez, l'équipe contre qui la France joue dimanche... Et les Samoa ont battu les Etats-Unis 25 à 21. Les Etats-Unis... ce pays qui a inventé le foot U.S., mix de foot et de rugby et qui fut dans les Années 1920 la seule équipe championne olympique de rugby aux Jeux Olympiques, avant que le rugby ne soit retiré des J.O. pour brutalité... à cause d'une finale France-Etats-Unis particulièrement violente...
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