J'avoue qu'hier soir, vers 20h, j'avais boycotté la télévision, comme je le fais beaucoup depuis quelques mois (pour le plus grand bien de mon équilibre intérieur !), voulant à tout prix éviter le "énième show Macron"... J'ai reçu un sms laconique m'enjoignant d'allumer la télé... Je suis docile, j'obéis. Et je vois ces flammes à Notre-Dame. Fâcheuse habitude, je m'attends à un nouvel attentat, soit des islamistes, soit d'une fraction radicalisée de l'ultra-gauche ou au contraire de l'extrême droite néo-païenne voire "un coup des gilets jaunes" (je n'ai pas oublié l'Arc de Triomphe...).
Eh non... Il s'agit d'un accident. D'un fait divers. Car, oui, c'est un fait divers. Une église brûle. Ce n'est ni la première ni la dernière. Au milieu des propos catastrophistes des pseudo-éditorialistes, hier soir, il y avait heureusement l'historien des religions Odon Vallet. Il rappela d'abord l'incendie de la cathédrale de Nantes en 1972, également pendant des travaux. Il rappela également que la plupart des églises de France, Notre-Dame comprise, ont plusieurs fois connu des incendies au cours des siècles, essentiellement à cause de la foudre (merci l'invention du paratonnerre !). Bref, c'est triste, c'est même effroyable. Mais ce n'est qu'un fait divers.
Rappelons qu'il n'y a pas eu mort d'hommes. Soulignons, au passage, la bravoure des quelque quatre cents pompiers face à une fournaise montant à certains endroits à plus de 1100 ° C. Chapeau, les gars !
Pour revenir à Notre-Dame-de-Paris en particulier... Rappelons qu'elle en a connu, la vieille dame, des "péripéties" à travers son histoire... Des destructions, des profanations lors de la Révolution Française (c'était ahurissant, hier, de voir Mélenchon, thuriféraire de la Terreur, pleurer devant les cendres de la cathédrale... confondant même ! le bouffeur de curé était redevenu l'ancien sénateur socialiste gentillet), le sacre de Napoléon l'usurpateur (l'homme qui avait trahi à la fois la Révolution, la République et la France pour mettre l'Europe à feu et à sang... visitez la chapelle de Waterloo... vous comprendrez !), et depuis quelques années, cette église était devenue le Disneyland parisien avec des queues monstres pour se faire prendre en selfie devant une statue ou une autre... Une fois ou deux, j'avais tenté d'entrer pour prier (vous savez, à l'origine, ce fut un lieu de culte). J'avais renoncé devant la foule.
La France est un pays riche (si ! si !). Notre-Dame sera reconstruite (on a bien reconstruit à l'identique la cathédrale de Reims détruite par les Allemands pendant le Premier Conflit Mondial). Et la procession des touristes pourra reprendre.
Dans le même temps, les gouvernements français (toutes couleurs politiques confondues) continueront de diminuer la part du budget consacré à la sauvegarde du patrimoine (on n'est pas les seuls, les Italiens font pareil !). Les églises, les châteaux tomberont en ruine. On organisera des tombolas du patrimoine pour pallier la carence de l'Etat régalien. Sans commentaire.
Revenons à l'incendie de Notre Dame. J'ai été très vite stupéfait et écoeuré. Par les journalistes (notamment ceux de "droite") qui, dès le début de la soirée, ont comparé l'incendie de Notre-Dame au "drame que vit actuellement l'Eglise de France". Ensuite par les politiciens de tout bord, surfant sur la vague (légitime) d'émotion qui submerge le pays. Les larmes de Mélenchon, les tweets des uns et des autres (maintenant, on ne parle plus, on tweete), le discours opportuniste du président Macron...
Une église a brûlé hier. Ces dernières années, à travers le monde, notamment au Moyen-Orient mais aussi en Afrique, des églises (parfois millénaires) ont brûlé (avec parfois des fidèles à l'intérieur), dans l'indifférence générale voire dans la moquerie (à part quelques humanitaires, qui se soucie des Chrétiens d'Orient ou d'Afrique Noire ?).
C'est la Semaine Sainte (pour les Chrétiens). Prions pour nos frères persécutés qui n'ont plus d'église où prier. Qui doivent se cacher pour prier. A Paris, il y a des dizaines d'églises (souvent très belles d'ailleurs) où les fidèles pourront se rassembler.
C'est l'homme qui est au coeur du projet divin. Pas des édifices symboles de l'orgueil démesuré des nations, aussi beaux soient-ils.
Puisque tout le monde, notamment les athées anti-croyants, s'émeut aujourd'hui de la destruction d'un lieu de culte, c'est l'occasion de rappeler qu'en France (oui, en France) chaque année plus de mille églises sont profanées. Sans que cela n'émeuve personne. Pas plus tard que la semaine dernière, l'une des églises de Montluçon, où j'habite, a été profanée. Un entrefilet dans la presse régionale. Et c'est tout.
Bonne Semaine Sainte aux croyants de toutes religions, bonne semaine tout court aux agnostiques et cherchant Dieu, et bon courage aux athées.
Addendum : Le but de ce "billet
d'humeur" n'est pas de choquer pour choquer ou même de me faire plaisir
en faisant des phrases. C'est juste qu'il faut savoir prendre du recul.
Il n'y a pas eu mort d'hommes. Des pierres se remontent. D'autres
monuments français ont connu des drames semblables voire bien pire
(Reims !) et s'en sont relevés. Par contre, la récupération politicienne
actuelle est écoeurantissime. On est à deux doigts d'un impôt spécial
pour financer la reconstruction. Et, bêtes et naïfs comme sont les
Français, ils seraient prêts à le payer...
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