lundi 22 octobre 2007

Entre deux eaux...

(photo prise le jeudi 18 octobre à François Mercier)


Me voici "entre deux eaux"... La tête dans le guidon, un bout de route déjà fait et tellement à faire encore... Je ne parle pas de ma vie... Quoique, à 37 ans, je suis bien un peu "à la moitié"... Non, je parle de mon aventure théâtrale ou plutôt de mes aventures théâtrales... Jeudi dernier, 18 octobre, ce fut la première représentation des élèves au Théâtre François Mercier de Tronget, un vrai triomphe dont le quotidien régional ("La Montagne" édition de Moulins) s'est fait écho dès le lendemain. De voir les élèves prendre possession du théâtre, notamment des coulisses, courir dans les couloirs, se déguiser fébrilement, sentant monter la tension avant d'entrer en scène puis se jeter à l'eau, les hésitations et enfin les premiers applaudissements puis, à la fin, saluer et se laisser envahir par l'ivresse d'être là, sur la scène, au coeur des regards de l'assistance... De les voir ainsi heureux et épanouis, outre que cela me procura une grande et légitime fierté, cela appela à moi les souvenirs de l'adolescent que j'étais quand, à l'âge de quinze ans, au Théâtre de Moulins, je courais moi dans les coulisses avant le spectacle de l'Atelier... Le Théâtre de Moulins... Je l'ai retrouvé vendredi 19 octobre au soir pour la première répétition sur scène avec la troupe de La Nouvelle Rampe... Joie de retrouver ce théâtre où j'ai vécu tant de moments depuis plus de vingt ans maintenant... Hasard de la presse régionale, dans la même édition du quotidien régional (un numéro collector, donc, que celui du 19 octobre !!), il y avait l'article sur "13 à Table"... Bref, pour la première (et certainement la dernière) fois de ma vie, me voilà cité deux fois le même jour dans le journal... Si vous désirez en savoir un peu plus sur la représentation à François Mercier je vous renvoie à http://charlotte.delbo.free.fr/ et à http://leblogdudocdetronget.blogspot.com/
Vendredi 19 octobre, d'ailleurs en même temps que la répétition (ce qui donna lieu à quelques effets comiques), il y avait "la petite finale", "la consolante", entre France et Argentine. Un vrai désastre pour les Bleus qui perdirent 10 à 34, au terme d'un match violent et inintéressant, qui laissa une bien mauvaise image du rugby... Là, on n'est pas entre deux eaux mais carrément au fond du gouffre !!! Le samedi 20 octobre, c'était la grande finale, la vraie, qui n'avait de grand que le nom car on assista bien à une victoire de mon équipe fétiche, les Springboks, 15 à 6, mais au terme d'un match long et poussif, sans essai... La finale tint ses promesses : comme de nombreuses finales équilibrées (et pas seulement en rugby), elle fut ennuyeuse à s'en assoupir... Comme en 1995, l'Afrique du Sud gagna le trophée William Webb Ellis (du nom du fondateur du jeu de rugby et qui est enterré à Menton... salutations à mes cousines qui vivent là-bas !). Voilà douze ans désormais que je m'intéresse à ce sport, depuis la victoire des Boks en 1995... un cycle s'achève, une boucle est bouclée.
Un week-end entre deux eaux... Premier dimanche depuis six semaines à ne pas regarder un match de rugby !!! Un week-end avec ma compagne et toujours les mêmes interrogations... Ma vie n'est-elle pas entre deux eaux ? Cette fille que je vois chaque week-end depuis deux mois, suis-je avec elle ou non ? N'est-ce pas une vie sentimentale entre deux eaux ? Un jour ou l'autre, il faudra bien que je me dise à moi-même que je ne suis pas célibataire, que j'ai quelqu'un. Quand on a tellement pris l'habitude de vivre seul, de se sentir seul, la vie à deux est parfois sinon effrayante au moins déstabilisante... Alors, voilà, quand on fréquente quelqu'un assidument depuis deux mois, qu'on a plaisir à la retrouver, à passer du temps avec elle, n'est-on pas en train de franchir un cap dans sa vie ?! En même temps, l'expérience désastreuse du début de l'été avec la fameuse S. me laisse un goût tellement amer, une peur de m'engager même à très court terme, l'angoisse de la présenter ne serait-ce qu'à un ou deux amis, pour leur dire quelques jours plus tard "c'est (déjà !) fini"... On dit parfois que pour vivre heureux il faut vivre cachés... Alors, je respecte l'adage et passe du temps avec cette personne sans la présenter à quiconque... Il sera bien assez tôt un jour ou l'autre...
Un lundi entre deux eaux... Ou plutôt entre deux générales... En effet, ce matin, pendant quatre heures, avec les élèves, à la Salle des Fêtes de Tronget, répétition générale en vue du spectacle de vendredi 26 octobre après-midi dans le cadre des Journées Charlotte Delbo... Et, ce soir, c'est la répétition générale de "13 à Table" avant les deux représentations de mardi 23 octobre puis celle de jeudi 25 octobre... J'en viens à mélanger les répétitions... En plus, Philippe Vérillaud, mon metteur en scène de La Nouvelle Rampe, était venu au collège encourager et conseiller les élèves et il leur a fait la joie d'aller les voir jouer jeudi dernier... Bref, l'aventure du théâtre se mélange en moi et c'en est délicieux...
Charlotte Delbo fut une femme de théâtre (la secrétaire de Louis Jouvet) avant de devenir résistante puis, à son retour de déportation, femme de lettres témoignant de l'horreur des camps dans des textes bouleversants. Avec ses compagnes de déportation, elles étaient arrivées à monter "Le Malade imaginaire" dans les conditions dantesques de l'enfer d'Auschwitz. Pour les Journées Charlotte Delbo 2007 (le collège de Tronget, qui porte le nom de cette résistante femme de lettres depuis 1998, est le seul en France à porter son nom), les élèves de l'Atelier Théâtre rendent hommage à Charlotte Delbo en adaptant et interprétant "Le Malade imaginaire", cette pièce géniale et tellement moderne, la dernière écrite et interprétée par Molière. Ci-dessous, pour lui rendre hommage, un petit texte de Charlotte Delbo extrait de "Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants" :

Je vous en supplie
faîtes quelque chose
apprenez un pas
une danse
quelque chose qui vous justifie
qui vous donne le droit
d'être habillés de votre peau de votre poil
apprenez à marcher et à rire
parce que ce serait trop bête
à la fin
que tant soient morts
et que vous viviez
sans rien faire de votre vie.
Me voici entre deux eaux avec ce blog... Entre des amis (comme Fred Thé) me conseillant de ne pas m'étaler impudiquement comme je l'aurais fait par le passé et d'autres (comme Gérard) me disant qu'au contraire j'exprime avec sensibilité et talent ce que je ressens... Je verrai bien ce que j'écrirai quand novembre sera revenu... Avant de conclure pour aujourd'hui, et comme clin d'oeil aussi bien à Fred Thé qu'à Gérard, une petite anecdote... Aujourd'hui, des élèves de cinquième sont venus me voir : ils veulent créer un journal du collège et me demandent des conseils et un coup de main... J'ai repensé à mes journaux de collégien et de lycéen avec Fred Thé... Bref, l'aventure continue ! Vous étonnerai-je si je vous dis que certains de ces élèves, à la rentrée de novembre, s'inscriront dans mon Atelier-Théâtre pour une nouvelle saison, de nouveaux projets, une nouvelle aventure... Bref, je suis entre deux eaux... L'aventure du "Malade imaginaire" s'achève dans quelques jours, de même que celle de "13 à Table"... Mais, incessamment sous peu commencera une autre aventure... "Bientôt sur vos écrans" ! Ou plutôt bientôt sur les planches...
Pour terminer ce message, et lancer la réflexion sur le sens profond d'un blog : journal intime ou simple chronique, je me permettrai de citer le mail de Gérard, mon ancien prof de français et de grec, qui m'a toujours encouragé à écrire, suite à mon annonce il y a quelques jours d'écrire des messages moins personnels sur mon blog : "Cher Jean-François (...) A propos de ton journal en ligne, je crois qu'un de tes amis t'a suggéré d'être moins personnel, de moins parler de toi et de tes états d'âme, etc. Je le regrette pour ma part beaucoup ; je crois que l'analyse que tu parvenais à conduire de ton univers affectif, de tes émotions, des événements de ta vie, était unique, souvent magnifiquement exprimée, et tirait de ce caractère unique et de cette qualité littéraire un profond intérêt, pout tes lecteurs, et sans doute aussi pour toi. Je pense qu'il est dommage que tu aies renoncé à ce que tu pouvais seul produire, au profit de comptes-rendus sportifs ou anecdotiques qui, me semble-t-il, te construisent beaucoup moins. A ce compte-là, nous n'aurions jamais eu ni les Fleurs du Mal, ni le Journal de Gide, ni la Recherche du Temps perdu. Je demeure persuadé que nous sommes un certain nombre à penser que c'aurait été dommage, et donc, de la même manière, qu'il est regrettable que tu tiennes ton journal sous haute surveillance objective. Parler de soi de manière à intéresser autrui est tout un art qui n'est pas donné à tous ; c'était cependant le cas pour toi. Je crois bien que c'est précisément cela la littérature." Merci, Gérard, pour ce compliment fabuleux. Je serais intéressé de connaître l'avis des un(e)s et des autres... Et, comme je lui ai répondu, quand je dis que je ne parle plus de moi c'est pour en parler encore plus (jeu de mots très vaseux...).
A bientôt... pour de nouvelles aventures... entre deux eaux...

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