lundi 20 octobre 2008

La Nouvelle Rampe présente Chat en Poche

La Nouvelle Rampe, troupe théâtrale moulinoise, fête cette année ses 25 ans... A cette occasion, elle propose "Chat en Poche", une comédie en trois actes de Georges FEYDEAU. Les représentations auront lieu au Théâtre municipal de Moulins, le mardi 4 novembre à 15h et 20h30, et le jeudi 6 novembre à 20h30.
Feydeau... C'est la troisième pièce de cet immense auteur que j'ai le plaisir d'interpréter, après "Le Dindon" en 1998 et "Un Fil à la Patte" en 2005 (une grande aventure, relatée longuement sur ce blog : voir archives de décembre 2005 et janvier 2006, l'occasion de retrouver La Nouvelle Rampe après mes années en Corse, et aussi de faire la connaissance de Françoise qui a depuis arrêté le théâtre... snif !).
Quelques mots sur Feydeau (1862-1921)... Il a d'abord écrit des vaudevilles en trois actes avant de passer à des comédies grinçantes en un acte. Il a fini dans la misère et à moitié fou. Vers la fin de sa vie, il a eu le coup de foudre pour les films de Chaplin et, avant de sombrer dans la folie, voulut écrire pour le cinéaste un scénario de Charlot. Feydeau estimait que Chaplin était au cinéma son successeur : sens du rythme, gags en cascade, situations ordinaires transformées et passées à la moulinette... Feydeau, plus encore que Labiche, fut ensuite victime de l'ostracisme et d'un certain snobisme estimant que les comédies de boulevard n'avaient pas leur place dans le panthéon du théâtre français. C'est en 1951 que la Comédie Française décida enfin de monter une pièce de Feydeau, "Le Dindon", permettant à une nouvelle génération de redécouvrir cet auteur génial qui est désormais joué régulièrement que ce soit à Paris ou en Province, par des troupes professionnelles ou d'amateurs.
"Chat en poche" date de 1888. C'est une des premières pièces de Feydeau qui fut alors un semi-échec. Peut-être le public n'était-il pas alors prêt pour un tel feu d'artifice d'humour à la frontière de l'absurde avec des répliques qui font mouche à chaque fois et un comique de situation particulièrement développé...
Le sujet de cette pièce ? Pacarel a fait fortune dans le sucre et, comme cela ne lui suffisait pas, il veut monter un opéra pour faire chanter sa propre fille. Pour cela, il envisage de faire venir un célèbre ténor de l'opéra de Bordeaux. Débarque alors un jeune Bordelais qui n'est pas celui qu'espérait Pacarel : il s'agit en fait du fils de son ami Dufausset venu faire ses études de droit à Paris. Pacarel, le prenant pour le ténor en question, lui fait signer un contrat, provoquant ainsi une kyrielle de quiproquos... Car le jeune Dufausset va s'éprendre de la femme de Pacarel et lui envoyer des mots doux... La fille de Pacarel, Julie, elle, a un faible pour Dufausset mais elle est promise à Lanoix de Vaux, un garçon quelque peu maladroit. Ajoutons à ces personnages le docteur Landernau et sa femme, qui vivent chez les Pacarel (on observe souvent, chez Feydeau, des personnages parasites vivant aux crochets de leurs amis), ainsi que le maître d'hôtel, Tiburce, secrètement amoureux de Madame Landernau qui, elle, n'a d'yeux que pour le faux ténor...
Mais l'intrigue, comme souvent chez Feydeau, n'est pas l'essentiel. Ce qui est essentiel, c'est la machinerie infernale qu'il met chaque fois en place et qui broie littéralement des personnages assez médiocres, qui brillent par l'impossibilité qu'ils ont à communiquer entre eux, d'où ces perpétuels malentendus... Il y a bien sûr le portrait d'une petite bourgeoisie parvenue de la fin du XIXème, qui a survécu au temps faste du Second Empire, qui se cache derrière de jolies mondanités mais personne n'est dupe. Mais les personnages de Feydeau sont toujours d'une surprenante actualité. Aujourd'hui, ils seraient les héros de séries télévisées décrivant un monde d'apparences et d'incommunicabilité...
On pourrait disserter pendant des heures sur Feydeau... Mais est-ce tellement nécessaire ? Peut-être pour les professeurs de lettres et les élèves d'écoles d'art dramatiques. Les autres, les spectateurs, retiendront qu'avec Feydeau le rire est toujours au rendez-vous, et c'est le cas avec "Chat en Poche" que je vous invite vivement à aller voir !!
Pour ma part, je joue le jeune fiancé officiel de Mademoiselle Julie, Lanoix de Vaux, un jeune homme maladroit qui n'aime pas du tout sa promise et qui ne cesse de "tourner sa langue sept fois dans sa bouche", comme le lui a ordonné sa maman, pour ne pas dire de bêtises. Après l'amoureux de la femme de son meilleur ami (Rédillon dans "Le Dindon", un de mes rôles préférés) puis un pauvre auteur de chansonnettes victime du démon comique de Feydeau (Bouzin dans "Un Fil à la Patte"... un personnage que j'ai mis du temps à cerner, un rôle difficile qui me fit finir en caleçon sur scène et m'incita à faire un régime drastique...), voici le fiancé maladroit... Un personnage plutôt sympathique, qui tire bien son épingle du jeu dans la pièce...
Si je m'amuse à lister mes personnages...
1997, dans "Pique-nique en ville", un mari trompé, petit rôle.
1998, dans "Le Dindon", l'amoureux de la femme de son meilleur ami, mon rôle le plus long à ce jour (plus de 400 lignes... j'en dormais plus !), un excellent souvenir.
2005, dans "Un Fil à la Patte", un pauvre auteur de chansonnettes, ridicule malgré lui, personnage difficile à cerner mais finalement très intéressant et l'un des rouages majeurs de la pièce.
2006, dans "Inspecteur Grey"... une pièce policière... le secrétaire du mort, amoureux éconduit de la femme du même mort, petit voleur sans imagination... Un rôle ingrat. J'ai une fois de plus pu constater à l'occasion de cette pièce qu'il vaut mieux être un assassin qu'un simple voleur. Il y a plus de respect de la part du public pour le crime passionnel que pour le simple vol de bijoux...
2007, dans "L'anglais tel qu'on le parle", un jeune marié (à une anglaise), un rôle très amusant.
2007, dans "13 à table", le maître d'hôtel, un rôle particulièrement jouissif, un de ces personnages que j'interprèterai toujours avec très grand plaisir !!
2008... le jeune fiancé contre son gré... également un rôle très agréable à jouer... Je ne saurais l'expliquer, depuis deux ans, je m'amuse beaucoup plus dans mes rôles et les personnages me conviennent plus... Est-ce le fait que je sais faire la part entre les personnages et moi-même ? Quand j'ai joué Bouzin, j'avais peur du regard des autres, de même quand j'ai joué René Dupré, le secrétaire voleur...
Il y a aussi l'ambiance au sein de la troupe qui compte... Et cette année, comme l'an dernier, il y a beaucoup de plaisir à se retrouver chaque semaine pour répéter... Il n'y a plus les tensions qu'il y a eues certaines années, tensions qui existent dans beaucoup de troupes... Je les ai connues également lorsque j'ai animé un atelier-théâtre à Luri et à Tronget...
Nous voilà à deux semaines de l'échéance et la pression monte... En même temps, pour une fois, le calendrier est parfait... les dernières répétitions ont lieu pendant les vacances scolaires, ce qui va me permettre de me concentrer et de me préparer, moralement et physiquement, à (tenter de) donner le meilleur de moi-même... Rendez-vous les 4 et 6 novembre... J'ai hâte d'y être !!


Georges Feydeau (1862-1921)

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