jeudi 2 octobre 2008

Pour une fois que j'avais (un petit peu) raison... ou mes élucubrations face à la crise financière...

J'aime pas avoir raison, surtout quand j'ai pas raison au bon moment, c'est ce qu'on appelle le syndrôme de Cassandre... Il se trouve que, par le plus grand des hasards, voilà six semaines, j'ai vendu mes quelques actions qui étaient sur un PEA, PEA ouvert (rappelons-le) au temps de la gauche capitaliste, en 1998, quand le gouvernement de Lionel Jospin avait lancé la privatisation de France Telecom (d'ailleurs, il y avait eu d'autres périodes très capitalistes à gauche, comme du temps du regretté Bérégovoy, avec les SICAV à des rendements à deux chiffres... on a longtemps incité, et pas seulement à droite, les Français à se lancer dans la spéculation...).
Il se trouve donc que j'ai vendu fin août mes quelques rares actions, profitant d'avoir une nouvelle conseillère financière à la Banque Populaire (dite "la banque des profs"... oups !), plus "coulante" que celle que j'avais eue pendant dix ans qui arrivait à me faire acheter des trucs que je voulais pas alors que je venais pour récupérer mes sous (mais, à part ça, les banques ne font pas de "forcing" auprès de leurs clients...). Ma nouvelle conseillère financière (issue de la CASDEN, l'organisme de prêt des profs, plus ou moins filiale de la BP) m'a alors dit que j'avais raison de tout vendre et que le seul conseil qu'elle donnait à ses clients était : dépensez, utilisez votre argent pour faire des achats, car sous peu l'argent ne vaudra plus rien... Elle m'avait dit ça fin août...
J'ai bien fait alors de solder mon minuscule portefeuille (pas de quoi casser trois pattes à un canard, dessus y avait même pas 2000 €... acquis en dix ans, qui m'ont rapporté au total un peu plus de 100 €, en sachant que j'avais des "frais de garde" de 30 € chaque année pendant dix ans...) car il était composé en grande partie de Natixis. Natixis, qu'est-ce que c'est ? Un montage financier, créé par la Banque Populaire et la Caisse d'Epargne. Natixis a perdu 30 % en quelques heures avant-hier. J'ai alors dit à des collègues et amis... ça chauffe pour la Caisse d'épargne et la Banque populaire... Mais non, m'ont dit plusieurs d'entre eux, c'est qu'une filiale. Le Canard Enchaîné d'aujourd'hui [texte rédigé initialement le mercredi 1er octobre, et légèrement modifié le 2 octobre] nous apprend que la Caisse d'épargne a un joli trou de six milliards. Faut dire que cette banque censée gérer les placements "pépères" des Français (en termes plus galants on dit "les placements de bon père de famille"...) joue en bourse les dits placements, comme le Crédit Agricole qui n'a plus d'agricole que le nom, la banque Dexia des collectivités locales qui a tout placé dans les "subprimes", etc... etc... ou les assurances qui font organisme de crédit, les mutuelles qui proposent des assurances vies, les grandes surfaces (Carrefour !) qui jouent les organismes de crédit voire les assureurs scolaires... Tout le monde joue à n'importe quoi depuis quelque temps...
Alors, on se dit, il reste le bon vieux Livret A. En même temps, le Livret A est en grande partie à la Caisse d'épargne... Et puis, patatra, dernier délire gouvernemental... Après nous avoir expliqué que la France ne serait pas touchée par la crise (c'est encore le syndrôme Tchernobyl : les fameuses frontières étanches...), on nous apprend que le Livret A aurait des excédents. Rappel : le livret A doit permettre le financement de logements sociaux... Alors, il y aurait un excédent de logements sociaux en France ? Faudrait quand même qu'on prévienne les SDF... Donc le Livret A permettra d'assurer la solvabilité de nos chères banques... On aimerait que nos chères banques, elles, soient aussi souples et empressées lorsque nous avons de petits découverts ou que nous voulons faire un petit prêt...
Donc, le Livret A va compenser la gabegie des banques. Dans le genre délirant, Dexia, la banque donc qui devrait aider les collectivités locales et qui a un gros trou financier, ben, en une journée, au mépris de la réglementation européenne (qui interdit à des états d'aider des organismes privés), a été nationalisée de fait par la France et la Belgique. Dexia a reçu trois milliards de la France, au moment où on nous explique que les caisses sont vides et archi-vides.
Le système financier va bien...
Enfin, les petites nouvelles qui font du bien... Le Premier Sinistre, François F., qui part en week-end avec un Falcon, coût de l'heure de vol 6000 ?, alors qu'il existe des TGV bien moins chers et moins polluants (et on va emm... les Français moyens avec la taxe pique-nique et autres délires...). Christian P., ex (depuis cet après-midi) président du Sénat, qui "face à la démagogie", renonce, la mort dans l'âme, à son appartement de fonction à vie. Le patron (ex) de Dexia va recevoir une prime de départ de plusieurs millions d'euros, de même que tous les autres grands patrons qui dirigeaient les banques financières qui ont fait faillite ces derniers temps...
Pour conclure avec un sourire face à l'absurde, j'ai reçu par la Poste (bientôt un vieux souvenir...) la lettre m'informant de la clôture de mon PEA. Soit. La lettre avait mis quatre jours, normal, tarif lent. Dessus, il était écrit que j'avais vingt-quatre heures, après émission du courrier (et non réception), pour d'éventuelles réclamations. Ben, la lettre arrivant quatre jours plus tard, pas de réclamations, le bureau est fermé... Ouf ! Je rappelle que j'avais ce PEA à la Banque Populaire... y a le mot "populaire" dedans, non ? Remarquez, "banque" et "populaire"... ça va être rare dans les semaines qui viennent...
Jean-François Pérès, documentaliste, ex-petit épargnant
Au fait... ces dernières années il était devenu superfétatoire d'évoquer le Krach de 1929 devant des lycéens et les profs d'éco et d'histoire étaient soupçonnés d'infâme gauchisme par le MEDEF (on a même dit que les manuels scolaires étaient aux mains des Rouges) quand ils présentaient les conséquences de la Crise de 1929... Aujourd'hui, 1er octobre 2008, l'histoire a rattrapé ses détracteurs...
En clin d'oeil... C'est le moment de redécouvrir un album de Supertramp au titre d'actualité : "Crisis ? What Crisis ?"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Moi j'dis, la poste, y a qu'ça d'vrai !