Et si la question n'était finalement pas celle-là ?... D'ailleurs, être n'est-ce pas croire que l'on est ?... La lecture d'extraits du livre d'Onfray sur l'athéisme et la consultation du site atheisme.org (tout un programme, plutôt pas mal fait d'ailleurs) ainsi que la conversation avec plusieurs personnes m'ont interrogé... De même que, il y a deux ans, les conversation avec un ami (ah ! Mister Lawrence !) qui avait succombé à la lecture de l'Evangile de Jean m'avaient fortement troublé... J'avais rencontré un croyant. J'ai rencontré des athées. Comme dirait Lénine (lui-même prophète d'une religion athée...) : "Que faire ?"
Ce qui m'a "troublé", ce n'est pas les critiques sur les religions, et leurs méfaits à travers l'Histoire. D'abord, c'est un argument qu'on peut appliquer à tous les courants de pensée... Je crois bien qu'aucune idéologie, aucune religion, aucun mouvement n'a vraiment les mains propres... Y compris les Pacifistes qui dans les Années 1930 ont laissé monter le Nazisme en cédant devant Hitler... Ensuite, je crois que Onfray confond les religions avec le fait de croire... Je ne suis pas religieux et je crois. Je connais des gens très religieux qui ne sont pas très croyants. La religion est un phénomène social contestable et contesté, notamment (et de longue date) par beaucoup de croyants. Après tout, par exemple, le Protestantisme est né de la contestation de rites et de comportements pour le moins pas très Catholiques (!) du Vatican. Au sein de chaque croyance, il y a des personnes qui s'interrogent, qui ne sont pas sectaires...
Le fait de croire échappe à des définitions réductrices. On ne croit pas pour acheter un bout de Paradis ni pour gagner sa place au Soleil, de même qu'on n'aime pas sa femme ou son mari ou ses amis par intérêt mais parce qu'on les aime, tout simplement. "Parce que c'est lui, parce c'est moi" disait Montaigne en parlant de son amitié avec La Boétie. Je citerai Jésus de Nazareth à son dernier repas : «Il n'est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Evangile de Jean). Si je ne souhaite pas "faire le mal", "offenser" Dieu, ce n'est pas parce que j'ai peur d'aller en Enfer, parce que je veux pas commettre de péchés, c'est parce que je veux lui faire honneur, lui montrer que je l'aime. De même que je ne veux pas trahir mes amis, faire souffrir mes parents, tromper la femme que j'aime en lui mentant, en la calomniant, en allant dans le lit d'une autre... Il y a mille façons d'offenser les gens qu'on aime. Réduire la foi à une série d'interdits, c'est très réducteur et probablement faux. Oui, les religions sont souvent basées sur des interdits, et je les conteste pour ce fait. Mais la foi n'a rien à voir avec les religions. Pour être un peu provoquant, je dirai que le plus sûr obstacle entre l'homme et Dieu, c'est la religion... De même que, comme le chante si bien Brassens dans sa "Non demande en mariage", le mariage est parfois un obstacle à l'amour... Amis athées, comprenez que l'on puisse aimer Dieu, et ne nous méprisez pas... Enfin, il ne faut pas confondre morale et religion. On peut avoir un grand sens moral et être complètement athée et, au contraire, une religion peut être totalement amorale. Et je rappelle qu'il faut distinguer foi et religion... Une société athée peut tout à fait être bâtie autour de mille et mille interdits... Les interdits n'ont rien à voir avec Dieu mais bien avec les hommes.
L'argument d'Onfray (qui, après avoir pompé Nietzsche pour dénoncer le Christianisme pompe Freud) qui m'a vraiment laissé perplexe c'est : les croyants sont des névrosés... Plusieurs amis athées m'ont également dit : après tout, si certains ont "besoin" de croire... comme des drogués, des alcooliques... Un besoin... Pourquoi pas ? Il y a bien des besoins naturels ! Puis j'ai réfléchi... J'ai pensé aux croyants autour de moi... Sont-ils donc tous des névrosés ? Et les athées de mon entourage sont-ils tous des gens merveilleusement équilibrés ? Argument fallacieux... Ce n'est pas parce que celui qui me traite de névrosé est névrosé que je ne le suis pas... Alors ? La réponse ? Je ne l'ai pas. Simplement, je n'ai pas l'impression que le fait de croire en Dieu, d'aimer un Etre Transcendant, est le signe d'une névrose. Ou alors, il faut également dire que le fait d'être amoureux, d'éprouver de l'amitié, est le signe d'une névrose... Pourquoi pas ? Névrosés de tous les pays, unissez-vous !! Je n'ai pas besoin de croire en Dieu, je crois, c'est tout.
Enfin, certains athées dont Onfray opposent Hédonisme à foi... Là aussi, ils confondent religion et foi. On peut être croyant et rechercher le plaisir (et non le désir... Monsieur Onfray devrait relire Epicure dont il se réclame...), au contraire. Le plaisir est la merveilleuse expression du divin sur terre et en chacun de nous. On peut aussi si on est athée considérer que les plaisirs ne sont que des stimuli électriques et, pour ce, les mépriser... L'amour du corps ou au contraire son mépris n'ont rien à voir avec la foi. Une fois de plus, il y a confusion... Cette confusion n'est d'ailleurs pas le fait des athées mais des religions qui devaient asseoir leur autorité, leur pouvoir temporel, et par une série d'interdits, dominer les masses. D'ailleurs, les religions qui ont aujourd'hui le vent en poupe (comme un certain Islam radical ou les Néo-Evangélistes qui pullulent en Amérique Latine et en Afrique) sont des religions bourrées d'interdits... Beaucoup de gens aiment qu'on leur donne des ordres... Une vie ainsi tracée est tellement plus simple. C'est ce qu'a toujours combattu Jésus... Il critiquait notamment chez les Pharisiens le fait de réduire Dieu et la foi à une série de préceptes qui virent à la superstition...
Voilà quelques idées en vrac... Je ne cherche à convaincre personne. J'essaie d'ordonner mes pensées. Finalement, merci Michel Onfray, vous m'avez redonné la foi...
1 commentaire:
Je dépose ici le commentaire de l'animateur du site atheisme.org qui a eu la gentillesse de répondre à mon texte...
"Cher monsieur,
Je vous remercie pour la sincérité de vos observations qui permettent une
discussion constructive.
En effet, il convient de distinguer foi et religion, croyance personnelle et
dogmes imposés. Toutefois, la conception que vous avez de l'idée de dieu n'a
que peu à voir avec celle décidée par des générations de papes.
Notez que mon site a surtout pour objectif un combat politique contre les
religions établies qui ne sont rien d'autre que l'institutionalisation de la
croyance. Les religions monothéistes ne laissent aucune liberté aux croyants
de s'arranger avec leur foi mais leur proposent plutôt une voie unique dans
laquelle ils sont contraints d'entrer.
Cordialement.
Jocelyn Bézecourt"
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