lundi 28 novembre 2005

Alexandrins maladroits

Je voudrais t'écrire le plus beau poème d'amour
Que nous soyons réunis encore et toujours
Enfin partager avec toi le quotidien
Pour nous réjouir ensemble de tous ces petits riens
Qui font le bonheur des gens que l'on dit heureux
Tous ceux qui savent se contenter d'un petit peu

Une lumière au coeur de la nuit et tout va bien
Retrouver le plaisir d'attendre jusqu'à demain
Et ne plus jamais se dire que tout a une fin
Car je sais que toujours et toujours l'aube revient
L'espoir de goûter enfin à l'Eternité
Et - qui sait ? - t'aimer avant le prochain été

L'hiver sera long et rigoureux mais tant pis
Je voudrais vivre avec toi le reste de ma vie
Tu m'as donné la force de devenir meilleur
Oh ! Rester avec toi encore une petite heure
Et oublier l'angoisse qui m'étreint et me tue
Sans toi je ne suis qu'un petit enfant perdu

Demain bien sûr je retrouverai mes esprits
Et je réaliserai que c'est une folie
Mais tant pis je ne vois pas plus loin que ce soir
Eh oui je m'accroche à cet indicible espoir
Car je voudrais goûter de la vie toute la sève
Et pourtant je sais bien que tout ça n'est qu'un rêve

Te rencontrer était pour moi inespéré
Le miracle de la vie s'est donc réalisé
Quand tout paraît inexplicablement plus beau
Et qu'on se sent léger comme un petit oiseau
Oui l'amour donne des ailes je peux en témoigner
Au risque de passer pour un rêveur attardé

Allons bon il se fait tard je dois m'en aller
Sur cette romance sans lendemain m'éclipser
Et retrouver le quotidien de mes soucis
Espérons quand même que nous resterons amis
Et pardon pour ces alexandrins maladroits
Qui ne sont décidément pas dignes de toi.


(Ecrit dans la nuit du 25 au 26 novembre 2005.)

Quelques explications...
Ce texte est dédié à une certaine demoiselle, la même à qui j'avais dédié "Can't take my Eyes off You"... A ce propos, j'ai découvert hier soir le film "Les Sentiments" avec notamment Jean-Pierre Bacri, très touchant, qui a une phrase qui me résume bien : "je suis gros, moche, vieux et con"... Situation relativement embêtante et qui ne s'arrange pas avec l'âge... Pourquoi je cite ce film, par ailleurs belle chronique sentimentale d'un cinquentenaire qui tombe amoureux d'une jeune femme (Isabelle Carré) et délaisse sa femme (Nathalie Baye dont je suis amoureux depuis que j'ai dix ans !!) ? Parce que, à plusieurs reprises, on y écoute la fabuleuse chanson "Can't take my Eyes", version Boys Town Gang...
Pour revenir à la demoiselle... Elle ne se reconnaîtra pas car elle n'a pas internet, et tant mieux finalement car je serais très gêné si elle découvrait mes sentiments, qu'elle devine peut-être mais qu'importe... Quant à la raison de ce texte, de cet exercice de style... C'est suite à une réflexion de Martine, collègue et voisine et surtout amie à qui j'avais fait lire "Novembre"... Elle m'avait fait remarquer que j'écrivais sans aucun souci de la métrique... Alors j'ai voulu pour une fois faire des alexandrins. Je ne suis pas allé jusqu'à respecter la forme du sonnet (qui est effectivement tellement belle et pure) mais j'ai essayé de jouer le jeu... Bon, maintenant, le résultat est là, pas forcément génial mais c'est l'intention qui compte...

jeudi 24 novembre 2005

Clair de Lune...

Clair de Lune... Non, ce n'est pas le titre d'un petit poème... C'est un de mes morceaux de musique préférés, écrit par le génial Claude DEBUSSY... Un air que j'aime tellement que je voudrais qu'il m'accompagne à ma dernière demeure... Non, non, j'ai pas d'idées noires mais je suis réaliste... Autant il n'est pas sûr du tout (c'est même de plus en plus mal barré) que je me marie et que j'ai des enfants... Autant, comme tout un chacun, un de ces jours, on me mettra dans la boîte en sapin... Finalement, la Mort, c'est le dernier refuge des conformistes !!!

Sérieusement, revenons à "Clair de Lune"... J'ai découvert ce morceau en 1999 (à l'époque j'étais documentaliste au collège de Cosne d'Allier) en regardant le film " Frankie & Johnny ", une gentille comédie romantique sans prétention avec Michelle Pfeiffer et Al Pacino (Frankie & Johnny est le titre d'une chanson de Presley), une histoire d'amour de quarantenaires solitaires... La nuit, à la radio, passe "Clair de Lune"...

J'ai retrouvé ce morceau quelques mois plus tard en découvrant "E la Nave va" ("Et vogue le Navire") de Federico Fellini... A la fin du film, alors que le bateau coule (a posteriori j'ai pensé à Titanic : un naufrage qui signe la fin d'une époque dans les deux cas... un traitement très différent mais les deux fois intéressant et émouvant), alors que le bateau coule, donc, un des personnages reste dans sa cabine à regarder des films muets tandis que l'eau monte... Et cet air magnifique qui revient et revient...

Des années plus tard j'ai retrouvé "Clair de Lune" à la fin du film "Ocean's Eleven"... Les premières notes apparaissent lors de l'arrestation de George Clooney (superbe avec sa mèche et sa barbe de deux jours) puis le thème se développe alors que les protagonistes du hold up se séparent en regardant les fontaines d'un palace de Vegas...

Pourquoi je vous parle de "Clair de Lune" ? Hier soir, sur France 2, un joli téléfilm, appelé "Adèle et Kamel", variante moderne de "Harold et Maud" (une pièce extraordinaire que cette folle histoire d'amour entre une vieille dame et un jeune homme) : un gars de la cité, suite à quelques larcins, est condamné à des travaux d'intérêt général : il doit s'occuper d'une vieille dame atteinte de la maladie d'Alzheimer... Le sujet me faisait peur, bien sûr parce que je pense forcément à ma mère. Le téléfilm fut une vraie belle surprise... J'ai évidemment pleuré... A un moment particulièrement émouvant, la vieille dame désespère de jouer de nouveau "Clair de Lune". Finalement Kamel va emmener Adèle écouter ce morceau joué par une pianiste dans un square... Raconté comme ça, c'est totalement froid et limite nunuche... N'empêche que c'était une scène magique... Cet adolescent et cette vieille dame unis en écoutant Debussy... J'en pleure presque de nouveau en l'écrivant...

Décidément, "Clair de Lune" m'accompagne depuis des années... Si vous ne connaissez pas ce petit bijou de simplicité dépêchez vous de l'écouter !

Dans un prochain message je vous raconterai enfin les concerts de Pink Martini et Moby. Merci aux personnes qui me disent qu'ils aiment me lire et m'encouragent à continuer, et me le disent par téléphone, mails ou messages sur le blog. Merci notamment à Djamila que je ne connais pas ou que je n'ai pas reconnue.

Superdoc... forever !!!



Salut ! C'est donc moi, Superdoc, pour celles ou ceux qui ne le sauraient pas encore... Finalement, au bout de plus de deux mois, j'ai compris comment on insérait des images sur le blog et, surtout, j'ai eu envie de le faire... Attention ! Ce blog ne va pas devenir pour autant un album photo mais, de temps en temps, quelques photos sympas du Bourbonnais ou de la Corse apparaîtront, de ci ce là... Ces photos (réalisées par Fred Thé) ont été prises sur ma terrasse à Castellu (LURI), au fin fond du Cap Corse, le 12 août 2004, soit quelques jours avant mon déménagement... La première vue, c'est la vallée de Luri, qui est si chère à mon coeur... Luri où j'ai vécu cinq ans... La deuxième, c'est votre serviteur, documentaliste qui va glaner l'information même dans "Corse-Matin" (et faut la chercher longtemps !!...)...

lundi 21 novembre 2005

Novembre

NOVEMBRE

Je suis amoureux je suis malheureux
J’ai l’impression de vivre dans un brouillard cotonneux
Je frissonne et je me blottis dans mes rêves d’hiver
J’ignore si je finirai par entrevoir la lumière

J’erre dans mon coeur et dans mon corps
Je me sens engourdi presque mort
J’ai froid et je suis si las
J’ai peur de mon propre pas

Le monde est gris et je m’ennuie
Je tue le temps sous la pluie
Je regarde dehors et je m’étonne
De n’avoir pas vu passer l’automne

Son nom hante mes jours et mes nuits
Tandis que j’oublie presque son visage
Et aussi le sinistre rappel de l’âge
Tous ces moments qui toujours s’enfuient

Je vais courir à en perdre haleine
Je me traîne comme une âme en peine
Je ne sais même plus comment je m’appelle
Je sais simplement qu’elle est si belle

Un jour prochain le printemps finira bien par revenir
Il balaiera mes amours impossibles sans un pli
Et je reprendrai ma petite vie sans folie
En pleurant de n’avoir pas osé partir

Et l’été entreprenant me bercera de mille étreintes parfumées
Mais je garderai cette cicatrice cette histoire inavouée
Mon coeur se consume et n’est plus que cendres
Qu’il est long et morne le mois de novembre.


(Ecrit le 21 novembre 2005)

dimanche 20 novembre 2005

Live Music

Jeudi 20 octobre au Théâtre de Moulins, PINK MARTINI.
Avec Martine, Tony et Lorenzo.
Samedi 19 novembre au Zénith de Clermont, MOBY. Avec Fred & Isa et leur fille Mathilde. La même magie...
Week-end du 11 novembre, avec mon pote Johan, je réécoute l'album "Local Hero" (cf. le poème "Flux et Reflux").
Dimanche 20 novembre, avec mes amis Fred & Isa, on redécouvre les C.D. de COCTEAU TWINS...
Dire qu'il y a deux mois, sur ce blog, je disais ne plus aimer la pop music, ne plus écouter de musique... Fontaine, je ne boirai plus de ton eau... Musique, tu es revenue !
Fontaine de jouvence... Dans un prochain texte je vous raconterai un peu plus en détail ces deux concerts magiques...
Je termine ce message en remerciant le Dr Freyd alias Kawasakid pour m'avoir aidé à harmoniser la mise en page de mon blog.
Post-scriptum (qui n'a rien à voir avec ce qui précède) : félicitations à Poitrenette pour avoir pu approcher son idole Clément P. Comme ça elle s'est consolée de la deuxième défaite du Stade Toulousain cette saison, à Clermont vendredi soir...

jeudi 17 novembre 2005

Juliette & Roméo... (A propos d'amour et de théâtre)

Juliette & Roméo

Elle s’appelait Juliette et lui Roméo ;
Que ce couple était beau !
Et, pourtant, le Destin en décida autrement.
Dieu à l’Amour serait-il indifférent ?
Ou ne seraient-ce point plutôt les hommes
Qui auraient perdu le goût de la pomme ?
Enfin, quoi qu’il en soit,
On ne les verra plus aller ensemble au bois,
Il ne lui chantera plus ses douces romances,
Elle ne lui dira plus : « toujours à toi je pense »...
J’ai recueilli les fleurs qu’il lui avait données.
Le malheur les a entraînés dans l’obscurité.
Si jamais vous voyez quelque violette
Repensez à cette merveilleuse fête
Où il la vit pour la première fois
Et lui dit : « Mon joyau, c’est Toi ».


(Poème écrit au printemps 1987)


A ce propos, j’ai naturellement toujours aimé l’histoire de Juliette et Roméo (surtout Juliette, jeune femme décidée, tandis que Roméo est beaucoup plus désespéré et cherche peu à lutter), et ses différentes adaptations voire des variantes comme « West Side Story » (ou même le fabuleux « Titanic » !). Mais, dans cette histoire, mon personnage préféré a toujours été le Frère Laurence, moine franciscain, ami de Roméo, qui mariera les amants et tentera en vain de les réunir... Aujourd’hui, on parlerait de « grand frère ». Je n’ai pas et n’ai jamais eu un physique de jeune premier donc exit Roméo pour moi. Par contre, mon grand rêve de théâtre est d’un jour interpréter Frère Laurence.

Enfin, et ceci n’a rien à voir avec cela (quoique !), mon couple préféré c’est Robin des Bois et la Douce Marianne... Et, là, ça finit bien : ils vivent longtemps et ont beaucoup d’enfants. D’ailleurs, dans cette histoire, l’inénarrable Robin a non pas un mais deux bons amis : le Frère Tuck et Petit Jean. Ah ! Robin des Bois !... Ah ! La Belle Marianne !...

Pour revenir au théâtre, à propos de rôles qui me plairaient, il y a celui de Scapin que j'aime particulièrement (ah ! l'adaptation ciné de Roger Coggio, que j'ai eu la chance de rencontrer il y a quelques années), il y a bien sûr Cyrano (mais je me sens un peu jeune) mélange d'élégance et de désespoir souriant... Et, dans les pièces contemporaines, il y a le rôle de Pignon dans "Le Dîner de Cons"... Puisque la vie a voulu que je prenne de l'embompoint et que je sois toujours un clown triste à trente cinq ans... c'est un rôle pour moi ! qui sait ? Un jour, peut-être...

Pour revenir à la réalité, dans moins d'un mois maintenant, les 14 et 15 décembre, représentations de "Un Fil à la Patte" au théâtre de Moulins... Je joue Bouzin, un clerc de notaire qui se croit poète (hm ! j'espère que je ne suis pas trop mon personnage !!) et qui termine en caleçon... La pièce est l'une des plus amorales de Feydeau, un vaudeville bondissant et rebondissant... L'échéance approche... Je stresse !!!

Enfin, petit rappel... Je constate avec plaisir que mon blog est consulté... Je serais hyper content d'avoir des commentaires (merci Kawasakid et Réjane !). Si vous n'arrivez pas à les mettre en ligne, envoyez les moi à cdiluri@voila.fr

C'est tout pour aujourd'hui. Bonjour chez vous et à bientôt pour de nouvelles aventures !!

lundi 14 novembre 2005

Flux et reflux de l'écume...

Flux et reflux de l’écume,
Un bateau se perd dans la brume,
Les pêcheurs préparent leur filet,
Des amoureux sur le sable sont allongés.

Joli spectacle de l’Océan au matin,
Tu es mon éternel refrain
Et tu me tends la main
Pour m’inciter à devenir marin.

Dans un quelconque troquet des quais
De vieux loups de mer se disputaient
En avalant de grandes chopes de bière
Et en jurant par tous les dieux de l’Enfer.

Un petit garçon regardait tout ça
Et, le soir, chez lui, pleurait et dessinait
Ce qu’il avait vu cette journée-là :
Il ne voulait pas que disparaisse tout ce qu’il aimait.

Il fait nuit, un cormoran s’envole,
Et elle crie « Satan ! », la vieille folle
Qui ne cesse de répéter « Je Vous salue Marie »
En embrassant frénétiquement son crucifix.

Le petit garçon revoit vagues, pêcheurs et amoureux
Marins alcooliques, bigotes et oiseaux... tous heureux.



(Février 1988)

(Texte écrit en écoutant un de mes albums préférés : la bande originale du film « Local Hero », signée Mark Knopfler...)

jeudi 10 novembre 2005

La France a la mémoire courte

La France a la mémoire courte... ou plutôt la France n'a plus de mémoire du tout. Et, même si cela n'a rien à voir, il ne faut pas s'étonner que notre République ne soit plus respectée par ses habitants et par nos voisins puisqu'elle n'a plus de mémoire et qu'elle oublie son passé... Demain, c'est le 11 novembre, la commémoration de l'armistice de la plus infâme boucherie que l'Europe ait connue. Regardons un instant les programmes T.V. C'est consternant ! Bon, passons sur l'absence des défilés et autres dépôts de gerbes... J'ai jamais été fana de ce genre de cérémonies... Mais aucune chaîne ne diffusera le moindre film, la moindre émission, le moindre reportage... C'est proprement lamentable. L'an dernier, le 10 novembre dans la nuit (c'est mieux que rien), Arte avait rediffusé le sublime et terrible "Johnny got his gun". Cette année, même la chaîne franco-allemande ignore l'événement. Car c'en est encore un. Même s'il ne reste plus que six Poilus, nous leur devons cet hommage annuel ainsi qu'à tous nos ancêtres qui ont participé à ce drame. Aucune chaîne, pas même les chaînes publiques, n'évoque cette guerre... Au moment où on paie notre redevance il y a des questions à se poser !!

Alors, à ma petite échelle d'enseignant, j'ai évoqué toute la semaine cette guerre auprès de mes élèves. Dans mon CDI j'ai mis en avant plusieurs ouvrages sur cette guerre. Contrairement à ce que croient visiblement les médias (qui sont les vrais dirigeants de notre pseudo république), les jeunes s'intéressent à leur histoire, notamment à cette guerre qui est un grand mystère pour eux : comment autant de gens ont pu s'entretuer ? et pourquoi ? Je penserai en cet instant à la chanson "Jaurès" du grand Brel qui s'interroge : "Demandez-vous, belle jeunesse, pourquoi ont-ils tué Jaurès ?"

Heureusement, le cinéma, lui, n'a pas oublié 1914-1918 (guerre si peu photogénique, à la différence de la 2ème Guerre Mondiale et de ses héros résistants qui gagnent la guerre à eux tous seuls) ou plutôt s'en rappelle. Après "Un Long Dimanche de Fiançailles" en 2004, c'est "Joyeux Noël" cette année. Un film qui évoque les Fraternisations de Noël 1914, un des derniers tabous de la guerre... L'histoire de quelques soldats qui firent la trêve le temps d'un Noël avant que l'état-major ne les oblige (parfois manu militari) à reprendre les armes. Mon grand-père (que je n'ai hélas pas connu) faisait partie de ces hommes.

Voilà. Demain, c'est le 11 novembre. Que le silence assourdissant des médias ne nous fasse pas oublier notre devoir de mémoire.

Un pays sans mémoire est un pays mort.

lundi 7 novembre 2005

L'ordre ne règne plus à Sarkoland

Bon, ok, facile de surfer sur la vague mais, voilà un peu plus d'un mois, sur ce blog sans prétention, j'évoquais l'obsession d'ordre de Nicolas le Désordonné. Quelques semaines ont passé et les banlieues sont en feu, la province aussi (j'adore cette expression "la province"... y a Paris "intra muros", les banlieues sauvageonnes et au-delà les pauvres pêquenots de province)... Bien sûr, Sarko, ce n'est que la goutte d'eau ou plutôt l'étincelle (avec sa rhétorique limite fascisante pour séduire un électorat dur). Le feu couvait depuis des années. Le film "La Haine " a une bonne dizaine d'années. NTM et plus tôt dans le temps Bérurier Noir voire Renaud parlaient du "malaise de la banlieue" (j'adore ces termes de journaleux comme "la grogne des enseignants"). Depuis des années, j'entends les Français moyens (dont je suis) dire "ça va pêter"... Voilà. On y est.

Comme dirait (encore) mon cher Lénine : que faire ? On est face à de la colère pure et dure... C'est maintenant que les gouvernants regrettent de ne pas avoir face à eux des syndicats ou des partis ou des associations, enfin, un truc structuré avec qui causer... A force de dénigrer les idéologies (pour la domination de l'ultra-libéralisme et d'une société de consommation à gerber qui nous détruira tous), on se retrouve avec une jeunesse sans idéologie. On crame pour cramer. On se crame soi-même. C'est le nihilisme, si bien décrit au XIX° par Dostoievski et plus récemment par André Glucksmann dans un essai sur le 11 septembre.

Je ne sais pas qui est en tort, probablement un peu tout le monde, gauche comme droite. Je suis écoeuré des récupérations politiciennes de certains, aussi bien les chantres de la droite dure (voire d'une certaine social-démocratie) qui veulent en appeler à l'armée que les tenants d'une certaine gauche naïve et idéaliste. De toute façon, l'heure n'est plus aux interrogations ni au "c'est pas nous c'est eux" (refrain insupportable des politiciens depuis une vingtaine d'années) ni même aux prospectives sur l'avenir...

Simplement, juste petite remarque d'un petit personnel de l'Education nationale, qui a connu un peu les ZEP (par expérience personnelle, notamment dans le rural... dont on ne parle plus du tout parce qu'ici il n'y a même plus de voitures à brûler dans ces campagnes qu'on laisse crever, par expérience donc mais aussi par conversations et lectures de témoignages)... Quand j'entends aujourd'hui le gouvernement évoquer la prise en compte des banlieues et une espèce d'accompagnement social et éducatif... Qui supprime massivement les postes de surveillants ? Qui a fermé les emplois-jeunes ? Qui a démantelé la police de proximité ? Qui détruit les services publics ? Faut pas mettre le feu puis chercher à l'éteindre avec un pistolet à eau. Par ailleurs, qui a élu Chirac en 2002 ? Qui t'as fait roi ? Les 82 % étaient en grande partie issus de gens qui refusaient la politique du pire de l'extrême-droite et qui croyaient que le Grand Jacques les représenterait, tiendrait compte de leur vote, se rappellerait le discours de la fracture sociale de 1995 (auquel des imbéciles naïfs comme moi ont alors presque cru, je l'avoue)... Quel gâchis ! Trois ans de libéralisme débridé, de navigation à vue, face à une opposition qui ne cherche qu'à reprendre le pouvoir... Mais pour quoi faire ? La même chose en "light" ?

Je n'irai pas jusqu'à écrire "Une seule solution : la Révolution"... D'abord, j'ai passé l'âge (hélas... snif !). Ensuite, je ne crois pas aux solutions violentes. Mais, après le choc du 21 avril 2002, celui du référendum européen, la grève "pirate" de la SNCM, la grève illégale des Transports marseillais (on n'avait jamais vu ça : maintenant, les grèves deviennent illégales), les élections municipales et sénatoriales reportées d'un an (où avait-on vu auparavant de telles magouilles pré-électorales ?), maintenant et même si ça n'a rien à voir c'est l'embrasement des quartiers...

Il y a dans ce pays une fracture, entre la jeunesse et la police, et les institutions... Et pas seulement les jeunes de banlieue. Mes élèves de petit collège rural sont tous derrière les casseurs des cités, intuitivement, instinctivement.

Je ne parlerai pas des médias qui mettent de l'huile sur le feu, qui mélangent tout, qui assimilent les jeunes à des islamistes organisés (on voit des complots partout), comme il y a deux ans à Luri en Corse (où j'exerçais alors) on avait travesti le geste imbécile de quatre ados désoeuvrés en acte terroriste (jusqu'à les trimballer à Paris en avion militaire, mettre des tireurs d'élite sur le toît du collège pendant les cours et aboutir à deux nuits de violence pure...). C'est chaque fois le même délire de ces journalistes qui simplifient tout et nous servent la grand-messe du Vingt heures.

Bon, ce sont des idées en vrac... Un petit excès d'humeur peut-être... Mais, bon, ça vient du coeur et, pour une fois, je voulais pas causer dans mon blog de mes soucis de coeur (même si je me demandais en prenant "la plume virtuelle" comment aimer quand l'autre ne vous aime pas ou vous aime bien et autres soucis d'amoureux éconduit que je suis...), de mes coups de coeur musicaux (le concert de Pink Martini à Moulins fin octobre... un délice !) (et bientôt Moby à clermont !), voire de mes lectures (le livre co-écrit par le Père di Falco et Beigbeder est passionnant ; j'ai enfin lu la B.D. "Maus", extraordinaire évocation de l'Holocauste mais aussi interrogation sur les rapports père/fils) voire enfin de ma colère à l'égard d'une société qui ne fait rien pour la recherche médicale (avec une mère victime d'Alzheimer je découvre combien tout le monde s'en fout parce que c'est "une maladie de vieux")...

Aujourd'hui, à ma petite échelle, j'ai la haine.

jeudi 3 novembre 2005

Un peu de moi-même

Le monde est si compliqué, il m’effraie !
Décidément, je ne m’y ferai jamais !
Les gens sérieux me font peur,
Les amoureux me font peur,
Les fous libres me font peur,
Et moi, moi, je me fais peur.
Mon esprit est si tourmenté, il m’effraie !
Décidément, je ne m’y ferai jamais !
La sonnerie du réveil m’énerve,
Les mots tendres d’un autre m’énervent,
Le souffle rauque des vieux m’énerve,
Et mes attitudes, moi, elles m’énervent.
Mon âme est si obscurcie, elle m’effraie !
Décidément, je ne m’y ferai jamais !
Le pas d’une amie m’exaspère,
La voix d’un frère m’exaspère,
Le rire des copains m’exaspère,
Et mon exaspération, elle m’exaspère.
Mon cœur pourri est si exigeant, il m’effraie !
Décidément, je ne m’y ferai jamais !
Pourtant, je dis à tous que j’aime la vie.
Pourtant, je recherche la présence d’amis.
Pourtant, je pleure quand nul ne me souris.
Pourtant, je me sens bien avec vous ici.
Ce n’est pas de l’hypocrisie, plutôt de la lâcheté.
Ce n’est pas de la mélancolie, plutôt une non-gaieté.
Ce n’est pas de la folie, plutôt quelque insanité.
Ce n’est pas de l’oubli, plutôt des souvenirs cachés.
Et, plus tard, vous saurez qui je suis, en fait.
Et, plus tard, je serai tout seul, en fait.
Avec cette musique qui me mange le coeur,
Avec cette musique qui m’arrache des pleurs,
Avec cette musique synonyme de bonheur,
Avec cette musique ma seule âme soeur.
Je vous aime mais comment le dire ?
Vous me plaisez mais je ne sais sourire !
On ne peut aimer le monde entier
Alors on en aime la moitié et on veut crier.
Infidélité et jalousie, démons qui m’habitez,
Un jour, vous finirez bien par m’achever.
Et cette mélodie qui me donne envie de rire !
Allez, il me reste ça : vivre en fin mon délire !
Semblable au fou j’irai de par la ville
Sans jamais, je le promets, froncer les sourcils.

(Ecrit en juin 1989 - j'avais alors dix-neuf ans -, dédié a posteriori à Nathalie D. et Isabelle D.)

Le Capicorsu Blues

Un ska brumeux dans une vallée encaissée
Un slow langoureux sur une plage éplorée
Et la nuit lézardée de mille éclairs effrayés
De leur puissance bien trop surestimée...
Oh ! Yeah ! C’est le Capicorsu Blues !
Une fête techno à réveiller Sénèque
Un petit vin blanc parfois un peu sec
Et la litanie des accidents qui fauchent notre jeunesse
Et on fait semblant d’aller encore un peu à la messe...
Oh ! Yeah ! C’est le Capicorsu Blues !
Une étreinte jazzy sur le port de Toga
Une soûlerie rock sur la plage de Pietracorbara
Et la balade à la Tour Santa Maria
Sans parler des tangos d’antan à Erbalunga...
Oh ! Yeah ! C’est le Capicorsu Blues !
Miss amiante à Canari, c’est déjà fini
Et l’été voit arriver le cortège des amis/ennemis
Tandis que je chante sur la plage de Barcaghjiu
L’air trop connu des disparus de Macinaghju...
Oh ! Yeah ! C’est le Capicorsu Blues !
Celui qu’on perdit entre Centuri et Morsiglia
A moins que ce ne fusse entre Pinu et Nonza...



(8 septembre 2002)

Aloïs

Maman, chaque jour tu disparais un peu plus
Chaque jour, ton cerveau rétrécit
Et le monde pour toi n’est plus qu’un théâtre d’ombres.
La somme de tes peurs hante mes jours et mes nuits.
Comment pourrais-je t’aider ?
Comment même essayer d’écrire ce que je ressens ?
Tu te perds dans la maison et tu te perds dans ta tête.
Un jour prochain tu ne connaîtras plus mon nom.
En quelques mois ton état s’est terriblement dégradé.
J’étais revenu pour te retrouver et à mon tour je me perds.
Souvent, tu restes là, triste et désemparée,
Tu connais l’inéluctabilité de ton destin...
Sinistre compte à rebours :
Demain peut-être ?
Et tu commences à chercher tes mots
Et tu sens le vide sous tes pieds.
Le sentiment de chute est la pire des terreurs
Et cette araignée qui tisse sa toile dans ta tête
Dévorant chaque jour plus de neurones
Et se régalant avec ton âme...
Et la société s’en fout,
Tu n’as que soixante ans,
Elle est belle, la vie !
Mais pas pour toi, pas pour nous.

Maman, ne pars pas trop vite.
On a encore tant à vivre.


(2 novembre 2005)