Lundi 20 mars, c’est le printemps… Enfin ! Dans les faits, c’est pas encore tout à fait ça mais, bon, déjà, le calendrier est à l’heure, c’est ce qui compte, un truc qui marche enfin…
Mardi 21 mars, les centrales syndicales se sont décidées… Il y aura une « grande journée d’action » le mardi 28 mars. On décide de laisser les étudiants et les lycéens seuls une semaine de plus, au risque que le conflit s’envenime et ne dégénère… Remarquez, lorsque le Quartier Latin s’est enflammé une semaine plus tôt, l’opinion s’est subitement rangée du côté des « anti-CPE » après une longue période de flottement et d’indifférence (il y avait les vacances et la grippe aviaire…)… Comme quoi, les banlieues s’enflamment, la France a peur… La Sorbonne est occupée et Paris respire… Je caricature à peine. Là, ce n’est pas simplement quelques bagarres de rues mais on craint de la casse à grande échelle… La suite confirmera les craintes des observateurs. Pour le moment, on est mardi et les syndicats sont arrivés à s’entendre… Ah… Les syndicats français… Si j’étais méchant je dirais qu’il y a plus de syndicats que de syndiqués… Les syndicats français sont le fruit d’une histoire mouvementée, notamment pour ce qui est de leurs divisions homériques… A quand l’application de ce « Tous ensemble ! » entonné lors de chaque manif, à quand sinon la réunification au moins la confédération de plusieurs syndicats ? Les syndicats français sont divisés et sont faibles… Quand on parle du faible effectif des syndiqués en France par opposition à l’Allemagne et à la Scandinavie voire aux Etats-Unis , il faut dire qu'a contrario dans certains pays (comme ceux cités au dessus) la syndicalisation est obligatoire dans certains métiers (ce qui n’est pas le cas en France) ou est en tout cas indispensable pour prendre une mutuelle… Imaginez qu’en France on soit syndiqué dès qu’on est mutualiste… Il y aurait 95 % de syndiqués… Les syndicats sont indispensables pour défendre les travailleurs, ils sont ce qu’en font leurs membres. Comme les partis politiques, ils sont composés de citoyens… Si on veut les changer, on sait ce qui nous reste à faire… Et c’est pas facile et ça demande du temps… Je plaide coupable : je n’ai pas l’âme d’un militant… En tout cas, je me marre à l’écoute de l’appel à la journée d’action du 28 mars… On évite habilement le terme de « grève générale », certains parlent de « journée d’action » pour pas prononcer le mot « grève » comme si c’était un gros mot… Ah ! L’unité, c’est pas facile ! Faut pas choquer les plus prudes…
Mercredi 22 mars. Grande date. J’ai 36 ans… Je fête ça tout seul comme un grand. Un jour peut-être je fêterai mon anniversaire à deux voire à plus. En tout cas, je vote pour…
Jeudi 23 mars. J’ai mal à la tête. Bien fait. J’aurais pas dû reprendre deux fois du vin en regardant des DVD archi-revus… C’est l’anniversaire de ma Surella que je salue ici. Jeudi 23 mars également, les manifestations lycéennes et étudiantes dégénèrent dans de nombreuses villes, notamment Paris… La télé s’empresse de nous passer les images en boucle… Le phénomène de la violence n’est pas nouveau, il est vieux comme l’homme… Par contre, les violences des ados, c’est quelque chose qui est apparu médiatiquement au début des Années 1990 et qu’on a vu notamment lors des manifs contre le CIP (le « SMIC jeunes » de Balladur) en 1994. Pour ce qui est des casseurs, il y en a toujours eu. Pour ce qui est des violences urbaines, on en a pas mal parlé cet automne lors des « révoltes des banlieues ». Non, moi, ce qui m’étonne dans ce conflit, c’est la violence des étudiants et lycéens ordinaires dans leurs établissements, les occupations de facs avec des exactions, des vols, des dégradations. Je ne suis pas donneur de leçons, je suis solidaire du mouvement, j’ai participé longuement au conflit contre Devaquet quand j’étais moi-même lycéen, et j’ai participé à d’autres luttes depuis, comme étudiant puis comme salarié. Mais je n’ai jamais été partisan des blocages. Et s’il y a blocage je suis évidemment contre la casse de matériel. Cette fois-ci on voit des destructions de halls d’établissement et des bibliothèques saccagées… C’est un peu triste. Mais je crois que les enseignants peuvent partiellement plaider coupable. En 2003, lors du conflit des retraites, nombre d’enseignants ont détruit ostensiblement le bouquin de Luc Ferry et ont tenté de bloquer le baccalauréat… Nous sommes censés donner l’exemple… Là, on avait vu des personnes chargées de transmettre le savoir détruire des livres et tenter d’empêcher des examens sanctionnant le dit savoir. C’est scier la branche sur laquelle on est assis, c’est remettre soi-même en cause son autorité… Il y a de nombreuses raisons à la violence surmultipliée de ce conflit (notamment l’usage de plus en plus répandu d’alcool et de stupéfiants par certains jeunes avant de rejoindre les parcours des « manifestants ordinaires ») et il faudrait des études sociologiques poussées… L’EHESS, Ecole des hautes études en sciences sociales, de Paris, a été longuement saccagée par des groupes de casseurs-squatteurs, mélange d’anars, de groupuscules d’extrême droite ou gauche, de petites frappes… J’ai été choqué par cette violence plus que gratuite. On notera que la police a attendu quatre jours pour faire évacuer l’école. Les médias ont besoin d’images spectaculaires et le gouvernement de désordre pour rétablir l’ordre ensuite…
Vendredi 24 mars. Au cinéma, je vais voir « L’Ivresse du Pouvoir » qui passe enfin à Moulins. Du grand Chabrol avec Isabelle Huppert toujours aussi plaisante, la juge d’instruction qui finit par se croire toute puissante, et un François Berléand époustouflant dans le rôle de l’homme d’affaires incarcéré et balancé par ses supérieurs… A noter les apparitions remarquées de Patrick Bruel en requin des finances froid et de Robin Renucci toujours excellentissime en mari délaissé et déprimé… Un film sur le pouvoir, sur les grands marchés, les affaires comme on dit… Un monde opaque et cynique… A voir.
Samedi 25 mars. Appel de mon ami Thé de retour de Madagascar. Joie de parler avec lui après un si long temps… Deux semaines qui sont parues une éternité…
Dimanche 26 mars. Temps printanier voire estival. C’est un plaisir.
Lundi 27 mars. Veille de manifestation… Il y a une certaine tension dans l’air. Les « pro-CPE » accusent les « anti » de refuser les réformes dont la France a besoin… C’est amusant de voir, chaque fois que des gens s’opposent à un texte de loi, qu’en face d’autres gens disent : vous êtes contre tout, vous ne faîtes pas de proposition… Alors, quoi, on n’aurait pas le droit de trouver une loi mauvaise ? Toute nouvelle loi serait intrinsèquement bonne ? Oui, la France a besoin d’évoluer, mais pas à n’importe quel prix. Pourquoi, à moins de 26 ans, on n’aurait pas le droit à un contrat identique aux autres et pourquoi on n’aurait pas le droit à un motif de licenciement ? Personnellement, j’ai obtenu mon concours à 22 ans. On ne m’a pas dit alors : vous n’aurez pas les mêmes droits que vos collègues pendant quatre ans. J’ai eu un an de stage (et pas deux !), et j’avais le même statut que mes collègues. L’intérim et les C.D.D. existent quand on ne veut pas engager quelqu’un en C.D.I. Pourquoi créer un nouveau type de contrat ? En quoi permettrait-il d’embaucher plus facilement ? On peut aussi facilement « virer » quelqu’un qui est en C.D.I. J’ai plusieurs copains qui en ont fait les frais… Par ailleurs, on dit de ci de là que les syndicats (encore eux ! ils seraient responsables de tous les maux… les méchants ! Pauvre France !) font de l’opposition systématique. En l’occurrence, pour le CPE, ils n’ont pas été contactés avant le vote de loi, ni les syndicats de salariés ni les représentants des étudiants et des lycéens ni même les représentants des organisations patronales… Certains, même au MEDEF, trouvent le CPE parfaitement inutile et inefficace… En outre, ce texte de loi est passé par le biais du « 49.3 » alors que le gouvernement dispose d’une majorité confortable aux deux chambres… Elles sont où, les discussions préalables ? On cite toujours l’Allemagne et les pays scandinaves comme modèles de dialogue social mais, là-bas, un gouvernement ne présenterait jamais une loi au Parlement sans qu’elle ait été préalablement discutée par les partenaires sociaux… Si le CPE est vraiment la panacée, alors qu’il repasse devant les députés après un vrai débat entre syndicats et patronat… On peut bien attendre un mois pour appliquer cette loi géniale qui va sauver le pays… Je suis taquin… On peut être pour on contre ce CPE mais, en l’occurrence, qu’on ne dise pas ici que les Français sont allergiques aux réformes de façon systématique. Pour que tous les syndicats soient à ce point unis (souvenons-nous a contrario de la réforme des retraites en 2003 adoptée par certains syndicats dès le début du conflit), pour que le centre démocrate-chrétien se déclare totalement contre le projet et qu’y compris au sein de la majorité et du gouvernement des personnalités trouvent le texte pour le moins inadapté… On serait tous stupides contre Dominique qui aurait raison contre tous ? La belle affaire ! Enfin, attention aux personnes (notamment les adultes entre trente et cinquante ans) qui accusent les jeunes d'être des enfants gâtés, des consommateurs de play station et de télé-réalité ! D'abord, les jeunes sont le fruit de leur éducation. Ensuite, n'oublions pas notre propre jeunesse. A chaque génération il y a des jeunes révoltés. A chaque génération il y a des vieux cons avant l'heure. A chaque génération il y a des gamins pourris gâtés qui se foutent de tout. On a tous fait des conneries. On a tous des préoccupations respectables. Depuis trois mille ans (il suffit de relire Platon) on nous explique que le niveau baisse et que les jeunes n'ont plus de respect... Relativisons et rappelons nous notre propre jeunesse. A trente ans on doit encore être capable de se rappeler ses vingt ans, non ? Et qu'on me cherche pas avec la mémoire ! Pour moi, c'est un sujet sensible ! Quand on a une grand-mère puis une mère qui perdent la mémoire on sait d'autant plus combien c'est important de savoir se souvenir !!
Mardi 28 mars. Les manifs sont un triomphe dans toute la France, les grèves beaucoup moins. Chacun campe sur ses positions. Les syndicats refusent une réunion qui n’a aucune valeur de renégociation. Le premier ministre, isolé au sein même du gouvernement, reste ferme mais à l’écoute… Superbe. Maintenant, alors qu’on est au milieu du gué, au cœur du conflit, on peut déjà s’amuser à se demander qui va tirer profit de cette crise ? Evidemment, en partie, l’extrême gauche ragaillardie et la droite dure qui condamne ostensiblement cette chienlit… C’est surtout, une fois de plus, Nicolas Sarkozy, notre ami Iznogoud, qui apparaît modéré et conciliant face à Villepin… C’est fou ! Quoi qu’il arrive, il gagne à la fin, c’est toujours Nicolas qui récupère la mise !! Trop fort ! Prochain rendez-vous : jeudi 30 mars pour la décision du conseil constitutionnel (c’est fou, ça : des gens espèrent que leur loi soit déclarée pas bonne pour pas avoir à la retirer… subtile, la politique en France !!) puis mardi 4 avril pour la prochaine grève… On n’a pas fini d’en causer !!
Mercredi 29 mars. On parle d’autoriser très officiellement l’addition de copeaux de bois dans le vin pour lui donner du goût, le rendre plus charpenté probablement !!! En tout cas, pour une fois, j’ai envie de me ranger du côté des grincheux du café du commerce et de hurler : pauvre France, ton pinard fout le camp !!! A quand une grève générale pour du vin sans sciures de bois ni sang de bœuf (eh oui… vous saviez pas ?…) ?!
Mardi 21 mars, les centrales syndicales se sont décidées… Il y aura une « grande journée d’action » le mardi 28 mars. On décide de laisser les étudiants et les lycéens seuls une semaine de plus, au risque que le conflit s’envenime et ne dégénère… Remarquez, lorsque le Quartier Latin s’est enflammé une semaine plus tôt, l’opinion s’est subitement rangée du côté des « anti-CPE » après une longue période de flottement et d’indifférence (il y avait les vacances et la grippe aviaire…)… Comme quoi, les banlieues s’enflamment, la France a peur… La Sorbonne est occupée et Paris respire… Je caricature à peine. Là, ce n’est pas simplement quelques bagarres de rues mais on craint de la casse à grande échelle… La suite confirmera les craintes des observateurs. Pour le moment, on est mardi et les syndicats sont arrivés à s’entendre… Ah… Les syndicats français… Si j’étais méchant je dirais qu’il y a plus de syndicats que de syndiqués… Les syndicats français sont le fruit d’une histoire mouvementée, notamment pour ce qui est de leurs divisions homériques… A quand l’application de ce « Tous ensemble ! » entonné lors de chaque manif, à quand sinon la réunification au moins la confédération de plusieurs syndicats ? Les syndicats français sont divisés et sont faibles… Quand on parle du faible effectif des syndiqués en France par opposition à l’Allemagne et à la Scandinavie voire aux Etats-Unis , il faut dire qu'a contrario dans certains pays (comme ceux cités au dessus) la syndicalisation est obligatoire dans certains métiers (ce qui n’est pas le cas en France) ou est en tout cas indispensable pour prendre une mutuelle… Imaginez qu’en France on soit syndiqué dès qu’on est mutualiste… Il y aurait 95 % de syndiqués… Les syndicats sont indispensables pour défendre les travailleurs, ils sont ce qu’en font leurs membres. Comme les partis politiques, ils sont composés de citoyens… Si on veut les changer, on sait ce qui nous reste à faire… Et c’est pas facile et ça demande du temps… Je plaide coupable : je n’ai pas l’âme d’un militant… En tout cas, je me marre à l’écoute de l’appel à la journée d’action du 28 mars… On évite habilement le terme de « grève générale », certains parlent de « journée d’action » pour pas prononcer le mot « grève » comme si c’était un gros mot… Ah ! L’unité, c’est pas facile ! Faut pas choquer les plus prudes…
Mercredi 22 mars. Grande date. J’ai 36 ans… Je fête ça tout seul comme un grand. Un jour peut-être je fêterai mon anniversaire à deux voire à plus. En tout cas, je vote pour…
Jeudi 23 mars. J’ai mal à la tête. Bien fait. J’aurais pas dû reprendre deux fois du vin en regardant des DVD archi-revus… C’est l’anniversaire de ma Surella que je salue ici. Jeudi 23 mars également, les manifestations lycéennes et étudiantes dégénèrent dans de nombreuses villes, notamment Paris… La télé s’empresse de nous passer les images en boucle… Le phénomène de la violence n’est pas nouveau, il est vieux comme l’homme… Par contre, les violences des ados, c’est quelque chose qui est apparu médiatiquement au début des Années 1990 et qu’on a vu notamment lors des manifs contre le CIP (le « SMIC jeunes » de Balladur) en 1994. Pour ce qui est des casseurs, il y en a toujours eu. Pour ce qui est des violences urbaines, on en a pas mal parlé cet automne lors des « révoltes des banlieues ». Non, moi, ce qui m’étonne dans ce conflit, c’est la violence des étudiants et lycéens ordinaires dans leurs établissements, les occupations de facs avec des exactions, des vols, des dégradations. Je ne suis pas donneur de leçons, je suis solidaire du mouvement, j’ai participé longuement au conflit contre Devaquet quand j’étais moi-même lycéen, et j’ai participé à d’autres luttes depuis, comme étudiant puis comme salarié. Mais je n’ai jamais été partisan des blocages. Et s’il y a blocage je suis évidemment contre la casse de matériel. Cette fois-ci on voit des destructions de halls d’établissement et des bibliothèques saccagées… C’est un peu triste. Mais je crois que les enseignants peuvent partiellement plaider coupable. En 2003, lors du conflit des retraites, nombre d’enseignants ont détruit ostensiblement le bouquin de Luc Ferry et ont tenté de bloquer le baccalauréat… Nous sommes censés donner l’exemple… Là, on avait vu des personnes chargées de transmettre le savoir détruire des livres et tenter d’empêcher des examens sanctionnant le dit savoir. C’est scier la branche sur laquelle on est assis, c’est remettre soi-même en cause son autorité… Il y a de nombreuses raisons à la violence surmultipliée de ce conflit (notamment l’usage de plus en plus répandu d’alcool et de stupéfiants par certains jeunes avant de rejoindre les parcours des « manifestants ordinaires ») et il faudrait des études sociologiques poussées… L’EHESS, Ecole des hautes études en sciences sociales, de Paris, a été longuement saccagée par des groupes de casseurs-squatteurs, mélange d’anars, de groupuscules d’extrême droite ou gauche, de petites frappes… J’ai été choqué par cette violence plus que gratuite. On notera que la police a attendu quatre jours pour faire évacuer l’école. Les médias ont besoin d’images spectaculaires et le gouvernement de désordre pour rétablir l’ordre ensuite…
Vendredi 24 mars. Au cinéma, je vais voir « L’Ivresse du Pouvoir » qui passe enfin à Moulins. Du grand Chabrol avec Isabelle Huppert toujours aussi plaisante, la juge d’instruction qui finit par se croire toute puissante, et un François Berléand époustouflant dans le rôle de l’homme d’affaires incarcéré et balancé par ses supérieurs… A noter les apparitions remarquées de Patrick Bruel en requin des finances froid et de Robin Renucci toujours excellentissime en mari délaissé et déprimé… Un film sur le pouvoir, sur les grands marchés, les affaires comme on dit… Un monde opaque et cynique… A voir.
Samedi 25 mars. Appel de mon ami Thé de retour de Madagascar. Joie de parler avec lui après un si long temps… Deux semaines qui sont parues une éternité…
Dimanche 26 mars. Temps printanier voire estival. C’est un plaisir.
Lundi 27 mars. Veille de manifestation… Il y a une certaine tension dans l’air. Les « pro-CPE » accusent les « anti » de refuser les réformes dont la France a besoin… C’est amusant de voir, chaque fois que des gens s’opposent à un texte de loi, qu’en face d’autres gens disent : vous êtes contre tout, vous ne faîtes pas de proposition… Alors, quoi, on n’aurait pas le droit de trouver une loi mauvaise ? Toute nouvelle loi serait intrinsèquement bonne ? Oui, la France a besoin d’évoluer, mais pas à n’importe quel prix. Pourquoi, à moins de 26 ans, on n’aurait pas le droit à un contrat identique aux autres et pourquoi on n’aurait pas le droit à un motif de licenciement ? Personnellement, j’ai obtenu mon concours à 22 ans. On ne m’a pas dit alors : vous n’aurez pas les mêmes droits que vos collègues pendant quatre ans. J’ai eu un an de stage (et pas deux !), et j’avais le même statut que mes collègues. L’intérim et les C.D.D. existent quand on ne veut pas engager quelqu’un en C.D.I. Pourquoi créer un nouveau type de contrat ? En quoi permettrait-il d’embaucher plus facilement ? On peut aussi facilement « virer » quelqu’un qui est en C.D.I. J’ai plusieurs copains qui en ont fait les frais… Par ailleurs, on dit de ci de là que les syndicats (encore eux ! ils seraient responsables de tous les maux… les méchants ! Pauvre France !) font de l’opposition systématique. En l’occurrence, pour le CPE, ils n’ont pas été contactés avant le vote de loi, ni les syndicats de salariés ni les représentants des étudiants et des lycéens ni même les représentants des organisations patronales… Certains, même au MEDEF, trouvent le CPE parfaitement inutile et inefficace… En outre, ce texte de loi est passé par le biais du « 49.3 » alors que le gouvernement dispose d’une majorité confortable aux deux chambres… Elles sont où, les discussions préalables ? On cite toujours l’Allemagne et les pays scandinaves comme modèles de dialogue social mais, là-bas, un gouvernement ne présenterait jamais une loi au Parlement sans qu’elle ait été préalablement discutée par les partenaires sociaux… Si le CPE est vraiment la panacée, alors qu’il repasse devant les députés après un vrai débat entre syndicats et patronat… On peut bien attendre un mois pour appliquer cette loi géniale qui va sauver le pays… Je suis taquin… On peut être pour on contre ce CPE mais, en l’occurrence, qu’on ne dise pas ici que les Français sont allergiques aux réformes de façon systématique. Pour que tous les syndicats soient à ce point unis (souvenons-nous a contrario de la réforme des retraites en 2003 adoptée par certains syndicats dès le début du conflit), pour que le centre démocrate-chrétien se déclare totalement contre le projet et qu’y compris au sein de la majorité et du gouvernement des personnalités trouvent le texte pour le moins inadapté… On serait tous stupides contre Dominique qui aurait raison contre tous ? La belle affaire ! Enfin, attention aux personnes (notamment les adultes entre trente et cinquante ans) qui accusent les jeunes d'être des enfants gâtés, des consommateurs de play station et de télé-réalité ! D'abord, les jeunes sont le fruit de leur éducation. Ensuite, n'oublions pas notre propre jeunesse. A chaque génération il y a des jeunes révoltés. A chaque génération il y a des vieux cons avant l'heure. A chaque génération il y a des gamins pourris gâtés qui se foutent de tout. On a tous fait des conneries. On a tous des préoccupations respectables. Depuis trois mille ans (il suffit de relire Platon) on nous explique que le niveau baisse et que les jeunes n'ont plus de respect... Relativisons et rappelons nous notre propre jeunesse. A trente ans on doit encore être capable de se rappeler ses vingt ans, non ? Et qu'on me cherche pas avec la mémoire ! Pour moi, c'est un sujet sensible ! Quand on a une grand-mère puis une mère qui perdent la mémoire on sait d'autant plus combien c'est important de savoir se souvenir !!
Mardi 28 mars. Les manifs sont un triomphe dans toute la France, les grèves beaucoup moins. Chacun campe sur ses positions. Les syndicats refusent une réunion qui n’a aucune valeur de renégociation. Le premier ministre, isolé au sein même du gouvernement, reste ferme mais à l’écoute… Superbe. Maintenant, alors qu’on est au milieu du gué, au cœur du conflit, on peut déjà s’amuser à se demander qui va tirer profit de cette crise ? Evidemment, en partie, l’extrême gauche ragaillardie et la droite dure qui condamne ostensiblement cette chienlit… C’est surtout, une fois de plus, Nicolas Sarkozy, notre ami Iznogoud, qui apparaît modéré et conciliant face à Villepin… C’est fou ! Quoi qu’il arrive, il gagne à la fin, c’est toujours Nicolas qui récupère la mise !! Trop fort ! Prochain rendez-vous : jeudi 30 mars pour la décision du conseil constitutionnel (c’est fou, ça : des gens espèrent que leur loi soit déclarée pas bonne pour pas avoir à la retirer… subtile, la politique en France !!) puis mardi 4 avril pour la prochaine grève… On n’a pas fini d’en causer !!
Mercredi 29 mars. On parle d’autoriser très officiellement l’addition de copeaux de bois dans le vin pour lui donner du goût, le rendre plus charpenté probablement !!! En tout cas, pour une fois, j’ai envie de me ranger du côté des grincheux du café du commerce et de hurler : pauvre France, ton pinard fout le camp !!! A quand une grève générale pour du vin sans sciures de bois ni sang de bœuf (eh oui… vous saviez pas ?…) ?!
Jeudi 30 mars. La dérégulation, voulue par l’Europe, atteint ses limites… Ou quand le Libéralisme devient absurde… Polémique autour des numéros en « 118 », vous savez, les nouveaux numéros de renseignements qui nous polluent la vie en ce moment… Plus de quinze numéros différents avec des services finalement assez médiocres et fort coûteux… Eh oui, le « 12 » c’était pas bien, c’était du vilain monopole, alors maintenant on a la bonne concurrence… Et personne n’y comprend rien… En même temps, je m’interroge… Qui utilise ces services ? On a les annuaires papier, le minitel, internet… Et, dans mon cas, la dernière fois que j’ai appelé le « 12 », c’était en 1988… Le seul service qui serait intéressant, c’est un annuaire des numéros de portables… Et il semble que ce n’est pas pour demain… Mon rêve d’annuaire des adresses mails… c’est pareil… on est pas près de le voir… Bref, on a presque tous des numéros de portable et des adresses électroniques que personne ne connaît à part nos proches… Finalement, le monde moderne a encore du progrès à faire !!!
7 commentaires:
J'oubliais dans ma chronique le match nul Lyon contre le Milan AC... Dommage ! A ce propos, pourquoi on parle de match nul ? En l'occurence, ce match était plutôt de bonne tenue. Alors, oui, le score est resté vierge mais ce n'était pas un match nul... CQFD.
J'ai tout lu...
J'ai bien ri (jaune, le plus souvent ;o))
Je n'ajouterai pas grand'chose sinon que je souscris à la pertinence de ton analyse...
Je crois pour ma part que la palme du cynisme et de l'opportunisme revient au petit Nico qui va une fois de plus tirer les marrons du feux et s'octroyer le rôle d'homme providentiel : facile quand on a les flics en laisse et qu'on peut leur donner l'ordre de rester suffisament en retrait, juste assez le temps que les casseurs agissent et discréditent un mouvement étudiant pourtant majoritairement sain et pacifique...
Sinon j'ajouterai que cette semaine est mort (22/03) dans l'indifférence quasi-générale le héros de mon enfance : Pierre Clostermann, l'as des Forces Aériennes Françaises Libre aux 33 victoires à rejoint les cieux où il a défendu la liberté et comme on dit "une certaine idée de la France...". Depuis que je sais lire, j'ai bien relu le récit de ses missions de pilote "Le Grand Cirque" une bonne centaine de fois...
Décidement les héros commencent à se faire rares !
L'étau se resserre... Le piège fonctionne... On est vendredi 31 mars et le Conseil Constitutionnel a adopté le CPE... Ce soir, chirac va nous faire son petit discours inutile car ce n'est plus lui qui dirige le pays depuis bien longtemps... Résultat... Les étudiants et lycéens se radicalisent et, bientôt, l'opinion va se retourner, pour réclamer de l'ordre... En plus, les vacances approchent... Fort, très fort, comme d'habitude. Ces messieurs de la droite sont décidément très bons... Et, dans un an, comme les Français ont la mémoire courte, Sarkozy sera élu président...
"L'opinion va se retourner pour réclamer l'ordre"... Il vaudrait mieux...!! Et que cela ne tarde pas... Depuis le début du "conflit", la violence prend chaque jour des proportions de plus en plus inquiétantes. Et en tant qu'enseignante, non, "je ne plaiderai pas coupable". Quand personne ne peut faire cours de 10h à 12h parce qu'il faut être sur pied de guerre pour essayer de choper les gamins qui aspergent les autres de gaz lacymogènes, que tu essaies toi-même d'y échapper, que tu te fais insulter, que les flics ne peuvent pas venir parce qu'ils sont débordés, je ne vois pas en quoi les enseignants peuvent être tenus pour responsables de cette violence GRATUITE. Et c'est UN seul exemple de ce que je vis au quotidien. Lundi, en écrivant au tableau,j'ai reçu dans le dos équerres, rapporteurs et compas. Mais comme il ne faut pas mettre de l'huile sur le feu, il m'a été répondu que je devais faire comme si de rien n'était parce qu'on ne veut pas de vagues... Eh bien, la classe de 3ème 8 n'aura plus anglais jusqu'à la fin de l'année ; je ferai de la garderie (mais pas de discipline). Puisque personne ne veut prendre de décisions, j'en prends à leur place... Et la violence n'est pas seulement présente dans les établissements scolaires. Dans la rue, dans les transports... Et je peux t'assurer que le retour à l'ordre, oui, je serais prête à brûler un cierge si j'étais sûre que ça marche. Il suffit d'une petite étincelle pour enflammer, et en ces périodes "troubles", oui, ça fait tâche d'huile, et très vite. Malheureusement, le "calme" ne reviendra pas du jour au lendemain. Et moi, quand je sors du boulot, je n'ai qu'une hâte : rentrer chez moi, au calme, et ne plus en sortir jusqu'au lendemain. Même les week-ends, j'évite de prendre les transports... Alors, avant de chercher les responsables (qui et où sont-ils, d'ailleurs ?), faisons les choses dans l'ordre et essayons plutôt d'arrêter cet engrenage.
Ma réponse au commentaire de Réjane :
"Salute !
Je viens de lire ton commentaire sur mon blog et je crois qu'il y a un
gros malentendu. Quand je parle de plaider coupable par rapport à une
certaine violence, ce n'est pas la violence des cités que tu vis
malheureusement au quotidien mais des étudiants dans les facs
(certains étudiants), et les personnes qui ont à plaider coupables ce
sont les enseignants excités qui ont brûlé des bouquins de Ferry en
2003. Relis mon texte. Je n'ai à aucun moment parlé des enseignants
des quartiers difficiles mais de l'attitude de certains enseignants
lors du conflit des retraites. C'est pas vraiment la même chose.
Je comprends que tu sois à bout de nerfs dans une situation ubuesque
au quotidien et je te souhaite beaucoup de courage. En tout cas,
jamais je n'ai écrit ni pensé que toi ou tes collégues étaient
responsables de quoi que ce soit dans le déchainement de violence
gratuite que tu subis chaque jour. Bien au contraire.
J'espère que le malentendu est dissipé et surtout que tu tiens le
coup. Courage."
30 mars 2006
"merci pour ce mail ô combien révélateur. T'as bien raison, des coopeaux de
bois dans le vin, mais où va-t-on?......
bises,
anne"
30 mars 2006 :
"Cher J. F.
juste un petit mot pour te dire que je pense souvent à toi, malgré mon
silence dû au surbookage (oh! le joli mot!), à toi et à ta maman, et à
l'angoisse que sa santé te cause.
Bien à toi.
Un lecteur fidèle de ton blog."
Gérard
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