jeudi 2 août 2007

J'comprends pas

Pour commencer ce 'post' je citerai une chanson de Jacques Dutronc que j'affectionne particulièrement et qui me semble tellement vraie en ce moment... Entre parenthèses, moi qui avais dit que je laisserais ce blog pendant l'été... Mais, bon, c'est pour moi un moyen de combler le vide vertigineux qui m'habite, d'avoir l'impression d'être près des autres et d'avancer dans je ne sais quelle direction mais de ne pas rester sur place... Et puis, si les gens heureux n'ont pas d'histoires, les malheureux en ont plein...
Je l'ai fait rire
C'est pas pour dire
Presque tout le temps
J'étais marrant
Toujours un croche-pied
Toujours un pied de nez
L'almanach Vermot
Est sur le piano
J'comprends pas
J'comprends pas
Et dans ma glace
Déformante
De longues larmes
Me tourmentent
J'ai mis mon faux nez
Pour le déjeuner
J'me fendais la gueule
Pourtant j'étais seul
J'comprends pas
J'comprends pas
Ce soir je pleure
Seul dans mon lit
En portefeuille
Elle adorait
Tous mes déguisements
Je déguisais
Les sentiments
Quand elle est partie
Avec un salaud
J'ai mis un poisson
D'avril dans son dos
J'comprends pas
J'comprends pas
Ce soir je pleure
Seul dans mon lit
En portefeuille
Voilà. Cette chanson résonne en moi depuis vingt ans, depuis que mon premier amour, Isabelle, m'avait quitté, sans explication, après trois mois passés ensemble. J'ai mis des mois à m'en remettre. Bien sûr, je m'en suis remis, j'ai eu d'autres histoires... puis treize ans de célibat, quand même. Le plus dur, c'est peut-être de ne pas comprendre. On dit parfois que, quand on vieillit, la souffrance s'amoindrit, est plus aisée à porter. C'est faux. Je citerai l'exemple du déracinement. La première fois que je suis parti pour la Corse, à Ajaccio, en 1995, j'ai été malheureux comme la pierre de me retrouver loin des miens. En 1999, quand j'arrivai à Luri, surtout après avoir amené mon père à l'aéroport, ce fut une déchirure encore plus grande parce que je savais déjà combien ça faisait mal. Pour l'amour, c'est pareil. Je me souviens avec angoisse des nuits à pleurer en anonnant le nom d'Isabelle, en espérant vainement qu'elle reviendrait. Je m'étais juré de ne jamais revivre ça. Une des raisons qui me poussait à ne pas aller vers l'amour était la peur de la séparation qui pourrait en suivre...
Mais vingt ans ont passé. Les larmes du jeune homme sont aujourd'hui celles d'un quasi-quarantenaire. Je sais, à quarante ans aussi, on refait sa vie. Là n'est pas la question. La douleur est là. Pourquoi ? Pourquoi ? L'amour ne peut s'arrêter sur un simple claquement de doigts. Mon médecin (mais pas seulement lui) m'a conseillé d'exprimer ma colère, ma rancoeur, mon incompréhension, en écrivant à Stéphanie, en lui téléphonant, ou mieux de vive voix. Il m'a sous-entendu que ses sentiments étaient embrouillés, notamment par ses propres démons, qu'elle avait certainement quelqu'un d'autre dans le coeur (ou en tout cas dans la tête), qu'elle avait projeté ses peurs sur moi... Je n'ai pas encore commencé les "séances chez le psy" mais l'analyse clinique des sentiments m'effraie un peu même si elle est peut-être salvatrice. En tout cas, ce médecin possède un sens aigu de l'analyse des sentiments humains. En même temps, comme mes amis, sa vision est forcément partiale car il ne connaît que "ma" vérité. Remarquez, je ne demandais pas mieux qu'à faire partager la vérité de Stéphanie et c'est pour celà que je voulais vous la présenter et non vivre une liaison cachée...
Colère ? Rancoeur ? Incompréhension ? Certes. Mais, au fond de moi, mon coeur brûle d'amour pour elle. C'est ainsi. Ce n'était pas, je n'ose l'imaginer, qu'une simple passade, une aventure, une liaison... Non. Ce fut la rencontre de deux êtres, de deux âmes. J'aime Stéphanie parce qu'elle a une belle âme. Et l'amour à la fin triomphe. Du moins c'est ce que j'imaginais jusqu'à maintenant. Un proverbe dit (Stéphanie était friante de proverbes, son préféré étant "A vaincre sans péril on triomphe sans gloire") : "Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir". Je dis souvent que rien n'est vraiment grave tant qu'il n'y a pas mort d'homme. Nous savons toutes et tous les limites de la vie et avons toutes et tous souffert du départ de proches ou moins proches, y compris parfois très récemment. Je ne veux pas écrire que j'y crois encore. Non. Simplement, je n'arrive pas à ne pas y croire. Un amour aussi fort ne peut s'éteindre ainsi. Elle qui me disait que j'étais l'homme dont elle avait toujours rêvé... Ce ne sont pas des propos anodins... Elle savait qui j'étais, y compris mes excès : elle était une lectrice assidue de mon blog, me rappelant des articles dont je ne me souvenais plus.
Je ne sais vraiment plus où j'en suis. Ce mois d'août qui commence semble un long tunnel peuplé de cauchemars, "de larmes et de grincements de dents"... Je ne souhaite ceci à personne, pas même à mon pire ennemi, d'ailleurs je ne crois pas avoir d'ennemi.
Au contraire, je vous souhaite un bel été. Rassurez-vous, je ne vais pas vous écrire tous les jours comme ça. En tout cas, portez-vous bien. Prenez soin de vous.

Aucun commentaire: