lundi 13 août 2007

L'été de l'éveil...

Quand j'étais adolescent, mon morceau de musique préféré fut longtemps le fameux 2ème Concerto pour piano et orchestre de Rachmaninov... Cette oeuvre en trois mouvements avait été dédiée par son auteur au docteur qui l'avait guéri de son alcoolisme. Quand j'écoutais ces trois mouvements aux tonalités tellement opposées : premier mouvement plutôt enlevé, deuxième très sombre et troisième plein de superbes envolées... quand j'écoutais ces trois mouvements, j'y voyais souvent les trois temps d'une vie, d'une histoire... le rêve, le cauchemar, l'éveil..
En 1990, quand je réalisai un petit recueil de poèmes sur le thème du Ciel parfumé au coeur de l'Eternel Eté (voir mes textes précédents, notamment ceux où je racontais ma rencontre avec Stéphanie), j'organisai mes textes en trois parties. Une première pleine de rêverie, d'espoir. Une deuxième particulièrement sombre, l'errance. Et, enfin, le temps de l'éveil, de la prise de conscience...
Et me voilà aujourd'hui... Le fameux Eternel Eté qui n'aura jamais aussi bien porté son nom puisqu'il n'en finit pas... Trois semaines d'amour fou, de bonheur, de fous rires, de tendresse, de complicité... Une histoire démarrée en trombe, sur les chapeaux de roue, j'ai tout de suite voulu y croire, et surtout croire à tout ce qu'elle me disait... ne voyant pas plus loin que notre amour du moment. Puis nous avons joué au petit couple, on a fait la tournée des amis... C'était bien. Fin du premier acte. La rupture. Boum. Trois semaines d'errance.... La surprise, l'incompréhension, la colère, la dépression. Un temps particulièrement noir. Tourner encore et encore dans ma tête mille et mille questions. Douter. Qu'ai-je fait ? Que n'ai-je pas fait ? Et m'inquiéter pour elle parce que je n'ose l'appeler mais je me demande comment elle vit tout ça de son côté... Et la conclusion qui, progressivement, s'impose d'elle-même... Il n'y avait rien à faire. Elle ne m'aimait pas, elle ne m'aimait plus... Jusqu'à la révélation qu'elle m'avait probablement déjà oublié. Je n'étais qu'un moment de sa vie. Le deuxième acte (souvent le meilleur, le plus intense... là, ce fut particulièrement éprouvant) s'achève dans les larmes et la colère.
Il me reste trois semaines de cet étrange été... Après le temps du rêve et celui du cauchemar vient celui de l'éveil... Je ne crois pas si bien dire, moi qui me lève tôt chaque matin... Et, au bout du compte, si je fais le "bilan" de cette rencontre, l'envie de vivre, d'aller de l'avant, de partir vers de nouvelles aventures... de rencontrer le grand amour ou au moins de vivre de belles histoires. Après tant d'années sans relations amoureuses, j'en avais oublié que l'amour c'était pas seulement tout rose... Il y avait aussi, bien souvent, le temps de la rupture... Bienvenue chez les adultes, Superdoc ! Bon retour dans la "vraie vie" ! J'ai aussi compris, au cours de ces folles six semaines, pour avoir vécu au quotidien avec une personne qui n'avait pas fait le ménage avec son passé (et du coup supposait que j'étais dans le même cas qu'elle), que le passé - qu'il faut savoir assumer - peut être un poison dans une relation. J'ai trente-sept ans (je ne les fais pas... éh ! éh !), j'ai vécu un certain nombre d'événements, comme tout le monde, j'ai des petits soucis, comme tout le monde. Le passé ne doit pas m'empêcher de vivre. Il ne doit empêcher personne de vivre. J'ai vécu tant d'années dans une nostalgie trompeuse et anesthésiante. Je n'ai qu'une envie : aller de l'avant ! vivre ! vivre ! vivre ! Et faire profiter de mon enthousiasme renouvelé ma famille, mes amis, mes collègues, mes élèves et, je l'espère, celle qui voudra partager un bout de route avec moi...
En discutant samedi avec mon ami Pierre de Clermont, entre deux commentaires sur le match Angleterre-France brillamment remporté par les bleus (la Coupe du Monde approche ! ça ne rigole plus !), je lui disais que je sortais d'un chagrin d'amour. Il me répondit que de son côté c'était le calme plat depuis un moment. Puis, avec un sourire que je devinais, il demanda : "abstinence ou souffrance ?" C'est vrai, après tout, que choisir ? Moi, j'ai vécu une abstinence de treize ans. Effectivement, j'étais à l'abri des peines de coeur, mais c'était tellement triste, tellement plat... Là, au final, ces six semaines, ce fut un temps merveilleux et cet été reste pour moi l'été de l'éveil, du retour à la vie. Oui, j'ai souffert, et pas qu'un peu... Et je vais encore longtemps penser à Stéphanie, et c'est bien normal car comment oublier la femme qui a rallumé la flamme ? et qui m'a offert son coeur même pour un temps court ? Mais j'ai vécu ! Je suis capable de m'enthousiasmer, capable de rire aux éclats, capable d'aimer, tout simplement. Je suis un homme. Et je n'ai qu'une envie, c'est de revivre d'autres histoires d'amour... bon, si possible une seule et un peu plus paisible et longue que celle que je viens de vivre, évidemment... En tout cas, vivre des moments de bonheur, de tendresse, de sensualité, partager des enthousiasmes, des curiosités, des interrogations...
J'évoquais le rugby... J'ai écouté ce matin sur France-Info une citation particulièrement à propos : "Le rugby, c'est comme l'amour ; ça commence par une touche et ça finit par un plaquage"... Bien vu ! Très bien vu ! Stéphanie, qui n'aimait pas le rugby, a particulièrement réussi son plaquage... Pour rester dans les comparaisons rugbystiques, notre histoire n'a pas connu de temps mort. La première mi-temps fut particulièrement animée. La deuxième mi-temps n'a pas eu lieu, marquée par le forfait d'une des deux équipes. La troisième mi-temps risque d'être un peu ennuyeuse... Au moins sera-t-elle sobre !...
C'était sous un Ciel parfumé au coeur de l'Eternel Eté. Un été tourbillonnant. Neuf semaines d'une vie (je n'ose écrire de deux vies car Stéphanie a déjà refait la sienne... on est peu de choses). Temps de rêverie. Temps de cauchemar. Temps de l'éveil.
A suivre...
Post scriptum...
Je me permettrai de citer un petit texte cher à mon coeur, extrait de mon film culte, "Furyo" ("Merry Christmas, Mr Lawrence", adaptation du roman "The Seed and the Sower" de Laurens Van Der Post)...
« Ride, ride through the day
Ride through the moonlight
Ride, ride through the night
For far in the distance
Burns the flamme
For someone who
Has waited long »

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