jeudi 12 octobre 2006

Brame du cerf, devoir conjugal et sexe naturel...

Pour la première fois dans mon blog, je vais aborder ouvertement la question de la sexualité… Ah ! quand même ! Il était temps ! Ce blog va enfin causer de choses sérieuses… Non, non, ne vous attendez pas à des blagues salaces ou des révélations croustillantes… Juste quelques réflexions douces amères…

Tout m’est venu suite à la discussion avec une collègue qui m’a dit qu’elle était allée en forêt de Tronçais la semaine dernière pour assister au brame du cerf, ou plutôt pour l’écouter… Elle était très déçue… Elle n’a rien entendu (les cerfs ne sont plus ce qu’ils étaient !!). Je lui ai dit que le cerf était probablement en pleine action et que c’est pour cela qu’il avait cessé de bramer… On a alors commencé à délirer et à imaginer le brame de l’homme, et tout et tout… Puis on s’est demandé si la situation des animaux n’était finalement pas plus enviable que celle des humains… C’est vrai, quoi. Chez les animaux, on a des envies sexuelles (on dit poétiquement «la saison des amours») une fois l’an, pas plus d’un mois en général. Bon, ça varie selon les espèces, les biologistes m’excuseront pour mon ignorance en matière de pratiques sexuelles des insectes, des batraciens ou des grands fauves… En tout cas, la période de reproduction ne dure qu’un temps… Tandis que chez l’humain, c’est toute l’année…

Imaginons un instant que nous soyons des animaux, ce qui va à l’encontre totale de l’expression «baiser comme des bêtes»… Nous aurions une période de déchaînement de libido qu’on pourrait noter à l’avance sur nos agendas et on s’en donnerait à cœur joie. On la ferait coïncider avec nos congés annuels. A la fin de la dite période on dirait à la (ou au) (ou aux) partenaire(s) : merci beaucoup et à l’an prochain. Et, le reste du temps, on pourrait vaquer à nos occupations, seul, en couple, avec nos enfants, en tribu, chacun(e) selon ses affinités…

Au lieu de ça, on a envie toute l’année, et jamais tout le monde pareil… Quand on est seul, on ne pense qu’à ça et la quête d’un(e) partenaire de jeux pour adultes est un parcours semé d’embûches, croyez-en mon expérience… Quand on est en couple, ça n’est pas mieux… Mis à part les premiers temps d’une relation (et encore), les couples fusionnels et/ou particulièrement amoureux, c’est rare qu’il y ait adéquation totale dans le couple… Pour le plus grand bonheur des psychologues, des sexologues et des journaux féminins… Qui ne connaît pas le refrain de la fameuse migraine pour faire comprendre que c’est vraiment pas le moment pour la galipette ?!… D’ailleurs, la relation sexuelle est parfois une telle corvée que le législateur a créé la notion de «devoir conjugal»… Imaginez, vous rentrez peinard chez vous le soir, vous avez quitté l’école depuis bien longtemps et vous avez laissé tout votre boulot au bureau ou à l’usine et voilà que votre partenaire vous balance : «Et, dis donc, t’as pas oublié ton devoir conjugal ?!»… On n’en sortira pas !!!

Pour aller plus loin dans cette réflexion sur le sexe, je suis toujours en pétard contre une expression qui m’exaspère : «Le sexe, c’est naturel»… Mais il n’y a rien de moins naturel… D’abord, à la différence des animaux, comme je l’ai écrit ci-dessus, nous, c’est tout le temps et toute l’année que ça nous travaille… Pas très naturel, ce truc !! Ensuite, bien sûr, il est et il doit être naturel de parler de sexe, de libérer la parole, de combattre les tabous… Notre société occidentale moderne a fait de grands progrès dans ce domaine… Mais, d’un autre côté, nous vivons sous la dictature des psychologues, des médias et autres faiseurs d’opinions qui nous assènent quotidiennement cette vérité première d’un sexe naturel… Le sexe n’a rien de naturel. Le sexe, c’est une relation à deux (ou plus si affinités), c’est un rapport à l’autre, une projection vers l’autre… En termes plus simples, c’est le début des ennuis… C’est très compliqué et pas naturel du tout d’appréhender la relation à deux. Alors, on fait croire à la population qu’il y a une norme, voire des normes, qui est, qui sont, fluctuantes. Longtemps, on a expliqué que l’homosexualité était une déviance… On a fait heureusement quelques progrès dans ce domaine (en tout cas en France). Maintenant, on nous parle de l’échangisme comme la nouvelle aventure du couple moderne et libéré (de quoi ?). On nous recommande vivement l’utilisation des «sex toys». De beaux esprits encensent la prostitution en oubliant qu’il y a des prostitué(e)s qui sont exploité(e)s de façon plus qu’inhumaine, y compris au cœur de nos cités d’Europe… Certains considèrent le fait de multiplier les partenaires comme un atout, d’autres comme un handicap. On parle de gérer son couple… comme on gère un bilan comptable ???

Le sexe n’a rien de naturel, c’est une construction humaine. Il y a plein de gens privés de sexe qui, du coup, se retrouvent marginalisés, se considèrent comme anormaux, les parias de nos sociétés post-modernes (c’est beau comme phrase, non ?). Je ne parle pas ici des célibataires dont je fais partie et qui sont plus ou moins frustrés et qui ont toujours existé (les célibataires ont d’ailleurs toujours été vus d’un mauvais œil par toutes les civilisations et toutes les religions car ne participant pas au grand plan de la reproduction de l’espèce). Non, je parle d’innombrables catégories de la population pour qui le sexe n’a rien de naturel et ne le sera pas (plus) jamais… Les handicapés par exemple. Nombre de personnes âgées qui voudraient bien mais pour qui c’est impossible pour diverses raisons. Les malades. Les prisonniers. Les personnes «en marge» pour raisons sociales, financières, à cause de leur origine, de leur travail… Que sais-je encore ? Et je ne parlerai pas d’un terrain glissant qui est celui des personnes victimes du diktat de telle ou telle religion… Le Catholicisme n’a plus guère d’influence sur nos terres (je parle ici de la France) en ce qui concerne la vie privée… Y compris nombre de Cathos pratiquants laissent le Catéchisme à la porte de leur chambre à coucher… Mais il existe certains bastions du Traditionalisme Chrétien ou Musulman qui expliquent en long et en large sur internet aux jeunes filles comment rester chastes et se protéger de notre société dite permissive… Faîtes un tour chez les intégristes de tout poil et de toutes confessions… Le sexe n’est pas naturel, oh, ça non… On pourrait se faire brûler pour moins que ça, encore en 2006…

Voilà quelques réflexions jetées au hasard à cause du brame d’un cerf fatigué… qui ne brame même plus… Personnellement, j’ai tout entendu sur mon compte… aussi bien de la part d’amis que d’anciennes «partenaires intimes»… surtout que je ne pensais qu’à «ça» et que j’étais «trop» porté sur «la chose»… J’ai également entendu que j’étais un réac coincé, probablement de la part de gens qui ne me connaissent pas vraiment… Récemment, on a été surpris que je n’ai pas eu plus d’expériences dans le domaine du sport nocturne et que je devrais courir les professionnelles, ou au moins les clubs de viande fraîche, pour retrouver la fraîcheur qui me ferait défaut…

D’où ma conclusion pirouette (cacahuète !)… Et comment on fait si on veut avoir des relations intimes avec quelqu’un qu’on aime ? Parce qu’on n’arrive pas à imaginer le sexe sans amour… Peut-être suis-je un «judéo-chrétien» (autre connerie à la mode...) lobotomisé par le mouvement romantique et les films à l’eau de rose qui se finissent bien… En tout cas, c’est comme ça. On parle sexe, on parle sexe, mais l’amour dans tout ça ? Et l’amour, y a rien de moins naturel… Cette étrange alchimie qui fait qu’on a rencontré la personne et que, encore aujourd’hui, des gens se mettent ensemble, pour un mois, pour un an, pour la vie, dans la même maison, ou chacun chez soi… L’amour ? Le sexe ? Ah, décidément, j’envie les cerfs !!!

Bonjour chez vous.

Post-scriptum : Et si finalement le «propre» de l’homme (au sens de l’être humain), ce n’était pas justement d’avoir tout le temps envie ?... Alors… cadeau de Dieu ou malédiction que cette obsession de la sexualité ? Ou simple cafouillage génétique ?

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