vendredi 24 novembre 2006

Adieu Noiret...

Hier soir, en revenant du badminton, à la radio, j'apprends la nouvelle : Philippe Noiret est mort. Et tout de suite mille souvenirs affluent...
Noiret fait partie de ces acteurs et réalisateurs qui m'auront fait rire et pleurer, qui m'ont ému, qui m'ont fasciné et dont la mort me bouleverse... Avant lui, il y eut Yves Montand, Federico Fellini, Marcello Mastroianni, pour ne citer que ceux-là.
Je ne vais pas faire de grands discours sur l'homme bonhomme à la démarche paisible, à la voix de velours et au cigare légendaire... Je vais plutôt m'arrêter sur trois de ses films qui m'ont particulièrement marqué et qui sont parmi les films que j'aime le plus au monde (et que j'ai vus des dizaines de fois chacun).
"Le Vieux Fusil". Une révélation. Un choc. Une histoire simple... Noiret, médecin de province (à Montauban), a une fille adolescente. Sa femme est partie, on ne sait pourquoi. Il rencontre Romy Schneider, une demi-mondaine, et après une nuit, lui propose de l'épouser parce que la guerre va éclater (on est en 1939). Elle se moque de lui puis accepte et ils vont apprendre à s'aimer jusqu'à former un couple inséparable. 1944, la division SS Das Reich (celle-là même qui détruira Oradour), en remontant vers la Normandie, s'arrête dans le village où Romy Schneider et sa belle-fille se sont réfugiées... Elles seront violées et brûlées vives. Noiret, parti pour les rejoindre, découvre le massacre, le village entièrement détruit. Avec le vieux fusil de chasse de son grand-père, il entreprend une vengeance méthodique. Une musique superbe, des images de tendresse et de guerre. Un chef-d'oeuvre dont s'honore le cinéma français. Noiret obtenut son premier césar pour ce film.
"L'Horloger de Saint-Paul". Premier film réalisé par Bertrand Tavernier. Evidemment, l'action se passe à Lyon, dans le Quartier Saint-Paul, dans les Années 1970. Noiret, petit horloger, vit seul avec son fils. Sa femme est partie depuis bien longtemps. Lui et son fils ne se parlent plus. Un jour, on apprend à Noiret que son fils a brûlé une voiture (1968 n'est pas loin) et qu'il est en fuite avec sa petite amie. Ils ont tué un vigile. Noiret mène son enquête, parallèle à celle du policier Jean Rochefort (son compère au théâtre avec Marielle), et découvre que le vigile abusait de la petite amie de son fils. Progressivement, il va se rapprocher de son fils et comprendre la colère des jeunes face à la société bloquée du giscardisme triomphant...
"Coup de Torchon". Autre film de Tavernier. L'action se passe en 1938, en Afrique Equatoriale Française. Noiret est flic, un flic respecté de personne. Sa femme le trompe ouvertement avec son beau-frère (qui n'est probablement pas son beau-frère... joué par Eddy Mitchell, génial, comme dans "Le Bonheur est dans le Pré" !) et lui se tape Isabelle Huppert. Tout le monde le méprise. Un jour, Noiret va réagir et devenir justicier. Massacre en vue... Ton très série noire, le film est d'ailleurs inspiré d'un roman de la fameuse série noire. Cynisme, indolence coloniale, musique de Philippe Sarde, humour décalé...
Trois films que j'aime énormément et que je n'ai pas revus depuis longtemps (je ne les ai hélas pas en DVD... snif !).
Pour conclure, je garderai l'image de l'apparition de Noiret à la fin de "Grosse Fatigue" de Michel Blanc (un autre de mes films fétiches !), quand il explique à Michel Blanc, justement, que les sosies ont pris le pouvoir au cinéma avant de s'engager avec lui sur le tournage d'un nouveau film de Polanski, car le cinéma continue... The show must go on...
En épilogue à ce texte, en écho à mon texte sur la foi, je remercie ici Fred alias Doctor Freyd et Stéphane alias Agedecristal pour leurs mails touchants et même bouleversants de foi... en l'être humain... Le sujet n'est pas clos. J'ai prié hier soir pour ma mère ce Dieu que je ne comprendrai décidément jamais. Mais, après tout, desfois, on ne comprend rien... Prenons les sentiments... Oups ! Le sujet n'est décidément pas clos...
So long, Mister Noiret !

3 commentaires:

les docs du LEM a dit…

Dans les films avec Noiret... Il y a évidemment également "Cinema Paradiso" et "Il Postino"... deux films au parfum d'Italie que j'ai tant aimés... avec leur petite musique charmante...

Kawasakid a dit…

Comme c'est curieux... Quand j'ai appris la nouvelle, j'ai aussi pensé immédiatement à son rôle dans "Le Vieux Fusil" qui lui avait valu un César... Je garde aussi une vision de lui plus jeune au côté de Jean Marais dans le "Capitaine Fracasse" ou il incarnait Matamore ; ou encore lorsqu'il donnait la réplique à Peter O'Toole dans "La Guerre de Murphy"...
Sa voix de basse et sa distinction naturelle vont manquer au cinéma, et à moi aussi... :o(

Anonyme a dit…

Etrangement, j'ai également pensé moi aussi au "Vieux Fusil" et à "Cinéma Paradiso", 2 films que je trouve magnifiques... Il me reste un drôle de goût amer dans la bouche quand je pense aux représentations annulées de sa pièce "Love Letters" avec Anouk Aimée et que je devais aller voir il y a un peu plus d'un mois...