lundi 20 novembre 2006

Pour Albert

Pour Albert

Samedi 18 novembre avaient lieu les obsèques d’Albert. Le texte qui suit lui est dédié.

Albert était le père de Jérôme, un de mes amis d’enfance… L’occasion pour moi d’évoquer en quelques lignes mes (très) jeunes années… Nous étions toute une bande de l’école Achille Roche à Moulins… Il y avait Jérôme, donc, Fred K. (plus connu sous le nom de Fred Thé… je m’expliquerai plus loin), Jean-Luc, Fred T., Thierry C., Emmanuel, et d’autres…

Jérôme et moi fûmes très tôt copains. C’est lui qui m’a largement communiqué sa passion du cinéma et notamment des westerns (Geronimo !). A l’arrivée au collège, nous n’avons plus été dans les mêmes classes mais nous ne nous sommes pas perdus de vue… Devenus jeunes adultes, nous partagions la passion de la pop anglaise. C’est Jérôme (avec Jean-Luc) qui m’a fait connaître le groupe Madness qui devait durablement changer ma vie (j’écoute d’ailleurs Madness alors que je rédige cette chronique), ainsi que le mouvement ska en général et Jona Lewie («Stop the Cavalry !»). C’est lui qui m’a inspiré, d’une certaine façon, l’idée de la Néo-Décadence et lui qui est à l’origine de la fameuse phrase : «Je ferai couler ton sang dans les méandres du Canigou !». Ensuite, nous nous sommes perdus de vue… C’est par Fred Thé que j’ai retrouvé Jérôme au début des Années 2000…

Jean-Luc, autre des mes copains d’enfance. Nous avons été en classe ensemble du C.P. jusqu’à la Terminale. Il m’a fait connaître Frankie Goes To Hollywood puis Depeche Mode. Arrivés à la fac, on s’est perdus de vue. On s’est recroisés au mariage de Jérôme voilà deux ans.

Fred T. était aussi dans cette classe du primaire. Lui aussi fut avec moi du C.P. à la Terminale. Mais nous avons vraiment appris à nous connaître aux scouts où nous sommes même devenus frères de sang… et ça ne s’oublie pas… Il vit maintenant à Limoges et, lors de son voyage de noces avec sa femme Isabelle, ils m’ont rendu visite en Corse, à Luri, voilà six ans maintenant.

Thierry C. était également un copain d’école et des scouts… On s’est croisés souvent par la suite. Il vit à Moulins. Faut vraiment qu’on s’appelle et qu’on prenne un verre !

Emmanuel, copain d’école et des scouts, mon premier « meilleur ami » quand j’étais petit… Il fut, par la suite, le moniteur de ma sœur (salute Surella !). On s’est croisés au mariage de Jérôme.

Fred K., mon meilleur ami. On était ensemble à l’école primaire mais on ne se connaissait pas vraiment. On est devenus amis en 1984, partageant la passion commune du cinéma, allant voir ensemble le film «Indiana Jones et le Temple maudit»… La suite, c’est de l’Histoire… passion du groupe Frankie Goes To Hollywood, journaux «A.C.V.» (pour Actualité Ciné Vidéo) et «S.L.W.» (pour Spielberg Lucas Williams… ma trinité à moi…), vacances, fêtes, brouilles, réconciliations, etc… etc… Pourquoi Thé ? C’est la faute à Gérard, mon prof de grec (que je salue bien ici puisqu’il est un lecteur assidu de mon blog et m’encourage régulièrement à continuer à écrire)… Un jour, Gérard m’avait expliqué que, chez les Grecs, lorsque deux amis se séparaient, ils brisaient un anneau et en emportaient chacun la moitié. Comme ça, le jour où ils se retrouvaient, ils reconstituaient l’anneau… Fred et moi n’avions pas d’anneau sous la main… mais une boîte de thé de Chine noir fumé (j’adore !) de la Compagnie Coloniale… Il a gardé la boîte et moi le couvercle ou le contraire… D’ailleurs, on a jamais retrouvé la boîte mais on a gardé le nom… Thé forever !!

Fred Thé m’a appelé jeudi soir pour m’apprendre le décès du papa de Jérôme. Fred et Jérôme étaient allés ensemble à Madagascar à l’orée des Années 2000. Samedi, nous nous sommes retrouvés au Sacré-Cœur de Moulins pour la messe des obsèques d’Albert.

Je connaissais peu le père de Jérôme, je connais plus sa mère. Mais je l’avais croisé à maintes reprises. C’était quelqu’un de très cultivé, curieux de tout, grand voyageur, mélange de rigueur et de fantaisie, avec un humour bien à lui… A mon retour de Corse, en 2004, j’avais pris l’habitude d’aller à la messe au Sacré-Cœur (sur les conseils de ma mère), où officiait le Père Sarrassat aux sermons corrosifs, anticonformistes et admirablement écrits. Souvent j’y croisais les parents de Jérôme, Albert assistant régulièrement le prêtre lors de la communion. En septembre 2005, lors du départ en retraite du Père Sarrassat (retraite d’office… mais c’est une autre histoire… l’Eglise n’aime pas les anticonformistes… dommage…), c’est Albert qui avait lu le texte qui lui rendait hommage.

Pour les obsèques d’Albert, c’est le Père Sarrassat qui officia. Les textes avaient été choisis par Albert lui-même (notamment un extrait de l’Evangile de Luc : la guérison des dix lépreux et un seul qui vient rendre grâce à Jésus, un Samaritain…). Lors de son sermon, le Père Sarrassat nous apprit qu’Albert était mort le 15 novembre, le jour de sa fête… étrange coïncidence… Et, surtout, il nous fit part d’une découverte : un cahier où Albert consignait depuis des années des extraits de la Bible et d’auteurs spirituels, versets de psaumes, réflexions tirées d’homélies, etc… C’était particulièrement émouvant, notamment quand il nous lut des extraits du cahier écrits voilà à peine deux mois alors qu’Albert était gravement malade… Un message de paix et de sérénité, de foi et de confiance.

Pour conclure ce petit texte, je voudrais dédier à Albert le psaume qui me tient le plus à cœur : « Le Seigneur est mon Berger »… Croyants, agnostiques, athées, nous ne pouvons qu’être touchés par la beauté de ce psaume qui respire, justement, la paix et la sérénité…

Le Seigneur est mon berger :
Je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
Il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
Et me fait revivre ;
Il me conduit par le juste chemin
Pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
Je ne crains aucun mal,
Car tu es avec moi :
Ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
Devant mes ennemis ;
Tu répands le parfum sur ma tête,
Ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
Tous les jours de ma vie ;
J’habiterai la maison du Seigneur
Pour la durée de mes jours.

1 commentaire:

Kawasakid a dit…

En dehors du magnifique hommage que tu lui rends, ce que tu écris me ramène invariablement à ce qui avait été mon sujet de philo du bac, et auquel je ne manque jamais de penser régulièrement : "Le besoin de conviction est-il une preuve de faiblesse ? ".
Déjà à l'époque, je n'avais pas tranché... mais c'était pour les besoins de la cause : thèse/antithèse/synthèse. A te lire aujourd'hui je comprends mieux ceux qui ont la foi, et ce en quoi elle est sans doute une force... C'est à la foi troublant et inexplicablement rassurant pour moi qui ne l'ai pas !

Mais au-delà de toute question philosophique, la mort d'un père est une épreuve...