Suite à mon texte sur le décès d'Albert, le père de Jérôme, j'ai reçu ce gentil commentaire de Fred alias Docteur Freyd qui m'a interrogé sur la foi... Son commentaire, suivi de ma réflexion...
"En dehors du magnifique hommage que tu lui rends, ce que tu écris me ramène invariablement à ce qui avait été mon sujet de philo du bac, et auquel je ne manque jamais de penser régulièrement : "Le besoin de conviction est-il une preuve de faiblesse ? ". Déjà à l'époque, je n'avais pas tranché... mais c'était pour les besoins de la cause : thèse/antithèse/synthèse. A te lire aujourd'hui je comprends mieux ceux qui ont la foi, et ce en quoi elle est sans doute une force... C'est à la foi troublant et inexplicablement rassurant pour moi qui ne l'ai pas ! Mais au-delà de toute question philosophique, la mort d'un père est une épreuve... "
Ma réflexion...
Avoir la foi... Marrant que t'écrives ça... Moi, je n'ai pas la foi... Je ne sais pas si je l'ai jamais eue. Au début du XXI° siècle, j'ai recommencé à fréquenter les églises par interrogation, pour essayer de rallumer la flamme... Je n'ai jamais eu de sympathie particulière pour l'Eglise catholique mais comme j'étais baptisé et que je ne suis né ni bouddhiste ni juif ni autre, et que j'avais fait mien l'adage du Dalaï-Lama : quelle que soit votre religion, pratiquez la... Je suis donc retourné vers ma famille... Mais je n'ai jamais été très famille... Bref, je me suis souvent senti mal à l'aise pendant la messe mais plus encore quand j'entendais les propos du Pape à la T.V., censé être mon "directeur de conscience"... Oups ! Et la Bible, que j'ai pris l'habitude de parcourir, n'a cessé de m'interroger, surtout l'Ancien Testament avec ses contradictions aberrantes et, dans le Nouveau Testament, les textes de Paul, alambiqués, et y compris au sein des Evangiles certains passages bien violents pour un message de Paix et d'Amour. Mais l'Amour est parfois violent... Le mot Passion désigna d'abord la mort de Jésus de Nazareth.
Bref, des années que je m'interroge et j'ai mille fois moins la foi que la plupart des gens qui ne fréquentent aucun lieu de culte... J'allais à l'église par habitude, comme au repas dominical... J'écris "j'allais" car je crois avoir perdu la dernière étincelle qui me restait... J'ai beau retourner et retourner la question... qui est celle de Camus dans "La Peste"... la souffrance, particulièrement celle des enfants, me tourmente constamment. Hier, au groupe biblique animé par mon père (probablement la dernière fois que je m'y rendais), a été analysé le fameux livre de Job, le pari étrange et pour moi cynique entre Dieu et Satan : Satan explique à Dieu que si Job est un bon croyant c'est qu'il vit dans le bonheur et sans souci... Dieu laisse alors Satan agir... Misère, ruine, enfants qui meurent, maladie. Tout au long du livre, Job va interroger le Seigneur et finira par retrouver ses biens et la joie car c'est un bon croyant... Mais ses enfants, eux, restent morts... Et ce qui m'a choqué, c'est que les exégètes qui étudient ce texte depuis des siècles et l'honorent particulièrement (un symbole du dolorisme : la souffrance permettrait d'approcher Dieu, selon certains théologiens...) ne semblent jamais choqués qu'à la fin de l'histoire les enfants, eux, restent morts. Job retrouve le bonheur mais ses enfants sont morts. Il m'a fallu ce texte pour finir de réaliser que j'en avais assez de ces textes aux sens multiples qu'on torturait pour leur faire dire ce qu'on voulait dire...
Attention. Je continuerai à lire la Bible, notamment les Evangiles. Mais je sens que j'ai perdu la foi dans une certaine idée de la religion... J'espère pas de l'homme... Car l'athéisme est pour moi une négation de l'Humanité car, dans ma foi, il est dit que Dieu est dans tous les hommes. Si nous ne sommes que des particules assemblées par hasard, faut pas s'attendre à un quelconque humanisme... Et c'est ce qui me fait peur... J'ai peur de devenir chaque jour un peu plus cynique et insensible. Quand mon père m'a annoncé hier que ma mère allait être opérée bientôt (l'opération qui a été reportée en juin dernier) et que l'anesthésie risquait probablement de détruire ses derniers neurones, j'ai à peine réagi.
Voilà. Les gens qui ont la foi me fascinent. Je n'en fais hélas pas partie. Je n'ai pas la foi. Je n'ai pas de convictions. Je ne serai jamais ni croyant ni athée car je ne suis sûr de rien. Je ne pourrai pas non plus faire de la politique ou m'engager pour une quelconque cause. Les gens comme moi ne sont même pas à plaindre... Le vent me balaiera tôt ou tard...
Rien à voir... Le dernier James Bond, "Casino Royale", est un grand cru... Sadisme, violence, suspense, charme, action, exotisme... Bond est de retour, l'agent secret cynique qui me faisait rêver étant enfant (moi je voulais pas être pompier comme les gosses d'aujourdh'ui, je voulais être agent secret ou officier de cavalerie), ici un Bond encore débutant puisqu'il vient juste de dégoter son permis de tuer... Et les décors sont fabuleux... notamment en Italie... un certain décor est celui là-même de "L'Attaque des Clones" quand Anakin et la Princesse se marient...
Oui, finalement, j'ai la foi... dans les enthousiasmes de mon Enfance...
Portez-vous bien. C'était probablement mon dernier message sur ce blog avant un petit moment... Foi d'agnostique !
1 commentaire:
Commentaire de Doctor Freyd :
"Le commentaire que j'ai fait sur ton blog s'applique en fait plus au père de
Jérome et à ses derniers écrits, tel que tu l'écris dans un des derniers
paragraphes de ton article, qu'à toi ou moi.
En ce qui me concerne, toutes les questions inhérentes à la foi me ramènent
curieusement à ce sujet de philo du bac... Va comprendre pourquoi ?!
Je dois trouver la dedans les échos de la question fondamentale qui hante plus
ou moins chacun de nous : que fait-on ici bas ?
A y regarder de plus près, je me demande si ce ne sont pas les motifs de la foi,
le besoin éperdu de croire qui est à l'origine même de cette vaste question...
Toi, en revanche, je te savais en proie au doute, mais pas en proie au
cynisme... Le second n'est d'ailleurs pas nécessairement la conséquence logique
du premier.
N'ayant au demeurant jamais lu (dans son intégralité) ni la Bible ni même les
évangiles, je n'ai pas d'autre commentaire à faire, si ce n'est ce que l'on
sait de ce conglomérat de texte : qu'il a longtemps été trituré, qu'il a
souffert de multiples traductions et probablement de quelques ajouts... Pour le
coup, ce ne sont pas là des textes auxquels j'accorderais foi (lol)
Mais il est vrai que ceux qui on la foi, ou de profondes convictions, sont tout
à fait fascinant... Est-ce un besoin, une faiblesse ou la manière d'y remédier.
L'engagement est en soi admirable mais cela de fait pas des autres des personnes
insensibles ou sans coeur... Il ne m'apparait pas nécessaire d'être jusqu'au
boutiste ou même moins pour avoir une vie, une attitude digne et exemplaire...
Mais cela n'engage que moi..."
Commentaire de Stéphane alias Agedecristal...
"Salut,
juse pour apporter une pierre à l'édifice et "dieu seul sait combien il en
a", des Pierres.
Je me targue de croire encore en l'homme et à ce que l'on dit être
l'humanité. Comme tu le sais mon travail m'amène a rencontrer chaque jour
des hommes et des femmes qui ne possèdent plus grand chose à part leur
étincelle de vie. Etincelle qui résiste malgré tout.
Et bien je vois ces personnes offrir encore le peu qu'ils ont à ceux qui
viennent les voir pour les "aider".
je m'explique.
2 exemples :
- un présentateur de M6 est venu plusieurs fois en tant que bénévole
anonyme, pour essayer de se retrouver et se confronter à sa propre réalité,
mais aussi simplement, pour apporter son aide et un reconfort. Voir cette
perszonne pousser une voiture au beau milieu de clichy sous la pluie
battante à 2h30 du matin est un spectacle qui aurait dû être filmé.
- ce même soir, une personne lui a offert la seule chose qui lui
appartenait, juste pour le fait de s'être senti vivant et important durant
dix minutes.
Ces deux exemples pourraient être considéré comme des actes isolés et
surtout individualiste par le fait de leur propre recherche identitaire.
Je vois plus ses actes répétés par des dizaines de bénévoles comme une part
d'humanité et un refus de notre système.
Cette idée d'humanité ne peut se développer que par l'éducation, par la
mixité des sexes et des races, je n'aime pas ce terme, et dès le plus jeune
âge. C'est ce que j'essaie de faire avec mes enfants.
L'homme est fait d'ombre et de lumière et il ne faut jamais aller du côté
obscur.
Bon je vais arréter je vais finir par m'embrouiller. Pour ta maman, c'est
justement ton coeur qui permet de voir plus clair, et pense toujours au 5
phases du deuil : colère, marchandage, négation, résignation et acceptation.
Allez jz suis en vacance début décembre, donc on ira embéter notre barman
préféré par nos verbiages.
steph ou le vengeur masqué"
Enregistrer un commentaire