mardi 23 mai 2006

Encore quelques mots à propos de Marie de Magdala...

Oui, encore quelques mots à propos de cette Marie-Madeleine qui interroge tant en ce moment, suite à la sortie du "Da Vinci Code". C'est marrant, d'ailleurs, que l'on se pose plus de questions sur elle que sur Marie, la mère de Jésus, alors que les Evangiles "officiels" lui accordent peut-être plus de place qu'à la mère du Nazaréen... En fait, l'idée de ces quelques lignes m'est venue d'un message d'une amie, qui s'est plongée dans la lecture de livres, revues, sites, et finit par ne plus s'y retrouver. Elle n'est pas, je crois (c'est le cas de le dire), ni spécialement croyante, ni athée, ni religieuse, ni fana de l'étrange, simplement curieuse... Et elle a l'impression de se noyer dans tout ce qu'on lit en ce moment...
Voilà ma réponse à son message... Pour Marie-Madeleine et les autres persos de l'Evangile (ou plutôt des Evangiles, "officiels" et apocryphes), je lui donnerai le conseil que m'avait donné un copain (salut Mister Lawrence !!) : il y a beaucoup mieux que tous les bouquins de journalistes avec leurs théories fumeuses, il y a les textes originaux. Faut commencer par là... Les Quatre Evangiles sont disponibles partout. Les principaux apocryphes sont également disponibles en librairies religieuses (ce qui contredit complètement les propos de Brown sur l'Evangile de Philippe qui serait caché : je l'ai acheté dans une librairie catholique...), notamment Philippe, Marie et surtout Thomas. A travers ces ouvrages on voit apparaître certains personnages... Ensuite, il y a deux ou trois excellents dictionnaires de la Bible (dont celui chez Bouquins) qui permettent de retrouver tous les passages citant tel ou tel personnage. Marie de Magdala apparaît dans les quatre Evangiles, notamment chez Jean où elle est la première à voir Jésus après la Résurrection. D'autres femmes apparaissent, parfois confondues avec Marie-Madeleine, comme la pécheresse chez Luc, ou Marie de Béthanie, la soeur de Marthe, ainsi que la femme adultère chez Jean. Certains ont prétendu, de longue date, que toutes ces femmes seraient la même personne, sans s'appuyer sur des éléments tangibles. L'Evangile selon Marie aurait été écrit par des disciples de Marie de Magdala et on y voit une scène où elle se dispute avec Pierre. Dans l'Evangile selon Philippe, il est dit que Jésus avait l'habitude d'embrasser Marie "plus que les autres disciples", ce qui ne veut pas dire qu'il n'embrassait qu'elle ni que c'était des baisers érotiques... Actuellement, je suis en train de lire "Les Femmes de l'Evangile", livre de France Quéré, très grande théologienne protestante (qui traduisit d'ailleurs les apocyphes) hélas décédée. Elle étudie longument dans cet ouvrage toutes les figures féminines qui apparaissent dans les quatre Evangiles. Sinon, un conseil quand on fait des recherches : se méfier des nombreux livres (et revues) d'auteurs pseudo-historiens (comme ceux de "L'Enigme sacrée" qu'a pompé Dan Brown) ou les nombreux sites internet fantaisistes (style Rennes-Le-Château, les complots, tout est dans tout, on nous ment mais moi je détiens la vérité). Dans "La Montagne" du dimanche 21 mai, il y a une excellente chronique de François Taillandier qui évoque le personnage de Marie de Magdala. (Je ne peux, pour des raisons de droits d'auteur, vous la reproduire en copié-collé mais voici un lien internet pour la lire : http://atropcourberlechine.hautetfort.com/archive/2006/05/21/le-messie-et-la-madelon.html ). Et qui pose la vraie question : qu'est-ce qu'on s'en fout qu'il y ait eu une liaison entre Marie et Jésus ? Soit on est croyant et ça ne change rien ; soit on n'est pas croyant et on s'en fout, sauf si on est un lecteur de "Voici"... C'est comme de savoir si le président a des maîtresses ou des fils cachés (voire des vices cachés...). Il est quand même fascinant de voir les gens se passionner pour un sujet digne des romans de gares ou des magazines people. En plus, c'est une vision très occidentale du monde : pour un musulman, à la rigueur, le sujet a vaguement de l'intérêt (Jésus est le personnage le plus cité du Coran)... Pour un Bouddhiste, un Hindouiste, un Shintoiste, et pour les athées du monde entier, qu'est-ce que ça peut bien faire que Jésus ait aimé ou non une femme de façon charnelle ? Alors, en faire, comme le dit Dan Brown, un fondement de notre civilisation... C'est d'une prétention et d'un égocentrisme...
Remettons le "Da Vinci Code" à sa place : un roman à énigmes bien agencé, malgré un style faiblard (très pompé sur le style Mary Higgins Clark : des chapîtres courts avec rebondissement systématique à la dernière ligne) et une fin assez mauvaise ; un film qui est plus une illustration qu'une adaptation... Le reste, comme dirait Shakespeare (qui, lui, était un grand écrivain... et là aussi on peut la jouer mystérieux : le grand Will a-t-il écrit lui-même ses pièces ? étaient-ils plusieurs ? on s'en fout !!! elles sont bien à lire et à jouer et à regarder et c'est tout ce qui compte, non ?) : c'est beaucoup de bruit pour rien.

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