Il est parfois dur de trouver les mots, et aussi les photos... En l'occurence... Pourquoi la photo ci-dessus (prise par Johan à la Toussaint 2004) ? C'est le Grand Jus, un très beau bar de Moulins qui date de la fin du XIX°. D'abord, je voulais une photo et pas un simple texte. Ensuite, je n'ai pas mille et mille photos à ma disposition... surtout en rapport avec ce que je désirais écrire. En fait, je ne voulais même pas écrire de texte et c'est de lire celui de Poitrenette (voir sur son blog : http://poitrenette.skyblog.com/ ) qui m'a encouragé à écrire quelques lignes.
Voilà. Un de mes collègues, Michel, prof de technologie, est décédé subitement, la semaine dernière, à 54 ans. La mort est toujours quelque chose d'abominable, la mort brutale d'une personne est un choc encore plus terrible. Dans de telles circonstances, j'ai juste envie de me taire, peut-être de pleurer si j'y arrive encore, de rester là en attendant... Vendredi, au collège, l'atmosphère était terriblement lourde et chargée d'émotion, notamment quand, à huit heures, le principal a annoncé dans la cour le décès de Michel. Larmes des élèves, silence des adultes qui se retiennent et moi, quand je prends finalement la classe de sixième dont j'ai la responsabilité à cette heure ci, qui ne peux retenir quelques sanglots puis qui me reprends et bafouille pendant une bonne dizaine de minutes avant de parler normalement. Une journée terrible. Un collège doit être un lieu de vie ; vendredi, c'était un lieu de douleur. J'avais hélas déjà connu ça à Luri voilà deux ans pour le décès d'un ancien élève, tué à dix-sept ans dans un accident de moto, et quelques mois après, le décès du petit frère d'un élève, écrasé en traversant la route à la rencontre de son frère. Le silence pesant des adultes, les larmes étouffées des enfants et on a envie de crier et de leur dire de rire, de courir, de vivre, mais on ne peut pas, on peut juste se taire et attendre que la vie reprenne son cours.
Alors pourquoi cette photo du Grand Jus ? Parce que, au mois de septembre 2004, alors que je venais juste d'être nommé au collège de Tronget, j'étais allé un samedi après-midi voir le film "L'Enquête Corse", film moyen au demeurant mais qui m'avait donné ma première bouffée de nostalgie de l'Ile de Beauté... En sortant du cinéma, alors que je trainais dans Moulins, un peu déboussolé (après tout, cela faisait à peine quelques semaines que j'étais rentré de Corse), j'avais été interpellé par Michel et Sylvie (sa compagne, également collègue du collège) qui m'avaient proposé de boire un verre avec eux au Grand Jus. On avait, évidemment, parlé de la Corse... Ils y étaient d'ailleurs allés cet été là. Je leur avais raconté mes impressions d'exilé permanent et on avait plaisanté et trinqué à ma nouvelle vie dans le Bourbonnais... Voilà, cette photo, pour Michel.
Je terminerai ce texte par une anecdote amusante à propos de Michel. Le matin, au collège, nous avons deux sonneries, une à 7h57 et l'autre à 8h. Imperturbablement, Michel arrivait toujours entre les deux sonneries, la ponctualité incarnée, "le métronome du collège" me disait Laurent tout à l'heure. Qu'il neige, qu'il vente, à 7h59, Michel arrivait... D'ailleurs, quand il nous arrivait, en salle des profs, de ne plus savoir si la deuxième sonnerie avait déjà retenti, il y avait toujours un collègue pour dire : "Non, non, Michel est pas encore arrivé. " C'était un grand mystère des sciences : comment pouvait-il être aussi ponctuel ? D'aucuns l'ont soupçonné de se cacher et d'attendre la première sonnerie... On ne le saura jamais. En tout cas, il ne sera plus là pour nous indiquer qu'il était temps d'y aller et que, donc, la journée commençait vraiment.
Il y a mille et mille choses à dire. Personnellement, je ne le connaissais que depuis un an et demi mais je l'appréciais forcément énormément, une personne originale, directe et chaleureuse.
Michel, où que tu sois, on pense à toi.
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