vendredi 16 septembre 2005

Variations autour du métier de documentaliste

Après tout, puisque je suis documentaliste et que, en plus, l'intitulé de ce blog est plus qu'explicite quant à ma profession, je vous livre un petit texte que j'avais écrit il y a un an et demi pour le bulletin de l'Association des documentalistes de Corse, à l'époque où je travaillais au Collège du Cap à Luri. J'ai changé de région mais ce texte correspond toujours à ma sensibilité...

« Il est où, l’prof de CDI ? ! »

Cette phrase, la première fois que je l’ai entendue, j’en ai ri et je me suis moqué gentiment de l’élève qui en était l’auteur. A l’époque, je me disais "documentaliste" et rien d’autre (le genre « So documentalistu e ni so fieru ») (clin d’œil à la fameuse phrase des Autonomistes Corses dans les Années 1970 : « So corsu e ni so fieru »). J’aurais même faite mienne l’ancienne appellation "documentaliste bibliothécaire". J’avoue aussi que je préférais le terme "bibliothèque - centre documentaire " (BCD), utilisé dans les écoles primaires, à celui de "centre de documentation et d’information" (CDI). Peut-être étais-je alors un bibliothécaire refoulé reprochant à nombre de ses collègues d’être des profs contrariés. Faut dire que j’avais pas connu les temps héroïques de la lutte pour la création d’un CAPES et je ne m’étais pas interrogé sur le métier et son éthique. J’ai vieilli (un peu) et réfléchi (beaucoup... quoique !).

Aujourd’hui, j’apprécie le "i" de CDI qui fait de nous des décrypteurs de l’information en une époque où les élèves sont inondés d’infos par la T.V., la radio, internet, la presse, etc... Et je revendique d’être professeur documentaliste, parce que travaillant dans l’Education Nationale, donc au contact permanent des élèves. Alors, professeur ou enseignant (puisque, paraît-il, une nuance existe), peu importe car le terme "prof de CDI" veut dire aussi "le professionnel du CDI", c’est-à-dire celle ou celui qui, par sa formation initiale et continue, dirige le CDI et mène la politique documentaire au sein de l’établissement scolaire. Et ce n’est pas qu’une histoire de mots. Etre professeur ou enseignant, donc pédagogue, n’est pas la même chose qu’être un simple gestionnaire de fonds (accessoirement détaché à la photocopieuse).

A l’heure où la rumeur évoque meme la suppression du CAPES de Documentation, où les contractuels n’ont jamais été si nombreux et où on place dans les CDI des TZR (professeurs remplaçants) en attente de poste, il est bien de rappeler que les mots ont un sens. Merci à tous ces élèves qui, intuitivement, nous appellent par notre vrai nom...

Alors, j’assume et je signe,

J.-François, prof du CDI au collège du Cap à Luri (Corse)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dois-je me cacher honteusement parce que je n'ai pas le CAPES de documentation —qui n'existait pas dans ma jeunesse—, que je suis d'origine certifié d'anglais, que je me suis formé "sur le tas" à la fonction de documentaliste et que je serais incapable de l'exercer correctement —je le sais bien— dans un CDI dont je serais seul responsable? Pour moi, les mots ne sont pas l'essentiel. On peut toujours, dans notre titre officiel, ajouter "professeur" devant "documentaliste" : on sait bien que personne ne le dira parce que c'est trop long. L'important est que nous soyons respectés, que tout le monde —élèves, parents, collègues et supérieurs hiérarchiques— sache que nous sommes égaux en statut et en dignité aux enseignants —sans en être au sens strict du terme— et non des factotum ou des ATOSS.